Ne protestez plus, filmez !

Vous avez peut-être entendu parler de cette affaire du professeur marseillais qui assistait à un contrôle de police musclé à la gare St Charles. Pour montrer sa désapprobation, il a, par deux fois, crié : "Sarkozy, je te vois !". Une phrase somme toute anodine. Cela a tout de même déplu aux forces de l'ordre qui l'ont amené en garde à vue. Tout d'abord au motif qu'il avait crié et donc nui à la santé de ses voisins (sic !). Comme le parquet trouvait le motif irrecevable, les policiers ont changé leur angle d'attaque et demandé qu'il soit poursuivi pour tapage diurne à caractère injurieux !!!
J'aimerai savoir ce qui dans cette phrase : "Sarkozy, je te vois !" est injurieux. Le nom Sarkozy ? Pour une partie grandissante de la population, c'est en effet devenu un qualificatif peu flatteur, mais officiellement pas encore injurieux. "Je te vois" ? Là, il faudra qu'on m'explique, parce que je ne saisis pas. L'association des deux ? Autant s'il avait ajouté, pauv'con comme certain visiteur du salon de l'agriculture, je trouverai ça admissible, mais là, je reste dubitatif (en un seul mot, ce n'est pas cochon, comme dirait Desproges).
Quoi qu'il en soit, un an après, ce brave monsieur dont le seul tort a été de s'insurger d'un contrôle de police trop musclé, est convoqué au tribunal. Ne croyez pas que ce soit un cas isolé, les forces de l'ordre ont développé une véritable stratégie judiciaire consistant notamment à attaquer pour outrage toute personne protestant un tant soit peu de leurs actes. En conséquence de quoi, le citoyen lambda hésitera avant de faire jouer une solidarité naturelle.
C'est pourquoi, je me disais qu'il existait un autre moyen d'agir : filmer la scène. Imaginons que notre professeur ait saisi son téléphone portable pour filmer le contrôle de police et l'ai balancé sur Youtube ou autre site de partage de vidéo, voire sur un blog. Il n'aurait pas été en garde à vue et cela aurait créé un buzz.
Autant il est facile pour un policier pris en faute de nier et d'accuser son interlocuteur en retour. Autant il est compliqué de nier l'évidence des images. Croyez-vous que le scandale de la prison d'Abou Graïb aurait éclaté sans les photos et les vidéos prises par les soldats américains ? Combien de bavures policières dénoncées par des vidéos amateures aux USA comme ailleurs ?
Avec les portables d'aujourd'hui, presque chacun de nous dispose d'un moyen de filmer ce genre de scènes alors ne vous en priver pas pour que la vérité éclate dans ce genre d'affaires. Je pense aussi aux avions contenant des expulsés dans des conditions pas toujours très humaines. Ne parlez plus, filmez la réalité !
Dominik