Magazine
... je me repentirais, me sanctifierais, me scarifierais par le feu ou le papier de verre car oui, j'ai failli, j'ai fauté, j'ai dérogé à un article essentiel de ma charte personnelle CINEPHILIS qui synthétise tous mes engagements de spectateur. J'y avais ainsi consigné que le jour où je pourrais enfin voir A brighter summer day (Edward Yang 1991), je déposerai mes RTT, j'annulerai tous mes rendes-vous, je remettrai à plus tard toutes les affaires courantes y compris les plus urgentes. Car ce film, voyez-vous, c'est mon Moby Dick, le film que je rêve de voir depuis des années et qui se dérobe sans cesse à mon regard. Tenté une première fois au cinéma en plein air de la Villette, mais séance annulée à cause d'un orage dantesque deux heures avant la projection. Je l'ai même tél*****gé, mais je refuse finalement de le voir sur un écran d'ordinateur.
Et bien, voyez-vous, ce film est passé, il y a deux jours, à Cannes Classics et j'ai séché la projection. Honte sur moi !...
Peur que tous les autres films de Cannes paraissent fades à côté ou peur de la déception ? Sans doute un peu des deux. Quoi qu'il en soit, j'ai entendu dire qu'une rétro Edward Yang était prévue cette année à la Cinémathèque, donc cette fois, ça devrait être la bonne.
Donc sinon, Antichrist ? Pas autre chose que le film d'un type qui se rêve en Jérôme Bosch né 500 ans trop tard, mais qui se console en entrant en téléportation avec Tarkovski pour tenter de réaliser le shocker ultime avec une caméra dédicacée par Kubrick, mais qui ne se serait pas aperçue de l'arnaque. Rajoutons que Paulo Coelho, le "gourou du bonheur" était venu assister à la projection de l'oeuvre du "gourou du malheur", histoire de rajouter encore un peu plus de confusion mentale et esthétique à ce sinistre non-évènement.