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Histoire vécue : l’achat et la (non)vente de prestations de traduction…

Publié le 02 juin 2009 par Tradonline

Comment réagir face à une telle situation ?

Un client (pas des moindres, plusieurs centaines de consultants, dans plusieurs pays européens) dont un des métiers est l’accompagnement des restructurations nous contacte pour nous confier la traduction d’une présentation commerciale (une "propal" dans le langage des consultants) contenant 4500 mots (d’espagnol à français). Cette présentation est très importante, et peut lui permettre de remporter un futur contrat d’accompagnement de la restructuration d’un site industriel. 

Note importante : il faut savoir que ce type de mission mobilise plusieurs consultants et ce, pendant 6 à 12 mois. Hypothèse basse, 600 €/j par consultant sur 15 jours de prestations par mois. Disons une équipe de trois (simplifions faisant l’hypothèse basse que le responsable de mission soit au même tarif). Montant de la mission : 600*3*15*6 mois = 162 k euros…pour une première phase.

Notons que l’enjeu est donc loin d’être négligeable !

Je ne compte pas le temps de préparation et de rédaction de la proposition (sus nommée "propal") : minimum une 10aine de jours consultant.

Ce client donc a besoin de diffuser une propal en deux langues (Français et Espagnol), le siège de l’entreprise étant en France, le site industriel en Espagne. Le texte a été écrit en espagnol…nous sommes 3 jours avant la défense de la propal devant son futur client. Que faire ?

Nous sommes donc consultés…4600 mots en 2 jours + relecture…c’est de l’urgence mais….nous faisons une réponse "commerciale" en proposant un tarif "délai classique et très tirée vers le bas" (en pensant à une suite potentielle) : 620 € HT.

Soit 0.4% du montant du contrat pour lequel se bat "notre" client…je dis bien, 0.4%. Un lourd investissement n’est-ce pas ?

Nous avons besoin d’une réponse rapide pour pouvoir lancer la traduction vu les délais impartis…

Voici la teneur de la conversation :

Trad Online : "Bonjour, nous vous avons fait une proposition par mail et nous avons validé la disponibilité du traducteur et du relecteur. Ils connaissent parfaitement votre secteur."

Le client : "Oui, oui, nous l’avons devant les yeux, nous sommes en train d’en discuter. Nous n’imaginions pas ("sic") un tel montant. Il faut que nous en parlions à notre directeur de mission. Je vous rappelle dans deux heures." ("oups, une heure de perdue")

Trad Online: "Vous savez, les délais sont très courts, nous avons besoin de lancer la traduction au plus tôt. 4500 en deux jours, c’est la limite avec un seul traducteur. Nous risquons être obligé de répartir la traduction entre deux traducteurs, et ce n’est pas optimal pour des questions de cohérence, d’homogénéité,..et bla et bla et bla"

Le client : " Ah bon, mais comment faire. Attendez, j’appelle le directeur, je vous rappelle"

30′ + tard…

Le client :" Bonjour, nous avons vu cela avec le directeur de mission. Il trouve cela trop cher. Nous allons faire en interne. "

Trad Online : "Ah bon, vous avez des traducteurs en interne ?"

Le client : "Non, mais nous sommes beaucoup à être venu de France et ca va être à nous de faire cette traduction, j’en ai bien peur."

Trad Online : " Ah…vous allez pouvoir dégager l’équivalent de deux jours pour faire cette traduction ? Vous avez déjà fait ce type d’exercice ? C’est un document important, une proposition commerciale… des erreurs pourraient être douloureuses pour votre image non ? "

Le client : "Oui, c’est vrai mais nous ne sommes pas prêts à dépenser une telle somme ("sic"), nous n’avons pas encore gagné cette mission. Nous allons faire nous même. Je ne vous cache pas, nous n’avons aucune envie de le faire, ni beaucoup de temps…mais bon, désolé. Si nous gagnons la mission et que nous avons de nouveaux besoins, nous vous appellerons."

Trad Online : bla bla bla + à votre disposition pour de futurs besoins.

Morale de l’histoire :

- ne revenons pas sur la somme si modeste au regard du montant total de la mission de conseil et versus le temps passé à écrire le document original

- des "non traducteurs" vont traduire le document

- des "non traducteurs" vont traduire le document sans vouloir le traduire

- des "non traducteurs" vont traduire le document sans vouloir le traduire, dans l’urgence

- des "non traducteurs" vont traduire le document sans vouloir le traduire, dans l’urgence, sans relecture

- des "non traducteurs" vont traduire le document sans vouloir le traduire, dans l’urgence, sans relecture et en coutant plus cher à leur société (temps passé versus salaire ou temps non passé à faire du commercial par ex.) que s’ils avaient sous-traité la traduction

Quelques questions que cela pose :

- la crise comme un moyen d’en remettre une couche sur ses employés…(faites vous même) et de faire de si mauvais choix

- la traduction …"ben, tout le monde peut le faire…suffit d’avoir le temps"…illustrant encore une fois le besoin de la profession de communiquer toujours plus sur ses activités et sur la réalité des compétences des agences (celles de qualité, bien sûr)

- et j’en passe. 


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