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Le touriste tenté par la classe écologique

Publié le 24 mai 2009 par Thedailyplanet

Peut-on prendre l'avion et défendre l'environnement en même temps ? C'est la question que se posent de plus en plus de personnes sensibles à la question du réchauffement climatique.

James Brusslan est un avocat spécialisé en droit de l'environnement qui se sent concerné par le changement climatique. Il se rend au bureau à vélo et travaille dans un cabinet qui compense ses émissions de carbone. Il place sur les 4 x 4 de ses amis des autocollants sur lesquels on peut lire : “Je change le climat ! Demandez-moi comment !” Cet homme de 50 ans a récemment dépensé 2 800 dollars [1 983 euros] dans un voyage d'une semaine dans la baie de Disco, au Groenland, à environ 300 kilomètres au nord du cercle arctique. “Je voulais voir ce qui était en train de se produire”, dit-il en contemplant un fjord où un glacier est en train de se scinder en plusieurs icebergs. “Dans dix ans, il n'existera probablement plus.” James Brusslan projette d'aller voir ensuite la fonte des glaciers dans le Sichuan, en Chine. Le réchauffement planétaire a créé un nouveau créneau sur le marché porteur de l'écotourisme : le tourisme climatique – à la recherche d'endroits où le réchauffement à long terme commence à avoir un effet visible. Certains jugent paradoxal ce genre de tourisme : les voyages en train, avion ou bateau produisent des rejets de dioxyde de carbone qui contribuent au réchauffement. “A quoi bon se rendre aux Maldives si, à terme, elles doivent être englouties” parce que les émissions de gaz à effet de serre (GES) des avions des écotouristes contribuent au réchauffement mondial et à l'élévation du niveau des mers, observe Jeff Gazzard, de l'Aviation Environmental Federation, un groupe britannique qui lutte pour la réduction des émissions de GES des avions. Selon les Nations unies, plus de 1,5 million de touristes visitent l'Arctique chaque année, alors qu'on n'en comptait que 1 million au début des années 1990. Les étés plus longs et plus chauds font que les mers arctiques sont moins encombrées de glaces flottantes, ce qui permet certes aux bateaux de croisière de visiter des endroits autrefois inaccessibles, mais représente aussi une menace pour l'environnement. Certains touristes se rendent sur l'archipel norvégien de Svalbard [connu aussi sous le nom de Spitzberg], dans l'Arctique, dans l'espoir d'apercevoir les nouvelles îles apparues avec la retraite de la calotte glaciaire. “Il n'y a que des rochers”, ironise Rune Bergström, responsable de l'environnement au bureau du gouverneur de l'archipel. Quelque 80 000 touristes se rendent au Svalbard chaque année. La moitié arrivant en paquebot de croisière, le débarquement de tous ces passagers a détruit la végétation fragile de certaines îles. Le risque de marée noire étant également plus grand, une loi oblige désormais les bateaux qui se rendent dans l'est de l'archipel à utiliser du diesel maritime plutôt que de l'huile lourde. La faune et la flore locales sont menacées, et pas seulement par le changement climatique. “Les zones où vivaient des ours polaires étaient difficiles d'accès, mais, avec la fonte des glaces, les bateaux peuvent aujourd'hui s'y rendre, d'où un risque accru d'incidents entre les hommes et les ours”, indique M. Bergström.

Des initiatives sont prises pour limiter l'écotourisme

James Brusslan est un avocat spécialisé en droit de l'environnement qui se sent concerné par le changement climatique. Il se rend au bureau à vélo et travaille dans un cabinet qui compense ses émissions de carbone. Il place sur les 4 x 4 de ses amis des autocollants sur lesquels on peut lire : “Je change le climat ! Demandez-moi comment !” Cet homme de 50 ans a récemment dépensé 2 800 dollars [1 983 euros] dans un voyage d'une semaine dans la baie de Disco, au Groenland, à environ 300 kilomètres au nord du cercle arctique. “Je voulais voir ce qui était en train de se produire”, dit-il en contemplant un fjord où un glacier est en train de se scinder en plusieurs icebergs. “Dans dix ans, il n'existera probablement plus.” James Brusslan projette d'aller voir ensuite la fonte des glaciers dans le Sichuan, en Chine. Le réchauffement planétaire a créé un nouveau créneau sur le marché porteur de l'écotourisme : le tourisme climatique – à la recherche d'endroits où le réchauffement à long terme commence à avoir un effet visible. Certains jugent paradoxal ce genre de tourisme : les voyages en train, avion ou bateau produisent des rejets de dioxyde de carbone qui contribuent au réchauffement. “A quoi bon se rendre aux Maldives si, à terme, elles doivent être englouties” parce que les émissions de gaz à effet de serre (GES) des avions des écotouristes contribuent au réchauffement mondial et à l'élévation du niveau des mers, observe Jeff Gazzard, de l'Aviation Environmental Federation, un groupe britannique qui lutte pour la réduction des émissions de GES des avions. Selon les Nations unies, plus de 1,5 million de touristes visitent l'Arctique chaque année, alors qu'on n'en comptait que 1 million au début des années 1990. Les étés plus longs et plus chauds font que les mers arctiques sont moins encombrées de glaces flottantes, ce qui permet certes aux bateaux de croisière de visiter des endroits autrefois inaccessibles, mais représente aussi une menace pour l'environnement. Certains touristes se rendent sur l'archipel norvégien de Svalbard [connu aussi sous le nom de Spitzberg], dans l'Arctique, dans l'espoir d'apercevoir les nouvelles îles apparues avec la retraite de la calotte glaciaire. “Il n'y a que des rochers”, ironise Rune Bergström, responsable de l'environnement au bureau du gouverneur de l'archipel. Quelque 80 000 touristes se rendent au Svalbard chaque année. La moitié arrivant en paquebot de croisière, le débarquement de tous ces passagers a détruit la végétation fragile de certaines îles. Le risque de marée noire étant également plus grand, une loi oblige désormais les bateaux qui se rendent dans l'est de l'archipel à utiliser du diesel maritime plutôt que de l'huile lourde. La faune et la flore locales sont menacées, et pas seulement par le changement climatique. “Les zones où vivaient des ours polaires étaient difficiles d'accès, mais, avec la fonte des glaces, les bateaux peuvent aujourd'hui s'y rendre, d'où un risque accru d'incidents entre les hommes et les ours”, indique M. Bergström.

Des initiatives sont prises pour limiter l'écotourisme

Earthwatch Institute, une association américaine, organise des voyages pour les gens désireux d'apporter leur aide aux scientifiques qui étudient les récifs de corail des Bahamas ou les effets du changement climatique sur les orchidées en Inde. Le voyage de onze jours sur le thème “Changement climatique aux confins de l'Arctique” – d'un prix variant entre 2 849 et 4 349 dollars, vols non compris – inclut une escale au Manitoba, au Canada, pour mesurer la quantité de carbone stocké dans le permafrost. Dernièrement, des initiatives ont été prises pour empêcher l'écotourisme de prendre trop d'ampleur. Ainsi, l'International Ecotourism Society, implantée à Washington, a lancé une campagne baptisée “Voyager en pensant au réchauffement” pour inciter les gens à “réduire au minimum leur empreinte écologique” par un meilleur usage de l'énergie et la compensation des émissions de carbone. En mars 2008, la compagnie aérienne SAS a inauguré un programme offrant la possibilité à ses passagers de payer une taxe – 8 euros pour un vol européen – pour compenser les émissions produites durant leur vol. Cet argent ira financer un projet de dévelop­pement des énergies renouvelables. Mais, bien que la compagnie transporte plus de quatre millions de passagers par mois, elle n'a reçu à ce jour que 600 contributions. Même s'ils sont loin d'être les principaux responsables du réchauffement mondial, les touristes qui s'intéressent au changement climatique reconnaissent être en présence d'un dilemme. “Je suis curieuse de voir ces endroits, mais je suis consciente qu'en s'y rendant on contribue à accroître les dégâts”, confie Anne Patrick, une enseignante américaine qui a visité l'Antarctique et le Groenland. “Comment faire face à ce problème ? Je n'ai pas de réponse.” La plupart des touristes qui se rendent au Groenland visitent Ilulissat, une localité aux maisons colorées qui offre un panorama époustouflant sur les icebergs. Ilulissat est devenue un symbole du réchauffement mondial. Les températures de janvier, qui tombaient à 40 °C au-dessous de zéro, descendent aujourd'hui rarement en dessous de - 25 °C. Depuis 2002, le Jacobshavn, le glacier le plus proche, a reculé de 15 kilomètres. Dans la baie où l'eau ne gèle plus, on pêche du flétan toute l'année et les réserves s'épuisent. Cette année, 35 000 touristes sont attendus à Ilulissat, contre 10 000 il y a cinq ans. La ville compte 5 000 habitants et un nombre bien plus important de chiens de traîneau. “Les touristes sont les bienvenus, mais nous n'en voulons pas trop. Nous ne voulons pas non plus de grands hôtels”, précise Anthon Frederiksen, le maire d'Ilulissat. “Nous tenons à préserver la nature et notre culture.” De nombreux touristes déboursent 300 dollars pour faire la traversée jusqu'au glacier Eqi. A l'endroit où le glacier tombe dans la mer, d'énormes blocs de glace se détachent et forment des icebergs. Récemment, alors qu'un bateau plein de touristes se trouvait à proximité du front, haut de 75 mètres, un pan de la taille d'une petite maison s'est effondré, soulevant une vague de deux mètres. L'eau s'est abattue sur le bateau en le faisant fortement tanguer. “C'est très excitant”, s'est exclamée Ingeborg Mathiesen, une Norvégienne de 68 ans, en s'agrippant au bastingage. La veille, une vague similaire avait blessé 17 touristes britanniques au Svalbard. Mme Mathiesen projette de visiter cet archipel l'été prochain, pour voir les icebergs et les ours polaires. “Nous n'attendrons pas cinq ans, car ils pourraient avoir disparu d'ici là”, explique son mari.

Gautam Naik, The Wall Street Journal


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