Les organisateurs ont été fidèles à leur image : accueillants, chaleureux, prévenants. L'esprit familial qui règne au sein de l'équipe — enfin, c'est ce qui en ressort — est confirmé par la présence constante des bénévoles d'une année sur l'autre. Reconnaître leur visage souriant en profitant du petit café/croissant d'accueil est un plaisir attendu, presque espéré dès qu'on prend la route pour se rendre au salon.
La touche raffinée de fleurs de genêts et rameau d'olivier sur les tables ont parachevé le tableau. Prêts, fins prêts, auteurs et éditeurs invités pouvaient se mettre au diapason, et présenter leurs ouvrages au public du jeudi matin, partagé entre feuilles de laitue et pages de roman, puisque le marché s'était installé, comme à son habitude, sur la place du village.
Non, le gingembre n'ensorcelait pas le passant, les roses n'exhalaient un parfum de débauche, aucune jeune femme envoûtante ne s'était cachée derrière une arcade pour tenter les hommes de passage… Non, pour sentir le vent de luxure, il fallait se rendre dans les lieux propices où des textes parfois sulfureux avaient pris rendez-vous avec les passionnés, les aventuriers du mot, les téméraires du texte.
Chaque année, un péché capital est soumis au visiteur, à moins que ce ne soit le visiteur qui ne s'y soumette, allez savoir? Mais, comment résister à l'invitation de la luxure?
Le jeudi, le repas pris en groupe possèdait l'avantage de la rencontre et du partage entre auteurs à l'ombre des platanes. S'il fallait une note, non pas fausse, mais plutôt en bémol, ce serait celle du menu servi, qui avait pour mérite malgré tout, de rappeler les cantines d'antan.
Mais je ne saurais faire de l'ombre aux autres intervenants moins célèbres mais tout aussi captivants. Difficile de parler de tous, surtout qu'en tant qu'auteur invité, je me devais de rester à ma place pour dédicacer mes deux romans, "Toca Leòn!" qui jouit d'un lectorat solide et de "La grande Borie" qui ne demande qu'à s'en faire un puisqu'il vient de sortir.
On pense déjà à l'année prochaine qui verra l'avarice envahir les cours et les jardins, raser les murs de peur qu'on la hue, qu'on la vilipende. Elle ne pourra pas se vautrer sur un grand lit au milieu de la place, tel ce lecteur d'extraits érotiques à demi nu.
Que nous réserve l'équipe de Lire en mai? Nous verrons cela dans 51 semaines, mais, silence, ils sont déjà au travail!
Dominique LIN
© photos : Elan Sud et P.O.L (Atiq Rahimi)