Malgré les interminables week-ends du mois de mai, qui suivaient de très près la fin des vacances de Pâques pour la zone francilienne, les rares lecteurs de Fugues ont pu voir fleurir, en colonne de gauche, l’encadré d’un réseau social bien connu. Ce n’est pas sans une certaine réticence que j’ai tenté l’expérience : la propension à vendre à qui paye tout ce que vous laissez paraître sur votre mur, à user sans vergogne de tous les renseignements personnels que vous donnez, à profiter des liens que vous tissez, pouvait refroidir. Mais telle est toute chose depuis Esope : la meilleure et la pire. Langue de liens ou langue de pute, fesses bouc a son côté fesses et son côté bouc – à chacun de s’en servir selon ce qu’il veut.
Côté fesses, vous pouvez déballer votre vie privée à tous vents, photos de vous bourrés ou à poil, vidéos douteuses, échanges intimes, noms, adresses et téléphones de tous vos amis, enfants, parenté, collègues… Les ados ont souvent peu conscience de cet aspect public. Vous pouvez en effet avoir accès à tout sur quelqu’un, même s’il ne vous a pas formellement accepté, à condition de lui envoyer un seul « message ». Une amie de la cinquantaine a vu ainsi son attention attirée par un collègue charitable : la photo de chacun de ses garçons et de son intérieur figurait publiquement, avec nom et prénoms, publiée par une copine. Un journal a reconstitué il y a quelques mois l’existence d’un fessebouc lambda uniquement au travers de son « mur », où il étalait de façon complaisante ses déplacements et conquêtes. Mais personne n’est obligé d’être narcisse ou idiot.
Côté bouc, le réseau a quelque chose du boute en train ; il vous force à communiquer, à regarder les autres, à vous ouvrir à ce qu’ils proposent. Plus rapide que les blogs, moins formel et moins spammé que le courriel, moins dérangeant que le mobile, le réseau social vous permet de garder des liens en un seul clic. Les nouveautés apparaissent dès l’ouverture et une discussion en ligne – privée – peut s’engager avec quiconque de vos amis connecté en même temps. A mon avis, si vous contrôlez les informations que vous livrez, le côté positif l’emporte nettement. J’ai donc créé un fesses bouc uniquement blog : vous n’en saurez pas plus sur moi que mes actes, ce que je publie. Cela pour contrer la stalinienne propension à coller une étiquette ;à la personne selon son origine, plutôt que d’examiner ce qu’elle propose. La liberté d’être et la liberté de dire sont à ce prix.
Il se trouve qu’à la suite du président Nicolas Sarkozy, les blogueurs mondains se sont rués en masse sur le réseau social ainsi mis à la mode. J’y ai été invité par Jean-Louis, histoire de renouveler la vieille et hiérarchique idée du blogo-« gouvernement » qui battait de l’aile. Le mimétisme PS laisse-t-il la place au mimétisme UMP ? (Rigolons un peu). Fini le gouvernement aux ministres initiés, avec Premier inamovible, au profit d’un réseau de pairs pas même forcément blogomondains. Cette fraternité respecte mieux les libertés dans l’égalité. Contrairement à l’ancienne, elle n’a pas cette propension au club d’influence voué à diriger les autres. Les réseaux sociaux ont été inventés dans les pays anglo-saxons où les relations sont plus directes et plus superficielles. Vos « amis » sont dès lors très souvent des gens que vous n’avez jamais vus. Une révolution au pays des « anciens » de ci ou de ça, grandes écoles, lycée huppé, formations militaires, partis et mafias diverses où l’on entre une fois pour toutes, par « naissance » du diplôme ou d’année en commun. Pas de cour ni de hiérarchie dans le réseau social, les générations s’y mêlent bien plus que sur les blogs ! Chacun peut solliciter chacun et se trouver accepté ou ignoré sans drame.
Il arrive parfois que le système se bloque ou que les liens en réponse ne fonctionnent pas. J’ai remarqué qu’il était bon que votre fournisseur d’accès courriel ne soit pas ouvert en même temps que fesses bouc, cela crée des quiproquos. J’ai ainsi répondu à des liens d’invitation sans que jamais ladite invitation ne se concrétise… Et si j’en envoie une en retour, ça bloque dans les tuyaux.
Cela dit, vous pouvez appeler à lire votre blog par un lien précis qui séduit, commenter une photo ou un lien d’ailleurs – ou écrire un court billet (3 lignes) bien plus percutant qu’un texte, sur tout sujet d’intérêt. Cet exercice de style (moins facile qu’il en a l’air) n’est pas le moindre avantage de ce nouvel outil social !
Rejoignez-nous donc sur fesses bouc, vous y serez bienvenu(e)s.
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