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Big Love - 2.08 - Kingdom Come

Publié le 19 septembre 2007 par Heather
Un épisode au cours duquel s'exprime pleinement l'ambivalence inhérente à la série, mêlant étrangement morale religieuse et obligations sexuelles. De quoi dérouter de façon intéressante le téléspectateur, devant des valeurs très différentes de celles "communes" aux sociétés occidentales.
Il y a tout d'abord Ben, qui culpabilise toujours pour ses relations avec sa petite amie. Le révérend qu'il était allé voir pour demander de l'aide vient malheureusement intriguer ses parents qui exigent rapidement une explication. Finalement, Bill obtient les "aveux" sur la vie sexuelle active de son fils dans une conversation hautement irréaliste où les principes de vie de leur religion régit l'ensemble de la conversation. Fort peu compréhensif, Bill traite Ben en adolescent capricieux, se contentant de le punir. Le glissement du fils, déjà perceptible, se précise. La volonté de satisfaire son père, et l'influence indéniable du cadre de vie familial, ont considérablement marqué Ben. S'il n'envisage pas un instant de remettre en cause les divers principes tels que l'abstinence avant le mariage, il choisit de réagir en intégrant ces valeurs. Il demande donc sa petite amie en mariage. C'est dans la conversation qui suit avec ses parents que la dérive de Ben semble consommée. Sans y faire vraiment attention, il déclare qu'il aime pour le moment plus que tout la jeune fille... si ensuite cela devait changer, il serait toujours temps de prendre une seconde épouse. De quoi retourner le sang de Barb qui prend peut-être désormais conscience que ce n'est pas seulement son futur qu'elle a décidé en acceptant la polygamie, mais un endoctrinement conséquent de ses propres enfants -seule Sarah parait pour le moment suffisamment indépendante d'esprit, peut-être parce que c'est elle qui a vécu le plus dans une famille non polygame... Barb va projeter ses craintes et ses regrets sur sa propre vie -quoiqu'elle en dise- auprès de la petite amie de son fils. Cette dernière n'avait jamais entendu parler des intentions polygames de Ben. Intentions qui peuvent être aujourd'hui de simples paroles en l'air sans lendemain, mais la légèreté avec laquelle il s'y réfère de façon parfaitement normale prouve que ce style de vie est légitimé à ses yeux. Ce qui suffit pour laisser présager du futur aux yeux de sa petite amie -et du téléspectateur- qui rompt les fiançailles.

Parallèlement, c'est aussi une histoire de sexe qui préoccupe la vie de couple en famille. Ou plutôt, la demande de Bill que soit programmé une "nuit off" par semaine, de façon à ce qu'il récupère face à ses soucis professionnels actuels -dont il n'a parlé à personne à la maison. Devant cette simple requête, c'est le déchirement et la mini-révolution à la maison entre Barb, Nicky et Margene, chacun cherchant une responsable, se remettant en cause... Et tout finit par tourner autour du sexe, dans une sorte de parallèle plus mûre et équilibré avec certains épisodes de la première saison. En effet, dans le cadre très prude et religieux de la maisonnée, le conflit donne lieu à des conversations très directes qui offrent un très fort contraste particulièrement intéressant. C'est notamment les différences de conception du sexe entre Nicky et Margene qui provoquent des ressorts scénaristiques assez ironiques et osés. Bien pensés pour contre-balancer la storyline de Ben. Tout ce conflit finit logiquement par se résoudre, assez classiquement, mais cette histoire teintée finalement d'un certain second degré, mêlant deux sphères que les mormons aiment à présenter comme incompatibles dans bien des perspectives (sexe et religion), est bien écrite.
Enfin, la vie professionnelle de Bill continue de se complexifier, ce dernier s'attirant une antipathie de plus en plus forte, tant ses actions, sous ses faux airs de faux chevalier blanc, apparaissent risquées et égoïstes, nourries plus par une ambition certaine que par la réelle volonté de permettre à sa famille de vivre "correctement". La famille Henrickson a parfois les travers d'une famille Sopranos, tant chacun des personnages tente de faire avancer ses intérêts, finissant dans cette opposition stérile par couler tout le monde. Il s'avère que l'oncle de Bill lui a apporté de l'argent volé, utilisant en quelque sorte son entreprise comme un moyen de blanchir ses fonds. Or Lois, dépouillée par Franck de sa part, joue les femmes aigries, refusant d'être une nouvelle fois la victime, et elle informe son mari de la réalité des affaires de Bill. Cela donne droit à quelques scènes familiales dignes des dramas HBOiens. Certes, Franck n'a pas encore fait le rapprochement entre l'entreprise de jeux de Bill et celle de Roman, mais ce n'est qu'une question de temps... Parallèlement, Bill continue de jouer avec le feu, manipulant Roman et les Green. A trop vouloir en faire, il finit logiquement par se brûler : les Green sont informés des renseignements qu'il a donné à Roman. Bill se tourne alors finalement vers l'ATF pour éradiquer cette famille trop encombrante. A lui seul, il déclenche finalement une guerre inter-communauté, aucun ne sachant qu'il ne sert que ses propres intérêts. L'ATF pensait naïvement avoir réussi son coup de filet, or la scène finale confère une toute autre dimension aux évènements, à la fois dramatique, mais aussi très Soprano-like (toutes ces communautés finissent par ressembler à une forme de mafia, disons-le) : Roman est abattu dans la rue par deux femmes venues venger les Green -et le tenant pour responsable. Survivra-t-il ?
Bilan : Un épisode très dense qui joue beaucoup sur la dualité entre morale et sexe, s'inscrivant dans des valeurs atypiques qui ne manquent pas d'ambiguïté. Sinon, du côté des affaires de Bill, le côté assez Soprano-like, moins abstrait qu'à l'accoutumée, m'a plutôt intéressé également. Il s'agit donc d'un bon épisode.

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