Le député Thierry Mariani a déclenché une polémique en proposant, dans le cadre de la loi sur le regroupement familial, que les étrangers souhaitant faire la preuve de leur lien de filiation avec un parent résidant en France puissent être soumis à un test ADN. Dans l'esprit du député, il s'agit à la fois d'éviter la fraude, et d'accélérer les procédures de regroupement. Les défenseurs de l'amendement ne manquent pas d'ajouter que le test se pratique déjà ailleurs en Europe (ce qui, à vrai dire, n'est pas un argument valable), et qu'il sera facultatif.
Je voudrais faire trois remarques à propos de cet amendement. Tout d'abord, la polémique, telle qu'elle est soulevée par les associations et par la gauche me paraît assez stérile : il me semble inadéquat de qualifier de raciste l'idée de proposer un test ADN aux étrangers : il ne s'agit pas d'exclure quiconque en fonction de son origine ethnique (il n'y aurait d'ailleurs pas besoin de test ADN pour ça), mais simplement de repérer des liens familiaux. Reprocher également au gouvernement de considérer les étrangers comme des fraudeurs me paraît jouer sur les mots. Certes, les étrangers ne sont pas en soi des fraudeurs, mais la fraude existe réellement (elle représenterait de 20 à 30% des cas). Bref, la polémique manque un peu son but.
Cependant, la première chose à exiger pour calmer les esprits, si cet amendement doit être voté, c'est évidemment la destruction du test ADN une fois le lien familial prouvé, de manière à ce que ce test ne puisse en aucun cas être détourné de son usage premier. Procéder autrement au regard de la législation française serait une mauvaise idée, car cela reviendrait à considérer les étrangers comme de potentiels délinquants (en France, le citoyen lambda ne peut être fiché génétiquement que si la police possède contre lui "des indices graves ou concordant rendant vraisemblable" qu'il ait commis des infractions.
Je reste en tout cas pour ma part assez sceptique face à l'idée du test ADN, et je crois sincèrement qu'une femme n'aurait jamais proposé un tel amendement. Tout en croyant certainement bien faire et rendre service aux familles en raccourcissant les délais d'attente, le député Mariani ne voit pas que son amendement pourrait mettre en péril la vie de certaines femmes. Le test ADN entre dans la sphère privée : toute femme ayant commis l'adultère ou ayant subi un viol sera automatiquement repérée. On imagine facilement les conséquences dramatiques qu'auraient une telle découverte, surtout lorsque la famille vient d'un pays où les droits des femmes ne sont pas ou peu respectés...