Logique, finalement. USAP 22 - Clermont 13

Ainsi le Brennus va-t-il prendre la direction du Roussillon, de cette terre catalane qu'il n'avait plus vue depuis 1955, alors que tous les amateurs de ce jeu (à l'exception notable mais compréhensible des supporters Pergignanais) entrevoyaient pour lui une destination Auvergnate.

Si, sur le moment, on pouvait se dire que le résultat de la finale du Top14 venait de déjouer les pronostics, l'analyse à froid de la victoire de l'USAP conduit à trouver assez logique la conclusion du championnat 2008-2009.

D'abord parce que l'a emporté hier soir l'équipe qui a terminé première de la saison régulière. L'USAP a confirmé en finale la solidité de son groupe, et sa solidarité. Malgré une première mi-temps très médiocre, les Catalans ont fait le dos rond et n'ont pas été décrochés au score. Cela leur a permis de revenir dans le match. Une fois devant, après un essai de David Marty et une pénalité de Jérôme Porical, l'USAP n'a rien lâché et a même terminé plus fort que son adversaire.

Logique, le résultat l'est aussi au vu du match lui-même, et de la propension dont Clermont à fait preuve de se rendre tout seul la tâche difficile. Ce qui frappe, c'est l'approche "gestionnaire", petit bras, du jeu proposé par les Clermontois au regard des capacités immenses de cette équipe. En ne creusant pas davantage l'écart en première mi-temps, alors que l'USAP ne semblait pas au mieux - notamment dans la conquête, l'ASM a entretenu l'espoir catalan et laissé s'instiller le doute dans les esprits auvergnats. Dès lors que l'USAP est parvenu à marquer et à passer devant au score, Clermont a semblé perdre tous ses moyens.

On peut se demander ce qui manque à cette équipe, incapable de vaincre des adversaires qui ne lui sont pas forcément supérieurs. Parler de malédiction est sans doute trop fort. Mais deux finales perdues de rang, par un effectif sensiblement identique, cela a nécessairement un impact psychologique...

Deux hommes ont incarné cette finale.

Brock James, l'ouvreur Australien de Clermont, a une nouvelle fois raté sa finale. Imprécis au pied, pas très inspiré à la main, le métronome Auvergnat n'a véritablement fait parler sa classe que dans les premières minutes du match, en délivrant notamment une balle d'essai à Napolioni Nalaga. Mais il aurait fallu qu'il tienne le rythme toute la partie. Au lieu de quoi le numéro 10 de l'ASMCA a décliné au fil du match.

Jérôme Porical, l'arrière de Perpignan, est sans conteste l'homme du match. Décisif sur l'essai catalan, le petit-fils et fils de finaliste du championnat a fait honneur à sa réputation de buteur. Il a enquillé tranquillement ses pénalités, et n'a pas tremblé sous les chandelles auvergnates. Son équipe lui doit beaucoup. A quand une chance en bleu ?

Le duel des supporters, magnifique hier soir, n'a quant à lui pas connu de vainqueur. La dignité des Jaunards n'a eu d'égale que leur tristesse. Quant aux "sanc-et-or", ils ont fait beaucoup de bruit pour rivaliser avec les jaune-et-bleu. Les spectateurs les plus neutres du Stade de France ont rapidement été embarqués dans une ambiance comme ont aimerait en connaître plus souvent.

Bravo donc à l'USAP, qui a mis fin à l'hégémonie du BTP (Biarritz, Toulouse, Paris), et qui fait un beau champion. On est uin peu inquiet pour Clermont. On devrait sans doute assister à des changements nombreux. C'est sans doute la condition pour parvenir à vaincre une loi de séries de plus en plus lourde à porter. Plus que les dix défaites en dix finales, c'est la série de trois finales perdues de rang qui doit conduire les dirigeants à s'interroger sur la façon de constituer un groupe capable d'aller au bout.

Comme le suggère un analyste pertinent des choses du rugby, et habitué de ce blog, peut-être faut-il regarder plus attentivement ce qui caractérise les équipes vainqueurs des deux dernières saisons : des pros, certes, mais avant tout des copains...