Société écran
Plus de manette, le coprs comme simple interface. C'est sur écran, mais sans doute bientôt en réalité augmentée holographique. Interaction immédiate par scan, reconnaissance visuelle, sonore,
gestuelle. Votre double invulnérable vous attend dans cette vidéo alléchante de Microsoft. Le jeu comme symbole du monde. Clone insensé du réel : la sensation sans la douleur dans un univers
inteactif fantasmagorique. On n'en sortira plus, pareil à une toile d'Eischer, happés par ce vertiges des mondes parallèles. Ce ne sont même que des débuts, des balbutiements, des ébauches d'un
monde rêvé où l'on ne demande qu'à s'endormir, d'une sommeil béat, infiniment ludique, insouciant.
S'endormir ?
Alors, en un deuxième temps, prenons un peu de recul. Je suis un défenseur du jeu vidéo en ce qu'il n'a quasi aucun effet sur notre vie. Parce que c'est un jeu. On peut tuer un million de types
dans un jeu, voler des voitures, parfois tricher. Tout ceci ne nous rendra ni meilleur, ni même pire ! La lutte des affects est ailleurs, dans notre profondeur historique personnelle. Le jeu est
inconséquent.
Et donc, si le jeu comme symbole du monde, cette vision futuriste du monde comme simple terrain de jeu, linéaire, débarassé de passions, anorexique de réel, si ce jeu-là, qui fait de nous un
éternel enfant nous prenait un peu de notre âme ?
Le débat est ouvert. Mais, pour ma part, si les supports changent, voire se révolutionnent, le terrain du jeu ne sera jamais qu'un terrain, un endroit clos, au fond, absent aux lois de ce monde. Et
dès lors que nous y entrons, comme en un lieu sacré, nous savons que nous y entrons, c'est-à-dire que nous avons à tout moment la posibilité d'en sortir. Sinon, la folie nous guette.