Paul Jaurion economiste, mais aussi diplômé en sociologie et en anthropologie sociale.. Citoyen US francophone était l'invité de Parlons Net, sur France Inter. Vous allez voir que cet homme utilise un langage simple, sans prise de tête ni formulation technique. Et il nous rappelle quelques évidences sur la crise, bien au delà des oublis ou mensonges de la presse française toujours réfugiée derrière sa ligne maginot.
Parlons Net reçoit Paul Jorion - 5/6/09
Pour lui la crise est en W, avec 2e V du W qui décent plus bas. Vous ne comprenez pas ? c'est simple imaginez qu'on dessine la courbe de la croissance ou baisse du PIB. Il estime que la forme de cette courbe sera celle d'un W, donc avec la présence de deux phases de forte chute, et le second encore plus fort.
Il est bien renseigné, par ce qu'il bossait dans l'industrie financière (Indimac). Comme spécialiste du crédit à la consommation et avec
ses collègues le midi se disait "ça va sauter" et ce dès 2004.
C'est un crise systémique partie de la finance avec conséquences dans l'économie réelle. Ça tout le monde l'a constaté, et on nous parle aussi de réformer le capitalisme. Chez nous ne rigolez pas, Sarkozy a demandé à Lefebvre de s'en occuper.
Des années 75 à maintenant on assiste à la finance qui croit par parasitisme. L'emploi du mot parasite est très important. Jorion est un sociologue. On subit désormais l'explosion des subprimes est comparable à des "mines" qui explosent suite à titrisation massive de dettes ou de créances.
Il répond que La stagnation des salaires a conduit à un recourt massif à l'emprunt et donc un emballement des chaines de crédit. On assiste à une multi dépendances des dettes entre établissements bancaires. Si on lui demande si on peut se retrouver façe à d'autres surprises ? Il répond qu'on a affaire à "60% des pertes encore cachées". Ça vous ne l'entendrez pas au JT de France 2 et le lirez pas en une du Monde. Impossible de lire ça aussi chez le pitre Eric le Boucher qui défèque désormais sur slate.fr.
Pour Jorion la crise n'est pas encore arrivée complètement en France. Aux USA on assiste à une perte de confiance complète dans le système, en Californie les restaurants se vident et ferment, on voit des gens de la classe moyenne dormir dans leur 4x4, seul patrimoine qui leur reste. Je n'invente rien, c'est passé un dimanche midi sur Canal+.
Du coup aux USA plus personne à part les libéraux, ne parle d'auto-régulation. Mais certains ânes annoncent la reprise à la fin de l'année. Pourquoi ? par ce que ces ânes trouvent que l'auto-régulation semble fonctionner: ils se basent sur un rebond de la bourse 13% .... après une chute de 40%. C'est un répit qui ne va pas durer Nous explique Jorion.
Tout ça (le rebond) est basé sur des chiffres et bilans camouflés. C'est le système financier US qui disparaît. Bill Gross, le plus gros investisseur en obligations (Pimco) a conseillé aux investisseur de sortir du dollar et d'investir dans d'autres monnaies. C'est bel et bien un signe que la confiance des spéculateurs dans le système US est assez mauvaise ou en voie de réduction.
Pour Jorion, le système US va ressembler au système chinois, avec un capitalisme d'état. Nationalisations rampantes: GM, les banques etc..
Quand on lui demande si on aura une nouvelle bulle avec les carte de crédits en défaut massif, il répond que oui mais aussi qu'il y a pire encore: La crise hypothécaire n'est pas finie avec les subprimes et la suite arrive. Avec les autres types de prêts les "prime", c'est à dire ceux aux USA qui étaient bien notés par les banques. Le taux d'impayés grimpe chaque mois. Googlez un peu sur "ALT A" ou "OPTIONAL A". Tout cela est logique et il faudrait être con pour le nier. Par ce que la crise crée du chômage, et donc des impayés en terme de crédit. Il cite comme exemple une ami de sa femme qui ne paye plus ses mensualités depuis 11 mois et la banque ne fait rien par ce qu'elle ne ferait rien de la maison.
Et ça concernera bien plus de gens que les subprimes : le double. Vous voilà prévenu, surtout quand vous tombez sur des couvertures du Monde qui vous expliquent que les banques vont mieux.
Question d'un journaliste : Le libre échange et la concurrence folle ne sont pas la base de cette crise systémique ?
pour lui problème c'est la spéculation sur les évolutions de prix (actions, matières premières). Si on tue celle-ci ça permet de garder le libre échange. Il suggère de découper la titristation, de l'extraire du système et ça le changera en gardant le reste. On voit donc qu'il est dans la vision d'un capitalisme 2.0, même s'il pense que le système actuel ne survivra pas. Les journalistes n'ayant pas posé de question sur la démocratisation des rapports de force dans l'entreprise ou socialisation, on n'en saura hélas pas plus. Sans doute des questions à lui poser un jour si on le rencontre. Je me demande ce qu'en pensent par exemple Vogeslong qui a déjeuné avec lui ou alors Marc Vasseur.
Il estime que cela inversera la concentration des richesses, et tuera la spéculation sur les prix, ce risque artificiel qui vient de nulle part, une tombola, un casino. Concentration au centre de la finance, organisée par les banques, les organismes financiers et supervisés par des régulateurs. Tous sont complices. C'est ça qui fout la merde. Là ce sont ses mots, une fois rassuré (on est sur internet là?)
Il propose de réduire la finance à 10% de ce qu'elle est actuellement. Pour moi c'est déjà de trop, quand on voit les volumes, on peut dire que 1% suffirait. Il explique qu'il faut empêcher les musées et fondations US de spéculer ! Tout le monde spécule avec comme but l'appât du gain. Vous avez bien lu, même des musées y ont eu recours pour financer la retraite de leurs salariés. On voit ici où est arrivé le modèle de la retraite par capitalisation.
Pour lui problème de la demande est un problème de revenus: L'argent réel qui ressort en primes, bonus dans la finance peut être utilisé ailleurs. Et c'est énorme, fouillez un peu ça représente certaines années 100 milliards de bonus à Wall-street et des montants non négligeables à la City. Par contre il n'explique pas comment la récupérer. Surtout dans des nations comme les USA où 1% de la population concentre 38% de la richesse alors que 50% ne doit se contenter que de 2% de la richesse. Il n'y a qu'une solution, là aussi les journalistes ont manqué la question: Par l'impôt progressif, revenir aux situations d'avant 1975-1980.
Labarde de Vendredi lui demande si on peut faire confiance au libre échange avec une devise centrale qui varie de 35% ? Ou encore avec Chine qui ne respecte pas grand chose? Jorion rétorque qu'il faut qu'on revienne à Bretten Woods... Pour lui si les investisseurs sortent du dollar ça sera réglé. La chine passe au DTS, on sortira de la crise grâce à la Chine. le DTS est un instrument monétaire du FMI, basé sur plusieurs monnaies et donc moins impacté par le dollar et ses variations.
Le plus intéressant et éloigné de l'ambiance actuelle dans ce pays arrive quand on l'interroge sur Obama. Il en dénonce les discours fracassants ... Il lui concède un problème: Une équipe difficile à constituer, car il avait placé la barre haute en terme d'honnêteté et tout ce monde là fraude, ne déclare pas tout ou alors est main liées avec des banquiers. Et Obama reste prisonnier de l'oligarchie: C'est ce que dénonce Simon Johnson ancien du FMI. Obama est otage de l'oligarchie bancaire et du big business, c'est la chambre de commerce qui dirige le pays et décide de certains coups à l'étranger: guerre etc... Au bout de 4 mois 1/2, tout cela décourageant pour Jorion: Il a hésité à l'appeller Bush III: "Beau discours. On attend les actes".
Pour lui il n'y a pas de plan US: C'est charitable de parler de plan. Il n'y a pas de truc pensé. Bad Bank ? oui , non ? on ne sait plus. On ne sait pas si ça va produire de l'inflation ou de la déflation. Ils font n'importe quoi et agissent sur tous les boutons en même temps.
"On entend que c'est en train de repartir", c'est bidon(..) "ça va aller très très mal",Il explique qu'il faut écouter Attali, ça va durer 5 ou 6 ans. Il faut une alternative, envisager que le capitalisme soit blessé mortellement. Et savoir ce qu'on va mettre à la place et pas des trucs violents dans un sens ou un autre. Pour lui le système est très très endommagé.
Il propose donc une constitution économique. On trouve ça sur son blog via un wiki.
Sa seule proposition: Interdiction des paris sur les variations de prix (donc spéculations à la baisse etc), mais une douzaine d'autres font des propositions. Il nous explique aussi que nous sommes proches du point de basculement: On ne passe à autre chose que quand la population est exaspérée. Aux USA la population est pas encore exaspérée mais presque. En UE, ça viendra plus tard, c'est une question de quelques mois. Il explique la morosité en Californie, les fermetures de restaurant. Nous n'en sommes pas encore là.
Une belle occasion de corriger le coté "ligne maginot" de la France va être donnée quand on le question sur le G20 un vaste plaisanterie ? la presse Française va en prendre pour son grade. Au même moment que le G20 les groupes de pressions financiers US ont introduit un coup. Via leurs lobbies et en plus le Wall Street Journal a montré qui a payé quel élu pour obtenir ça: Ils ont obtenu de nouvelles règles comptables appelées FAS-157e et donc le moyen de planquer les créances douteuses et donc produire des bilans faussement positifs. Tout ça voté par la chambre US le même jour que le G20 se décidait à produire son communiqué. La bourse a rebondi, à cause de la modification des normes comptables : D'un seul coup des bilans devaient positifs. Tout le monde l'a appris sauf en France : au trimestre suivant, les chiffres seraient truqués. On a alors vu le Monde titrer sur le fait que les banques allaient mieux. Bref, du brouillard, et pas du tout une réussite du G20 dont on a vu le coté tartufferie.
L'Oligarchie est dans le brouillard elle aussi. Sauf que leur situation est plus agréable que la notre. Mais cela rassure. On le question sur la gouvernance mondiale ? le FMI est il HS ? Il répond que Stiglietz propose d'agir au niveau mondial avec un G192 c'est à dire l'ensemble des nations et donc sans veto US.
Les nations pauvres pourront parler. Pas forcément dans les nations unies (ONU), mais avec l'ensemble des nations.
C'est une idée défendue par Attali, Johnson (ex FMI) et c'est éloigné de l'Oligarchie G8 et groupes informels comme le Bilderberg. Plus la crise dure, moins le dollar sera monnaie de référence, on apprend par exemple que certaines nations envisagent de commercer dans leur propre monnaie plutot que le dollar. Donc mécaniquement le poids des USA va baisser. Il nous explique que Stieglez dirige une commission avec des pays qui n'ont pas voix au chapitre : El Salvador , Nicaragua etc... On comprend alors que ses idées aient un peu de mal a sortir. C'est bien dommage.
Au détour d'une phrase, il explique "je n'ai pas d'actions, je suis contre les actions". Et que la Bourse ne sert à rien, c'est un mythe. Il veut interdire les spéculation sur variations de prix . Elle profite aux gens qui sont dans les marchés financiers qui poussent les prix dans un sens ou l'autre dans le but d'en tirer un gain pour eux.
80% du fric va aux plus riches, une masse d'argent thésaurisé via la spéculation.C'est ça qu'il va falloir réduire et combattre.
Alors comment ? Dans une nuit du 4 aout ou des longs couteaux ?
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