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Art et science : le casse-bonbon

Publié le 14 mai 2009 par Scienceblog

Je reçois ce jour un courrier issu de la liste Vulgarisation de l’ENS :

“Scenocosme : Cabinet de curiosités contemporaines”
Scenocosme : Grégory Lasserre & Anaïs met den Ancxt
De l’art : évolution : Résidence de création impulsé par ARTEL 91
Scientifique associé : Alain Charcosset, Directeur de recherches à l’INRA (Station de Génétique Végétale du Moulon)


Aux XVIe et XVIIe siècles, les cabinets de curiosités désignaient des lieux dans lesquels on collectionnait et présentait une multitude d’objet rares, inédits ou étranges. On y trouvait alors des animaux empaillés, des insectes séchés, des coquillages, des squelettes, des carapaces, des herbiers, des fossiles ou des œuvres d’art. Ils avaient la particularité d’avoir une démarche scientifique mêlée aux croyances populaires de l’époque.
Reprenant cette idée, le Cabinet de curiosités contemporaines imaginé par Scenocosme questionne l’imaginaire scientifique d’aujourd’hui.
Entre réalité et fiction, il s’agit d’explorer notre relation avec le vivant aujourd’hui, qu’il soit visible ou invisible. Composé d’installations physiques et interactives, mais aussi de photos, de vidéos, de textes et de dessins, ce cabinet de curiosités propose de mettre en scène le carnet d’un voyage exotique effectué dans l’enceinte même de notre environnement de tous les jours. On pourra ainsi y croiser de nouvelles espèces microscopiques engendrées par l’industrialisation et l’urbanisation, des plantes douées de langage, et d’étranges graines de maïs… ”

Suivent deux adresses : http://www.spheraleas.com et http://www.scenocosme.com.

Bon, je vais voir. Sphereales d’abord, une sphère de 2.5m de diamètre, sur laquelle sont projetées des formes diverses brillantes, et des lumières, et mises en relation avec des sons qu’on dirait sortis de l’espaaaaace. Une sorte d’expérience des sens new age que je ne goûte pas et que j’hésite à appeler art. Mais bon, il y en a des qui aiment. Je ne suis pas critique d’art après tout. Je trouve ça très ressassé, avec un son déplorable et synthétique, on se croirait revenu dans l’expérience de métempsychose de 2001 : A space Odyssey. Retrouver l’enfant qui est en soi ? J’aime bien l’adulte que je suis devenu, malgré tout.

Je me méfie donc en allant sur le site de scenocosme. Là, je trouve la page consacrée au fameux “Cabinet de curiosités“. Et … ça ne me dit rien, tout pareil, j’ai pas envie dy aller. Pourquoi ? Peut être parce que l’approche m’énerve au plus haut point.

L’idée initiale du Cabinet de Curiosités “… particularité d’avoir une démarche scientifique mêlée aux croyances populaires de l’époque.” me semble fausse. C’était une démarche vulgarisatrice, mais particulière, dans la mesure où les scientifiques étaient isolés de toute structure, et qu’ils devaient seuls faire savoir leurs travaux, ceux des autres, et permettre un terrain propice à l’acceptation des résultats scientifiques. Le fait que la perception sociale des sciences ait été liée à un imaginaire ne signifie en rien que les cabinets de curiosités mélangeaient démarche scientifique et croyance populaire !! Quand on montrait les effets de l’électricité statique par exmple, on prouvait qu’elle n’était pas forcément dangereuse.

Mais, comme toute vulgarisation artificielle, un très bon mot que je vole à un ami qui me l’a soufflé hier, le fait de vouloir apporter des résultats scientifiques à un public renvoie à des résultats particuliers. Si l’oeuf est un oeuf, ce n’en est plus un dès qu’il est émulsionné dans la mayonnaise. Mais la mayonnaise est tout aussi intéressante que l’oeuf. Vous suivez ma métaphore ? La connaissance scientifique, dès qu’elle est “apportée” au “grand public”, n’est plus une connaissance scientifique, mais une possible application à ma vie, et une réponse possible aux quatre grandes questions que je me pose : Quand vais-je mourir ? D’où viens-je ? Suis-je aussi petit que je le pense ? J’en oublie une mais ce n’est pas grave. Ainsi, si on m’apporte un savoir scientifique, je l’instrumentalise, et tout cela est bien normal.

Et les scientifiques amateurs du XVIIème et XVIIIème siècle ont vécu cela : en proposant des cabinets de curiosités, ils apportaient des nouveaux fantasmes à l’homme.

Lorsque des artistes qui font du bruit avec des casserolles numériques utilisent des savoirs scientifiques, ils retraitent forcément le savoir : il est déjà mis en question. Et c’est cette question qu’on nous propose.

Alors, qu’est-ce que tout cela a à voir avec les Cabinets de curiosités ?



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