Le Québec compte désormais plus d'une centaine de personnes infectées par le virus de la grippe A (H1N1) et le nombre de cas diagnostiqués a franchi les 10 000 dans le monde. Malgré tout, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tarde à annoncer la pandémie.
Par Catherine Crépeau, édimestre (servicevie.com)
Le bilan atteignait, le 21 mai, 719 cas au Canada, dont 106 au Québec, selon l'Agence de la santé publique du Canada. De ce nombre, 13 ont nécessité une hospitalisation, ce qui confirme que la gravité des symptômes équivaut à celle de la grippe saisonnière, explique le chef de la santé publique du Canada, le Dr David Butler-Jones.
Le Dr Butler-Jones a indiqué que le virus avait apparemment atteint son point culminant vers la fin du mois d'avril et le début du mois de mai. Ottawa a d'ailleurs levé l'avis qui conseillait aux Canadiens d'éviter les voyages « non essentiels » au Mexique. « Comme le virus H1N1 circule maintenant au Canada, les voyages au Mexique ne sont plus un facteur de risque accru de sa propagation », indique un communiqué de l'Agence de la santé publique du Canada.
L'Agence de la santé publique continue d'observer la situation et n'écarte pas la possibilité qu'on observe plus de cas cet été et une résurgence cet automne.
L'OMS demeure prudente
Dans le monde, le nombre de cas diagnostiqués a dépassé les 10 000 et 80 décès ont été répertoriés. L'OMS a tout de même décidé de maintenir son niveau d'alerte à la pandémie à 5 sur une échelle de 6. L'organisme dit attendre l'apparition d'un nouveau foyer autonome dans une autre région du monde pour passer à son dernier niveau.
La directrice générale de l'OMS, la Dre Margaret Chan a expliqué que la définition des phases de préparation avait été élaborée dans le contexte de la grippe aviaire et que la grippe A(H1N1) présente jusqu'ici un tableau clinique beaucoup plus bénin, la maladie guérissant spontanément, contrairement au virus H5N1, qui entraîne un taux de mortalité de 50 à 60 %. Les responsables de la santé de 193 pays qui participaient à la réunion tenue du 19 au 22 mai ont demandé à l'OMS de tenir compte de critères autres que la propagation géographique pour passer à la phase 6 qui prévoit, notamment, une réduction des transports aériens
Produire ou non un vaccin
La rencontre annuelle a aussi porté sur l'échange de différentes souches de virus grippaux et la question de la production et de la distribution d'un vaccin contre le virus de la grippe. Les scientifiques hésitent entre travailler à l'élaboration d'un vaccin dès maintenant, alors que le virus est relativement modéré, ou bien d'attendre à la fin de l'été, pour voir comment se comporte le virus dans l'hémisphère sud, où s'amorce la période de grippe saisonnière. La production de vaccin contre la grippe A (H1N1) risque de nuire à celle du vaccin contre la grippe « ordinaire » administré à l'automne.
Selon l'OMS, le virus peut toujours disparaître de lui-même ou muter avec d'autres virus et devenir dangereux. La directrice de l'organisme, Margaret Chan, rappelle que le H5N1 - le virus de la grippe aviaire - est établi dans plusieurs pays.
Les scientifiques font le point
Le virologue néerlandais Albert Osterhaus et son confrère espagnol Javier Garau, professeur à l'université de Barcelone, ont décrit les caractéristiques du virus lors du Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (CMECMI) d'Helsinki.
Concernant la vitesse de transmission, le virus A (H1N1) s'avère légèrement plus contagieux qu'une grippe normale. Une personne infectée transmet la maladie à 1,4 à 1,6 personne, en moyenne. Une forte proportion de cas concerne des jeunes, ce qui suggère que les personnes âgées ont une forme d'immunité liée à des expositions passées à des virus similaires. Les malades peuvent être contagieux un jour avant le diagnostic et jusqu'à sept jours après.
La nouvelle grippe a un taux de mortalité comparable à la grippe saisonnière, mais la dangerosité pourrait s'accroître si le microbe mute génétiquement avec d'autres virus. Ses symptômes sont similaires à ceux d'une «légère grippe».
Quant au traitement, le virus est sensible à l'antiviral Tamiflu. La grippe saisonnière, avec qui les scientifiques redoutent de voir muter la grippe porcine, a cependant montré des signes de résistance au traitement lors des deux dernières saisons.
Bonne journée,
Marie claude.