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MODEM, la droite a de l’avenir

Publié le 06 juin 2009 par Vogelsong @Vogelsong

Contre toute logique le basculement du paysage politique français vers la droite se poursuit. L’émergence du MODEM après l’élection présidentielle de 2007, sa présence significative deux années plus tard le confirme. Le parti présidentiel de F.Bayrou s’est installé durablement dans le paysage politique français. Et, pas au détriment de l’UMP.

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La droite décomplexée a peu de soucis à se faire. La décomposition idéologique a atteint le stade critique du néant politique. L’incompétence par le jeu du marketing et de la stratégie électorale offre maintenant la récompense du pouvoir. Dans la démocratie du moment, grâce aux égos infatués, un bilan exécrable agrémenté de salves quotidiennes de balivernes permet aux hiérarques de l’UMP un accaparement constant du pouvoir. Sept années de gouvernement, trois à venir, et plus si tout s’agence bien. Comme partenaire, l’ambitieux leader du MODEM tient parfaitement son rôle. Exécute admirablement la partition. À la tête d’une armée mexicaine, composée de proto UDF, de frustrés du socialisme et d’opportunistes en tout genre, l’ancien ministre de Balladur vibrionne dans le paysage politique français. Parfaitement certain de son destin, il veut incarner une alternative lors des prochaines présidentielles.
Bien engoncé entre le PS et l’UMP, il a réussi à parachever le discrédit du parti de J.Jaurès. Il lui arrive même, lors de diatribes, de le doubler par gauche. R.Dati déclarait que F.Bayrou était “le meilleur socialiste”. Mais un socialiste de droite.
Le PS a fait beaucoup de chemin en trente ans. Il est allé si loin que personne ne croit en son projet, en ses hommes. La moindre mesure sociale avancée par le parti de M.Aubry fait au mieux sourire. Le leader du mouvement démocrate par son positionnement tactique maintient la prise d’étranglement du PS. Déjà deux années de suffocation sous l’œil amusé de l’Élysée.
Le MODEM n’a pas de programme et se garde bien d’en élaborer un. L’objectif du parti : durer jusqu’en 2012. Ne pas cocufier ouvertement et avant le scrutin les militants et électeurs. Car il y aura des déçus. Beaucoup. Mais la stratégie est payante, stérile de toute proposition, il pèse. Alors pourquoi précipiter la tombée des masques ?
Enrober le discours économique de la mystique “humaniste” parait suffisant aux supporters orange. F.Bayrou manie judicieusement des hochets pour militants à basse intensité : une devanture ripolinée tango, un projet nébuleux, des concepts politiques vaporeux. Les vieux UDF tendance catholique utilisent cet artifice depuis des lustres, ils en comprennent le code, en attendent le pouvoir. Les nouveaux adhérents, exaltés, y voient un nouveau concept prodigieux pour faire “de-la-politique-autrement”. Autrement, avec des nomades idéologiques comme J.L.Benhamias qui siège avec le groupe vert européen ou la jupette C.Lepage de Cap 21, qui veut “dépasser-le-clivage-gauche-doite-en-écologie”. Et des soutiens bigarrés tels J.Peyrelevade ou le libéral démissionnaire C.Saint-Etienne. Au mieux, le MODEM sera un PS sans l’histoire. Amnésique de la grande Histoire sociale, celle des luttes, des victoires, du progrès.
Le “centre” n’existe pas. En politique, les “sans étiquettes”, les “apolitiques”, “divers”, et les centristes finissent toujours à droite. Un tropisme qui veut qu’invariablement à la fin, entre droite et gauche, le balancier  tombe infailliblement à droite.
La dislocation complète du PS rendrait l’élection présidentielle risquée pour N.Sarkozy. Face au béarnais, il serait probablement perdant. Ce dernier, effet répulsif aidant, bénéficierait d’une grande partie des voix de la gauche. Une piètre consolation pour les progressistes, qui, au lieu d’élire un libéral inculte, hériterait d’un libéral modéré.
Le maintien du statu quo, avec un PS exténué, un MODEM à 14% profitera à l’Élysée. La répétition du scenario de 2007 étant plus que probable. A la clef, un tour supplémentaire avec l’UMP.

En tout état de cause, et malgré la déroute idéologique du libéralisme et de l’individualisme comme projet de société, devant la crise dévastatrice qui frappe les plus fragiles, la droite qu’elle soit modéré, conservatrice, décomplexée, de F.Bayrou à N.Sarkozy a un bel l’avenir.

Vogelsong – 29 mai 2009 – Paris


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