Magazine Environnement

Focus sur l'affichage et la pratique des valeurs

Publié le 10 juin 2009 par Bix

Le 5 juin dernier, Libération proposait un encart de publi-information sur l'économie sociale et solidaire, intitulé Entreprendre ensemble autrement. 8 pages consacrées à l'économie "ensemble autrement", soit les finances solidaires, l'insertion, les coopératives, le commerce équitable etc.

Mais cette opération de communication du Ceges n'est pas du goût de tout le monde et Politis dénonce cette manière de communiquer à propos d'une économie qui revendique des manières différentes de procéder. Les arguments sont valables.

Politis critique tout d'abord l'axe de communication, où la parole est réservée au patronnat. Il ne m'appartient pas de critiquer ce choix. Il a visiblement été décidé de viser un public d'entrepreneurs plus que de consommateurs, d'où l'intérêt de donner la parole, par exemple, au fondateur d'Éthiquable. Le journal insiste sur les qualités solidaires affichées des dirigeants, sans doute pour mieux montrer le paradoxe apparent de l'opération Focus et mieux retourner leurs discours qu'il juge trop lissé : ce pompeux et lénifiant supplément écrit par les communicants et relu à la virgule près.

Le coût, ensuite. Une de leurs sources, un salarié d'une boîte de comm', estime que 4 pages ont été facturées 99 000 euros pour les Focus précédents (un sur l'illetrisme par exemple). Pour ce Focus-là, Politis estime que l'agence a facturé 317 000 euros ! Outch, belle somme en effet. Mais quel impact également : certes, le tirage de Libération est loin de News of the World ou de l'Équipe, mais l'insertion d'un tel encart dans un média de masse se paie au prix fort. L'exposition médiatique et ses travers (simplification du message, lissage des complexités internes) est à ce prix. C'est sans doute préférable à une économie certes louable et généreuse, mais confidentielle et cantonnée à jouer la serpillière du capitalisme.

Les méthodes, enfin. Là, ça fait plus mal. Car pour faire ce publi-rédactionnel, il a fallu faire appel à Buzi'Com (pas de site, bizarre) qui s'adjoint les services de SOS Bouclages, que Marianne avait étrillé. Sans doute le Ceges n'a-t-il pas eu le choix, sans doute y a-t-il un contrat entre Libé et Buzi'Com, mais clairement, c'est en opposition avec les valeurs affichées par l'économie sociale et solidaire.

La critique de Politis prouve que dès l'instant où l'on proclame une volonté de faire autrement, de faire mieux, on n'a pas le droit à l'erreur ni aux compromis. Ce Focus, à mon sens, est une bonne nouvelle pour l'économie sociale et solidaire dans la mesure où des futurs créateurs d'activité ont lu des interviews et des articles sur une façon différente d'entreprendre, loin de l'auto-entreprenariat solitaire ou de l'aventure personnelle du patron.

Seulement, en faisant appel à une entreprise "classique" peu regardante sur le droit du travail (ou du moins son respect) le Ceges s'est attiré les foudres des militants qui aiment à décerner des labels de pureté. Il était sûrement possible de réaliser un tel matériel avec une scop de la communication, il est même probable que les salariés du Ceges y aient pensé. Mais ça ne s'est pas fait : tous les acteurs de l'économie en général et de la communication et journalisme en particulier ne sont pas sensibles aux arguments de cohérence entre les valeurs proclamées et les actes pratiqués.

Pour conclure, j'invite Politis à s'intéresser aux évènements et aux communications totalement responsables. Un peu de bonnes nouvelles, ça fait du bien des fois.


Salarié de l'Atelier (qui s'affiche dans cet encart sur 1/4 de page), ce qui est écrit ci-dessus n'engage bien sûr que moi et ne représente en aucun cas les opinions de l'association et ses dirigeants.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Bix 96 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog