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« Bref, l’avenir nous le dira »

Publié le 16 mai 2009 par Lozsoc
Je vois... je vois... rien...

Je vois... je vois... rien...

L’INSEE a publié vendredi les chiffres de la croissance au premier trimestre 2009. Des chiffres exécrables qui ne font que confirmer ce que le gouvernement s’était toujours refusé à reconnaître, à savoir que la France est entrée en récession.

Quel scoop !

Ce qui est frappant, c’est de constater les précautions stylistiques généralement utilisées par les médias pour annoncer cette « nouvelle » comme s’ils doutaient encore de la gravité de la situation, comme s’ils peinaient encore à se résigner tout à fait. Ils ne disent pas que la France est en récession, mais que « l’entrée en récession de l’économie française semble désormais inéluctable ».

On pourrait y voir une marque d’optimisme. A moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’un manque flagrant de lucidité ?

Car les statistiques de l’INSEE viennent, une fois de plus, mettre un coup d’arrêt (sans doute provisoire) aux discours médiatiques sur la reprise économique, comme hier elles avaient contribué à tordre le cou aux idées reçues sur la fainéantise supposée des Français .

Pris en étau entre les données brutes livrées par l’INSEE, les discours rassurants du gouvernement Sarkozy-Fillon, et les controverses d’économistes, les médias ne font que traduire, en réalité, l’absence de visibilité sur le court et le moyen terme.

C’est là que l’on se rend compte que l’économie est une science qui donne une très large place à l’irrationnel. Pas étonnant donc que les médias expriment les espérances des uns et des autres en utilisant le registre des sentiments. La crise économique engendre en quelque sorte une cyclothymie des éditorialistes. Ces derniers alternent, au gré des nouvelles du jour, entre optimisme et déprime.

Par exemple, le 2 avril, Jean-Marc Vittori du journal Les Echos s’est montré particulièrement confiant en annonçant un rebond inéluctable. Le 12 mai, son confrère Dominique Seux, du même journal, a préfèré en appeler à la prudence et à la modestie tant que le chômage continuera d’augmenter fortement. Entre temps, le 13 avril, Le Figaro, sous la plume de Florentin Collomp, annonçait « un regain d’optimisme aux Etats-Unis. »

Les médias demeurent généralement perplexes, à l’image du Progrès de Lyon, lequel se demande aujourd’hui s’il convient d’être optimiste ou pessimiste. Francis Brochet termine son article ainsi :

« Alors, faut-il être pessimiste au vu des derniers chiffres, ou commencer d’être optimiste en regardant l’avenir ? Réponse cet automne. »

Drôle de conclusion. Elle fait d’ailleurs irrépressiblement songer aux mauvaises rédactions d’élèves en manque d’inspiration qui s’achèvent souvent par la phrase magique : «  Bref, l’avenir nous le dira. »

Oui… « Bref, l’avenir nous le dira ». C’est au fond tout ce que le landerneau médiatique est en mesure de dire sur la crise mondiale.


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