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A quelques heures de la publication de son nouvel ouvrage, l'ancien Premier Ministre met le cap sur l'espoir collectif.
La principale mutation des dernières années réside dans le passage de nos sociétés à l'état de bonheur raisonnable à celui de bonheur improbable et maintenant au désarroi de la fin malheureuse.
Historiquement, le monde occidental a longtemps été d'abord composé de territoires d'optimisme et de confiance absolue. Les guerres ou autres épreuves majeures constituaient des épreuves dramatiques mais elles étaient des parenthèses sur un chemin vers l'amélioration collective.
Maintenant la logique est différente. Les échecs sont violents et le pire semble devant.
De la guerre à la paix, il y avait le temps de se désarmer et d'écouter le coeur des êtres humains.
De la faim au meilleur niveau de vie, il y avait le temps de la prise de conscience et de l'organisation collective.
Du développement à l'anéantissement, c'est le temps de quoi ?
C'est certes le temps d'un nouveau collectif mais c'est aussi celui d'un nouveau comportement individuel.
C'est surtout le temps d'un nouveau collectif qui ne peut pas faire référence au passé pour guider des actes puisque ce passé ne conduit pas au meilleur.
Pendant une longue période, la raison devait permettre d'arriver à la vérité et au bonheur. Dans ce cheminement, la nature est complice, comme terrain de découverte, comme décor, comme origine du bien et du bon.
Davantage, nous nous étions même habitués à la complémentarité entre le bonheur individuel et le bonheur collectif. Ce dernier apparaissant comme l'addition des bonheurs individuels.
Ce schéma se heurte à la révélation que la réalité peut être à l'opposé.
Après que le progrès ait été perçu comme une suite infinie de fuites vers l'illusion d'un bonheur toujours futur, c'est désormais le désarroi face à l'immensité des défis qui nous attendent et nous éloignent du bonheur.
Nous sommes à cette étape marquée par la privation de sens. Nous nous sentons prisonniers d'un développement qui nous échappe. Ce n'est pas la faiblesse de la raison qui rend le monde incompréhensible. C'est le sentiment que les corrections seraient trop difficiles, presque hors de portée.
L'histoire aurait connu des accélérations imprimant une marque qui échappe à la maîtrise humaine donnant naissance à un mouvement redoutable composé de fuites et d'incohérences.
A cette étape, les prochaines années seront décisives. Il nous faut nous réapproprier la détermination personnelle pour croire au plus profond de nous que c'est l'individu qui fait l'histoire dont il est le seul possesseur.
Toute logique qui pousse les individus vers un déterminisme est condamnable.
Ce qui compte c'est de respecter le choix du présent contre toute tyrannie du passé ou du futur.
L'être humain n'est pas de trop dans un univers qu'il aurait maltraité au point de culpabiliser et d'accepter que l'univers puisse " se retourner contre lui ".
C'est donc un ouvrage qui apporte une contribution à la question principale de ce nouveau millénaire.