Magazine Humeur

Donald

Publié le 04 juin 2009 par Jlhuss

auxerre-vieille-ville-1.1244093916.jpg Nous habitions en ville le long des boulevards une maison assez vaste pour y loger parents, enfants, grand-mère, chats, chiens, tortues et poissons rouges. Pas le cheval.

Il était en pension dans le club où j’accompagnais ma mère pour y siroter avec une paille mon orangina du samedi en regardant la reprise, pas convaincue de tenter un jour l’expérience.

Je retenais cependant bien volontiers quelques mots équins utiles pour être capable d’alerter en urgence toute la maisonnée le jour où  la chatte angora se mit à pouliner près du radiateur.

Tout bien comparé, mes quatre pattes « modèles réduits » de la ville avaient ma préférence.

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Un coup de griffes chauffant la paume de la main m’apprenait que Milor en avait assez de jouer et que cet affront, à peine saignotant, lavé dans les larmes, était plus supportable que de me retrouver par terre après une ruade. Ce qui ne manqua pas de se produire un peu plus tard sans avoir eu le temps de démêler le pourquoi du comment. Pas de sanglots, mais une disparition inexpliquée pour une rumination prolongée dans le hangar, bien dissimulée derrière les ballots de paille.

La chienne berger allemand était la partenaire idéale pour mener à bien les patrouilles les plus délicates le long des thuyas de la clôture. Elle reniflait dans ces sous bois urbains le moindre passage suspect de chats étrangers et me prévenait en tirant sur sa laisse de l’intrusion de merles fouillant cette terre humide et toujours fraîche pour y chiper quelques vers. Le casque militaire de mon grand-père paternel en équilibre instable sur ma tête renforçait la dissuasion.

L’autre chienne Lassie avait toutes les patiences et nous surveillait en digne gardienne de troupeaux.

Les tortues étaient de bonnes filles sans âge, gourmandes de bananes et de chatouilles.

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Les poissons rouges, peu de choses à en dire, sauf que les uns après les autres, ils « neurasthénisaient » dans le bocal jusqu’à cette foire et ses manèges où l’on cessa d’espérer toute acclimatation.

Un jour de marché à midi je rentrai de l’école. Ma mère m’emmena sur la terrasse où elle avait déposé une caisse en bois que je pouvais ouvrir sans tarder.

Une énorme surprise de petite taille, long bec aplati et dessus du crâne égratigné, c’était un poussin canard ! Dans une envolée de cris, de battements d’ailes et de mains, nous nous sommes reconnus. Il ressemblait à Saturnin mais s’appellerait Donald, j’étais sa mère et… quelle mère !

Je l’ai élevé comme un chat qui aimait l’eau.

Il siestait longuement sur mes genoux, interrompait mes devoirs d’écolière pour faire les siens en me prévenant de l’imminence avec de délicats pincements sur les boutons de ma chemise. Je le posais alors à terre… mon canard était propre…d’ailleurs, il ne refusait pas la serviette à la sortie du bain mais tirait dessus comme un beau diable pendant que je tentais de le sécher…

Il raffolait des vers de terre soustraits aux merles. Je lui en trouvais de longs et bien gras en grattant la terre meuble du garde-manger.

Les félins le laissaient vivre.

Donald mourut de sa belle mort.

J’écrirais bien quelques mots sur Rasoute, Titi, Fifoing ou Loustic, mais…mon canard m’appelle…

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