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C'est la première fois que ça m'arrive ici. L'autocensure. Comme d'habitude, un billet écrit d'une traite. Mais celui là n'était pas comme les autres. Celui-là ne paraîtra pas. Un remous tremblant, une amertume, une délivrance pourtant. Et puis pourquoi dire aux "yeux du monde" ? Pour hurler justement. Permettre à l'écho de s'immiscer et claquer une fois, de claquer enfin. Hurler ma rage, ma colère, mon mépris, ma terreur, ma non-culpabilité. Cracher ma tristesse, qu'elle sorte bordel. Depuis l'temps.
Et puis non.
Obligée cette fois de me relire. J'pouvais pas faire partir ces mots comme ça, tous seuls, comme des mô(ts)mes perdus. La relecture fut éreintante. Quand on écrit, on ne se rend pas compte. Ca file, ca fuse. Quand on relit, on s'étonne d'avoir su, on s'effraie même. C'est bien moi ? Le "brouillon" le restera.
L'autocensure est là depuis déjà tant de temps. Pourquoi les choses changeraient-elles après tout ? On pense à soi, c'est certain. Mais le bâillon est pour les autres.
Blasphème.