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Fair-play à la chaîne

Publié le 24 avril 2007 par Philostrate
Imaginez un candidat à la présidentielle qui, au soir d'une défaite au second tour, annonce : "Finalement, je suis bien content de ne pas être élu. Ce pays ne vaut pas un clou, je me tire en Suisse !" Ou bien un finaliste  malheureux de Roland-Garros déclarant : "Je suis soulagé d'avoir perdu, car je préfère vraiment le trophée de Wimbledon, celui-là je n'en aurais même pas voulu dans mon garage…" Dans les deux cas, il y aurait de quoi s'interroger sur la bonne foi voire la santé mentale de l'intéressé…   Ce type de réaction est pourtant devenu monnaie courante dans le paysage audiovisuel français. Les chaînes de télévision, qui tournent autour du pot de miel des droits de retransmission du football comme un essaim de mouches sous ecstazy, font désormais preuve à chaque appel d'offre d'un sens du fair-play pour le moins douteux. Première à ouvrir le bal : Canal, après s'être vu chiper l'an dernier les droits de la Premier League anglaise par TPS avant que les deux bouquets ne fusionnent. Réaction un brin dédaigneuse des dirigeants de la chaîne cryptée, forts de leur exclusivité à 600 millions d'euros sur le championnat de France de football : "Nos abonnés sont avant tout passionnés par la Ligue1 et, avec les matches des championnats espagnols et italiens dont nous conservons les droits, nous avons déjà ce qui se fait de mieux en Europe." Dans ce cas pourquoi s'obstiner à participer à l'appel d'offre pour le foot anglais ? Mystère…   Tout aussi classe, la réaction de TF1 éconduite au profit de France Télévision dans l'attribution des droits des résumés de Ligue 1 et de Ligue 2 qui, depuis 1977, constituaient le plat de résistance du Téléfoot dominical. Dans la bouche de Charles Villeneuve, directeur des sports de TF1, cela donne : "Tous les Français savent que la Ligue 1 est inférieure aux autres grands championnats européens. Pour preuve, il n'y a pas un seul club français en quarts de finale de la Ligue des champions…" Moralité : comme il est plus difficile d'accepter un revers que de diffuser à longueur d'année des spots publicitaires faisant l'éloge de la sportivité et des beaux sentiments, mieux vaut dévaloriser le "produit" a posteriori que de passer pour le cocu de l'histoire. Un peu comme si le rival éconduit de la plus jolie fille à marier du pays venait beugler d'une voix avinée au passage du cortège le jour des épousailles : "J'te la laisse, elle est trop tarte !" Pas d'une grande finesse, mais pile poil dans le ton de l'époque…

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