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Au Liban, on dit "mortel comme un coup de fil" , par Mickael Béhé à Beyrouth

Publié le 26 mai 2009 par Drzz

 Publié par Metula News Agency

Aujourd’hui, au Liban, c’est la fête de la Libération et de la Résistance. Férié officiel. Inutile de préciser de la libération de qui, et de la résistance contre qui il s’agit. Celui de nos voisins qui n’a jamais eu la moindre visée territoriale sur le Liban et qui ne s’emploie pas, actuellement, à préparer le renversement de notre fragile démocratie.

 

Cette "fête" constitue une occasion de plus pour la minorité chiite armée d’imposer son délire à la plupart de mes concitoyens, qui, loin d’être dupes, considèrent cet événement avec appréhension.

 

Ce, d’autant plus que le pays aux cèdres est méchamment balloté par une série d’événements qui n’augurent rien d’optimiste.

 

La toile de fond, ce sont les élections générales du 7 juin prochain. Tous les leaders politiques s’emploient donc à participer à la campagne. Ils font comme s’il s’agissait d’une occurrence naturelle de la vie politique nationale.

 

Ils haranguent leurs partisans en feignant d’ignorer les menaces explicites répétées par les islamistes-prosyriens, relatives à ce qui se passera s’ils étaient désavoués par le scrutin populaire.

 

C’est pourtant très clair : s’ils l’emportent, l’actuelle majorité ne disposera d’aucun droit au niveau de l’exécutif, et le Liban se verra engagé dans un programme de confrontation effréné avec l’ "entité sioniste".

 

S’ils sont battus, comme le rapport de forces le laisse présager, ils exigeront que leur minorité de blocage, au sein même du gouvernement, soit prorogée, de même qu’une foultitude de mesures contraires à la démocratie, au fonctionnement de l’Etat, à sa souveraineté sur le territoire national et la population qui l’habite.

 

Si les chiites et les prosyriens sont défaits, ils empêcheront, le doigt sur la gâchette, la réalisation du vœu du plus grand nombre, de voir notre pays déclarer sa neutralité et œuvrer pour l’instauration de relations acceptables avec nos deux voisins. Ce qui est d’ailleurs, d’un point de vue strictement objectif, l’unique moyen d’éviter l’apocalypse et l’éclatement de la patrie dans un nouveau et terrible bain de sang fratricide.

 

Le discours de la majorité non armée se veut ainsi conciliant, la présidence du conseil, aussi bien que les tribuns du Courant du 14 mars (indépendantiste pro-occidental), se gardant de commenter comme il se devrait, tant l’actualité que les risques qui se profilent au lendemain de la consultation populaire.

 

Ce faisant, ils n’abordent que de l’extrémité des lèvres nos vrais problèmes, à savoir la réalisation de la résolution 1701 du Conseil de Sécurité, la disparition des zones de non-droit, des milices parallèles, des armes et des munitions échappant totalement au contrôle de l’armée, ainsi que la cessation de la contrebande d’effets de guerre en provenance de Damas.

 

Toutes ces dispositions figurent au cœur de la 1701, ce que je ne cesserai jamais de répéter. Et le mandat de la FINUL comporte l’ordre de les mettre en place, ce que les soldats de l’ONU ne font pas, et qu’il convient de rappeler indéfiniment, jusqu’à ce que quelqu’un de responsable nous entende. 

 

On a affaire aux mêmes casques bleus qui ont si lamentablement failli en Bosnie et au Rwanda, aménageant les massacres au lieu de les prévenir.

 

C’est dans cette sombre ambiance de faux-culs politicards libanais, mais qui n’ont strictement aucun moyen de s’opposer à la force brutale du Hezbollah et de ses marionnettistes damascènes et perses, soit-il redit à leur décharge, que se déroule le démantèlement des réseaux d’agents israéliens dans notre pays.

 

C’est l’hécatombe… Deux nouveaux espions ont été appréhendés ce week-end par le renseignement de l’armée et les Forces de Sécurité Intérieure (FSI). L’un a été cueilli par l’armée dans le district de Nabatiyeh, au Sud-est. Il a 55 ans et répond aux initiales de H.A.H. Il informait Jérusalem des déplacements du Hezbollah et des forces légales dans sa région. On a trouvé du matériel de télécommunication à son domicile.

 

Quatre autres personnes ont été inculpées par un juge ce samedi, ce sont Hassan Chehab, Chawky Abbas, Mohamad Awad et Rober Kfouri. Ils se seraient rendus dans l’Etat hébreu afin d’y recevoir une formation et des instructions.

 

On assiste, à n’en pas douter, à un coup extrêmement dur porté au Mossad par les autorités libanaises. On ne peut même plus parler de coup de filet : lorsqu’on intercepte deux agents de renseignement, on parle d’arrestation d’espions ; mais lorsqu’ils se comptent par dizaines (voir plus !), on doit identifier cela comme un phénomène.

 

Tant de Libanais qui travaillaient de leur plein gré pour… l’ "ennemi"… Et, des sources liées aux FSI m’affirment que, si grand soit le nombre d’individus appréhendés, ils ne se font aucune illusion : il en reste bien d’avantage dans la nature.

 

Les mêmes sources me disent que, s’il sera un peu plus difficile, à l’avenir, au Mossad et au renseignement militaire israélien (l’Amman. Ndlr.) de mobiliser de nouveaux agents – les arrestations massives n’encouragent pas à se porter volontaire – les FSI sont certaines que cela se fera.

 

Les craintes pour l’avenir, le patriotisme et les nécessités financières auront raison du risque de se faire prendre. Les mêmes informateurs de la Sécurité Intérieure, très lucides, me font remarquer, qu’avec un quart des 4 millions de Libanais vivant pratiquement sans aucune ressource digne de ce nom, il n’est pas compliqué de trouver des hommes prêts à tout pour nourrir leur famille.

 

Reste que, pour ces mêmes spécialistes du contre-espionnage, la légèreté par laquelle ont pêché leurs adversaires renommés est impardonnable en termes professionnels. "Le b.a.-ba du métier, c’est le cloisonnement entre les réseaux", me confie un ex-officier sans bomber le torse, "la seule façon d’empêcher l’effet domino si l’un de vos hommes se fait prendre. Dans ce qu’ils ont monté au Liban, ils ont vraiment agi comme des bleus. C’est très étrange, venant de ceux qui sont considérés comme les tout meilleurs dans la branche".

 

"Chez eux, ce doit être la catastrophe, même si on n’entend parler de rien de ce qui s’y passe. On peut imaginer, qu’après une telle bévue, les têtes des responsables vont tomber par paquets entiers".   

 

L’une des explications les plus plausibles qui m’est fournie concerne un équipement hypersophistiqué d’identification et de déchiffrage de conversations téléphoniques, qui a été remis à la sécurité libanaise par la CIA américaine.

 

Des officiers de chez nous ont été spécialement formés à l’utilisation de cet équipement aux Etats-Unis. Il semble que le cadeau de la Central Intelligence Agency était destiné à l’écoute des conversations entre le Hezb, les Iraniens et les Syriens, non aux Israéliens.

 

A cette éventualité, les ex, proches des FSI prétendent qu’ils l’ont employé contre tous les réseaux hostiles agissant sur le territoire libanais, sans distinction. Mais quand je leur demande combien d’agents iraniens ils ont appréhendés, s’ensuit un long silence, ponctué, d’un "vous savez bien que c’est impossible", à peine murmuré. Puis d’un silence total.

 

Il apparaît également que les Américains n’ont pas prévenu leurs "alliés" israéliens du présent qu’ils faisaient à nos services. Ou alors, qu’ils les ont prévenus trop tard.

 

De toutes façons, sans vouloir donner de leçons à personne, je crois que le Mossad aurait dû envisager que de tels moyens tombent dans les mains des FSI ou du Hezb, et qu’il aurait dû isoler ses réseaux en conséquence. En tous cas, voilà qui ne va pas réchauffer les relations déjà glaciales entre Washington et Jérusalem.

 

Il est beaucoup question d’écoutes téléphoniques, ces jours, au Liban. Et le Parti de Dieu est bien le dernier qui puisse se gaucer des Israéliens : ce lundi, paraît dans la dernière livraison du Spiegel allemand, un article qui le met au pied du mur.

 

Se référant à des fuites proches du TSL, le Tribunal Spécial pour le Liban, l’hebdomadaire germain écrit que "des investigations intensives menées au Liban pointent toutes vers une nouvelle conclusion : ce ne sont pas les Syriens, mais les forces spéciales de l'organisation chiite libanaise, le Hezbollah, qui ont planifié et exécuté l'attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri le 14 février 2005".

 

Der Spiegel affirme avoir également pu consulter des documents liés à l’enquête, faisant état de l’achat de 8 téléphones mobiles, le même jour à Tripoli (Nord Liban).

 

L’homme à la base de cette découverte est un officier des FSI, le capitaine Wissam Eïd, qui a – mais est-ce un hasard ? – été assassiné dans un attentat le 25 janvier 2008.

 

Or ces huit portables de Tripoli ont été en contact avec vingt autres appareils appartenant – d’après les enquêteurs libanais – au bras opérationnel du Hezbollah.

 

Il fut alors possible, pour la police, de remonter à l’un des 8 téléphones de Tripoli, à la faveur de ce que Der Spiegel décrit comme une "incroyable imprudence" de la part d’Abdel-Majid Ghamlush, un homme de main du Hezbollah, formé par les Gardiens de la Révolution en Iran.

 

Or Ghamlush a utilisé l’un des appareils afin d’appeler sa petite amie, ce qui a permis de l’identifier. Depuis, on est sans nouvelles de lui ; il a probablement été exécuté par ses pairs pour sa terrible faute.

 

C’est, en effet, grâce à ce coup de fil que les enquêteurs on pu identifier le cerveau hezbollani de l’attentat contre Hariri, un certain commandant des commandos du Parti de Dieu du nom de Hajj Salim.

 

Salim qui, toujours selon l’hebdo allemand, a remplacé Imad Mourgnieh à la tête des forces armée de Nasrallah, suite à l’élimination du dernier cité, à Damas, en février 2008.

 

Le bureau de presse du Hezbollah a publié, avant même d’attendre la parution-papier du Spiegel, un communiqué enflammé prétendant que "ce sont des affabulations qui ont pour objectif d'influencer la campagne électorale et de faire oublier les informations sur le démantèlement des réseaux d'espionnage travaillant pour le compte d'Israël"

 

Ajoutant : "Ce ne sont rien d'autre que de pures inventions issues du même cabinet noir (sic) où ont été fabriquées, il y a quatre ans, des histoires similaires sur l'implication des Syriens et des quatre officiers.


Publier des informations pareilles et les attribuer à des sources proches du Tribunal Spécial pour le Liban entament la crédibilité de ce tribunal que nous appelons à agir avec fermeté pour démasquer les auteurs de ces mensonges".

 

Ne tombons pas dans les travers que nous condamnons chez nos contempteurs totalitaires exerçant un contrôle absolu de leurs media, et abstenons-nous de prononcer un verdict sur la base de bribes d’enquêtes obtenues et publiées par des confrères.

 

Contentons-nous de constater que la direction du Hezbollah est plus qu’embarrassée par cette révélation, et, qu’au sein du gouvernement libanais, entre quatre yeux, on exprimait ce lundi matin la crainte que Nasrallah tente une grosse provoc contre Israël afin de nous réasséner une "contre-preuve" de son "patriotisme" sans faille.

 

Metula News Agency ( Info # 012505/9 ) [ Analyse ]

 


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