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Les espaces côtiers menacés

Publié le 21 mai 2009 par Cafatica
Les espaces côtiers menacés Spéculation immobilière, érosion aggravée par certains excès d'origine humaine... le béton avance, la mer recule. Autant dire que les espaces côtiers sont mal en point.
En France, l'érosion touche 1/4 du littoral, soit 1 720 km peuplés de 7 millions d'habitants, selon l'institut français de l'environnement (IFEN). Ce chiffre ne cesse d'augmenter. La délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires prévoit que le littoral français accueillera, d'ici 2030, 3,4 millions d'habitants de plus, alors qu'il ne représente que 4% du territoire. En Europe, c'est 1/5ème des plages et falaises (soit 20 000 km) qui est atteint par l'érosion ; les pays les plus concernés sont Chypre, la Pologne, la Lettonie et la Grèce. Dans le monde, îles coralliennes, deltas, mangroves comptent parmi les territoires les plus exposés.
Même si la mobilité des côtes est un phénomène naturel du fait des vagues, du vent, des courants et de la nature de côtes, les activités humaines ne cessent de l'amplifier. Le développement des ports, des quais et des ouvrages de protection bouleverse aujourd'hui fortement les courants marins et les transports de sédiments. De même que les barrages et les endiguements réalisés sur le bassin versant des fleuves.
Cas le plus évident, le plus médiatisé, le plus simple, et de ce fait le plus difficilement contournable, les îles et récifs coralliens sont des zones particulièrement vulnérables à l'élévation du niveau de la mer, de sa température, et aux tempêtes de plus en plus fréquentes. Ainsi les îles Tuvalu, dans le Pacifique Sud, dont l'altitude maximale est de 5 mètres et où l'on a vu disparaître, au cours des 10 dernières années, 3 mètres de front de mer. A plusieurs reprises, les tuvaluans ont dû évacuer momentanément leurs îles lors des marées de vive-eau. Un nombre croissant d'entre eux a d'ores et déjà quitté l'archipel.
La menace qui pèse sur les deltas, elle, est moins connue, et plus complexe. Elle résulte de la combinaison catastrophique entre aménagements, manque d'entretien de ces derniers, poussée urbaine et aggravation des évènements météorologiques extrêmes (tempêtes, cyclones, etc.). En 2005, les conséquences du cyclone Katrina étaient plus ou moins prévisibles dans le delta du Mississipi, qu'on savait affaissé et mal protégé depuis des décennies.
La cas du Bangladesh, pays-delta surpeuplé et balayé par des cyclones de plus en plus fréquents, ne diffère pas fondamentalement. Ce delta est d'ailleurs sérieusement menacé de submersion dans sa partie occidentale. En outre, ses ressources en gaz naturel l'exposent à un avenir incertain, l'exploitation du pétrole et du gaz amplifiant l'affaissement naturel du sol, ce qui fut justement le cas en Louisiane.
Circonstance aggravante, les pompages d'eau dans les grandes métropoles, qui contribuent à leur submersion. Tel est le cas d'une ville comme Bangkok, construite sur le delta de la Chao Phraya et constamment affectée par les inondations. Ou de Venise, l'une des plus belles villes du monde, mais l'une des plus menacées aussi, notamment à la suite de l'exploitation du méthane à l'embouchure du Pô. On ne compte plus les côtes érodées dans les deltas : celui du Nil, en Egypte, qui continue de subir les conséquences de la construction du barrage d'Assouan. Celui de la Volta, en Afrique occidentale, où la ville ghanéenne de Keta disparaît par pans entiers, victime du barrage d'Akosombo. La liste est longue des deltas erodés : elle inclut ceux de l'Ebre en Espagne, du Danube, du Sénégal, du São Francisco au Brésil, du Rhône en Camargue, etc. En Chine, la construction du barrage des Trois-Gorges risque d'avoir à terme des conséquences analogues sur le delta du Yangzi Jiang (fleuve bleu).
Le phénomène d'érosion des côtes n'est pas nouveau, mais il s'accélère. Dés 1992, le géographe spécialiste des espaces côtiers Roland Paskoff tirait une sonnette d'alarme dans un livre intitulé " Côtes en danger". Il pointait, outre la poussée urbaine, l'inadéquation de l'arsenal juridique français qui, dans l'état actuel des choses, aboutit à détruire et non à préserver les zones humides, en particulier les marais maritimes, fondamentaux comme sources de vie et de diversité biologique, et pourtant drastiquement polderisés depuis des siècles.
Ainsi disparaissent les espaces naturels, irrésistiblement grignotés. En France,  la "loi littoral" interdit théoriquement de construire dans une bande de 100 mètres le long du rivage, mais elle est systématiquement contournée par de nombreuses municipalités (logements en plus = impôts locaux en plus). Le Conservatoire du littoral est un organisme crée en 1975 ; il a pour mission d'acquérir des territoires pour les soustraire à l'urbanisation, mais ses efforts et son budget ne pèsent malheureusement pas grand chose pour faire face à l'ampleur colossale des enjeux financiers.
Sur internet :
 Conservatoire du littoral 
European Union for coastal Conservation
Convention de Ramsar sur les zones humides
World rainforest Movement, organisation de la défense de la forêt tropicale.

Les espaces côtiers menacés Outre les dégâts environnementaux qu'il cause, le bétonnage effréné des côtes est également une pollution visuelle, une vérue qui transforme les plus beaux endroits en lieux irrespirables et sans plus aucun charme.

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