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Les désordres de l'Université : "Crisattitude" à la Fac

Publié le 03 juin 2009 par Hermas
Crise des universités : ce n'est rien de le dire mais la crise est à la mode. Il FAUT qu'il y ait une crise. C'est très tendance, c'est la “crisattitude”.
Depuis le mois de janvier, « il y a eu au maximum entre 12 et 15 semaines de cours, il y a 15 heures de cours par semaine on peut mettre les bouchées doubles pour assurer un plan de rattrapage », a assuré la ministre, Valérie Pécresse
Bien entendu, personne ne peut contredire le constat alarmant de l’Université française : paupérisation matérielle, faible engagement financier par étudiant au regard des moyennes européennes, déficit d’enseignants, trop peu de bourses et d’aides au logement. Et la liste est trop longue pour la dresser ici. Et surtout, oui, l'enseignement, de la maternelle à l'Université, vit une débâcle pédagogique et spirituelle considérable depuis plus d'une quarantaine d'années.
Oui, mais :
En réalité, on se demande bien comment ils vont en sortir, de cette crise. Déjà, certains envisagent une solution radicale : celle de valider le semestre, tout simplement. C'est commode et à bas prix en effet. Pourquoi ne pas donner le diplôme carrément ? La solution, si c'en est une, est très séduisante. Diplômé sans rien avoir appris, sans rien avoir travaillé, gratis. C'est à cela, en fin de compte que visent ces grèves et ces blocages à jet continu. Et je le comprends. Si j'avais glandé manifesté toute l'année en jouant à la « soixantehuitarde », en rejouant et en essayant d'imiter des combats de la jeunesse de papa, j'aurais bien fait la même chose. L'heure de l'échéance fatidique des examens arrivant, quelle autre porte de sortie est-ce que j'aurais pu trouver ?
Chaque année, c'est pareil. 2007 avait vu se jouer le même drame : certains étudiants pensent-ils réellement réussir...avec encore plus de la même chose, qui a démontré que cela ne marche pas ?
Faisons un petit retour en arrière à la génération précédente : qui se rappelle de l'université de Vincennes ? Le 13 janvier 1969, ouvrait le Centre universitaire expérimental de Vincennes, né dans le sillage de Mai 68 (expérience née sous la présidence du Général De Gaulle ; N. Sarkozy aurait-il été aussi libéral ?) En 1980, "Vincennes", à l'initiative de Jacques Chirac, maire de Paris, et sur ordre d'Alice Saunier-Seité, Ministre des Universités, est expulsée du Bois de Vincennes, et les bâtiments sont rasés puis l'université est transférée à Saint Denis.
Que s'est-il passé ?
L'université de Paris VIII a été secouée à plusieurs reprises par divers mouvements sociaux, grèves, blocages, etc. dans une ambiance de gabegie permanente... En 1977, la lutte des étudiants non-inscrits prend une forme particulièrement violente puisque le Président de l'université, Pierre Merlin, est séquestré puis passé à tabac en présence de plusieurs centaines d'étudiants. En 1979, l'université est occupée par un collectif de mineurs en fugue.
Or, l’Université publique à le monopole de la délivrance des grades : licence, master, doctorat. Les établissements privés (qui ne peuvent, depuis une loi de 1880, porter le nom d’université) ne délivrent ces diplômes que sous le sceau d’une université d'État avec laquelle ils ont passé une convention, ou grâce à un jury rectoral, si le recteur le veut bien. La liberté de l’enseignement supérieur, reconnue en 1875 a été limitée depuis la loi de 1880.
Pour autant, en décembre dernier, a été signé un accord entre le ministère français des affaires étrangères et le Vatican, prévoyant une reconnaissance par la France des diplômes délivrés par les universités catholiques, les facultés ecclésiastiques et les établissements d’enseignement supérieur dûment habilités par le Saint-Siège, non seulement des diplômes canoniques, mais aussi des diplômes profanes.
Bien entendu, les tenants inconditionnels de la laïcité et du monopole public (par “laïque”, il faut entendre “athée”, les deux mots sont synonymes en France) sont montés au créneau. Las, car, en fin de compte, le texte a été publié par le Journal officiel sous forme d’un décret signé par le Président de la République et par le ministre des affaires étrangères : conséquence, si le Vatican reconnaît tel établissement privé français (catholique) ou tel diplôme, la reconnaissance du diplôme par l'État français sera acquise automatiquement !
Inutile de préciser qu'entre les deux formes d'enseignement, l'idéologie et la pédagogie n'ont rien à voir l'une avec l'autre :
Pour l'école catholique, en théorie et au-delà de la très importante transmission des savoirs et de la culture, son devoir est de témoigner du Christ et de l’Évangile sous les formes appropriées aux jeunes qui lui sont confiés.
« L’école catholique revêt une importance considérable dans les circonstances où nous sommes, puisqu’elle peut être tellement utile à l’accomplissement de la mission du peuple de Dieu et servir au dialogue entre l’Église et la communauté des hommes, à l’avantage de l’une et de l’autre. » (1)
Quant à l'enseignement public, ses buts, ses tenants et ses aboutissants semblent plus obscurs : s'il ne s'agit plus tellement de transmettre des savoirs, de construire une personne capable de vivre en société et responsable de sa vie, alors quoi ? Mis à part la transmission d'une certaine idéologie absconse, qui ne doit surtout pas servir à préparer l'individu à sa vie professionnelle, ni participer à la construction de sa culture générale, ni même à sa vie tout court.
Les mouvements étudiants de ces derniers mois vont-ils aboutir au destin de l'université de Vincennes ? Au vu des événements de ces derniers mois, et même de ces dernières années, on pourrait le craindre. D'autant plus que l'Université et ses enseignants se sont totalement discrédités. Est-il besoin de rappeler que les étudiants en grève et en mouvements sociaux n'ont pas leurs diplômes, eux, et qu'ils n'ont pas encore trouvé une place dans la société ? Les enseignants qui les ont manipulés et poussés seront-ils là, le moment venu, pour défendre leur situation, les aider à trouver un travail et à le garder dans de bonnes conditions ?
Entre les deux, le choix peut-être vite fait, et beaucoup franchissent le pas.

Nathalie
Blog ANIS VERT

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