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A l'étranger, le pantouflage en Sarkofrance choque aussi

Publié le 25 mai 2009 par Juan
En France, quand le Président place des proches à la tête d'entreprises, on nous explique que c'est normal, sain et usuel. Normal, car le chef de l'Etat a bien le droit de favoriser la promotion de ses poulains. Sain, car les passerelles entre public et privé seraient une forme d'oxygène pour notre démocratie; usuel car tous les présidents de la Vème République auraient fait de même.
On rétorque qu'en général, les prédécesseurs de Sarkozy à l'Elysée attendaient la fin de leur règne pour placer leurs collaborateurs; que les passerelles public-privée sont sources de conflits d'intérête monumentaux que Barack Obama a prohibé en arrivant à la Maison Blanche; et qu'utiliser le levier présidentiel pour imposer des PDG à des Conseils d'Administration réticents (comme chez Thalès) est quand même surprenant...Très prochainement, de nouveaux postes vont se libérer chez Areva, Eutelsat, Nexter (armement), RATP, EDF et Aéroports de Paris. La mouvement ne fait que commencer.
Intéressante est donc la lecture d'un article du quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, de Michael Kläsgen, publié et traduit par Courrier international.: "Quand Sarkozy joue aux marionnettes"... Belle image de notre président outre-Rhin. L'observateur allemand est lucide au sujet de ces pantouflages à répéetition depuis deux ans: "Le principal critère , c’est la fidélité au président". Le journaliste allemand revient sur les nominations de François Pérol (Banques Populaires), Stéphane Richard (France Télécom), les menaces contre Anne Lauvergon (Areva), après celles contre Daniel Bouton (Société Générale).
"Passer de la politique au secteur privé ou dans une entreprise publique avec le soutien du président ou d’un parti, cela n’a rien de nouveau en France. Il existe même un terme pour cela : le pantouflage*. Et pourtant le critère de choix s’est légèrement déplacé. Ce n’est plus la fidélité à un parti qui est décisive, mais la fidélité au président. Et il ne suffit plus de sortir d’une grande école comme l’ENA. Au contraire, cela risque même d’avoir un effet négatif. Sarkozy n’a paraît-il pas réussi le concours d’entrée et, depuis lors, n’aime guère les énarques.
Sarkozy fait danser ses marionnettes et crée son propre système de méritocratie*. Officiellement, le président accorde des promotions à ceux qui l’ont bien mérité ; d’autres parlent de népotisme. "
Toujours en Allemagne, la politique Sarkozyenne fait débat : "le grand soir n'est pas pour demain" expliquait en avril la journaliste Michaela Wiegel du Frankfurter Allgemeine Zeitung: "Les chefs d’Etat français n’ont pas toujours compris sur l’instant ce qui se passait dans leur pays."
Dans le même Courrier International, on pouvait constater qu'Obama savait aussi être interventioniste contre les "patrons désobéissants". General Motors en fait les frais. mais Obama ne cherchait pas à placer un fidèle. Au contraire, il a rapidement expliqué en arrivant à la Maison Blanche qu'il ne fallait pas compter sur lui pour cela: "Pour lutter contre la bonne vieille tradition des renvois d’ascenseur, il a par exemple décrété que les postes gouvernementaux ne serviraient plus de tremplin vers des activités de lobbying plus rémunératrices."
Etats Unis, France, deux pays, deux présidents.&alt;=rss

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