Magazine Jeunesse
L'invention de Hugo Cabret( The invention of Hugo Cabret )
Brian Selznick
Traducteur : Danièle Laruelle
Bayard - 10/08
533 pages - à partir de 10 ans - 17,90 euros
Hugo Cabret n’a pas une vie facile. Orphelin, abandonné par un oncle violent et alcoolique il ne peut compter que sur lui-même. Et à Paris à 10 ans au début du XXe siècle la vie n’est pas des plus aisées. Pour tenir le coup Hugo s’accroche à son plus grand rêve : réparer l’automate que son père avait trouvé sous la poussière épaisse d’une réserve de musée. Un automate assis à un pupitre, avec à la main un stylet suspendu dans le vide. Une énigme qui avait fasciné son père, qui grâce à son métier d’horloger pensait pouvoir réparer la machine pour qu’elle lui livre son secret. Obstination néfaste qui va le conduire à sa perte, à savoir une nuit de trop penché sur l’automate, la nuit de l’incendie du musée. Tout ce qu’il va laisser à son fils c’est son don pour réparer les mécanismes de toutes sortes, et son carnet de notes sur l’automate, qui lui est sorti indemne de l’incendie.
Hugo va tout faire pour réparer la machine, il ira même jusqu’à voler dans un magasin de jouets mécaniques pour récupérer des pièces. Le responsable du magasin, Georges, va le prendre sur le fait.
Et ainsi tomber nez à nez avec le carnet du père d’Hugo quand il glissera de la poche du garçon. Ce qui va le rendre fou de rage. Comme si il connaissait cet automate…
Hugo saura-t-il démêler les rouages de l’automate qui s’entremêlent à ceux du passé de Georges ?
En tout cas il n’y arrivera pas tout seul et sera aidé de la petite fille de ce dernier, et par un ami fan de cinéma.
L’invention d’Hugo Cabret est un livre très touchant. De par sa démarche, à la fois roman graphique, roman d’initiation, roman à énigme et œuvre de réhabilitation.
Roman graphique car tout le livre est parsemé d’illustrations en noir et blanc sur double page, les premières lignes de texte n’arrivent qu’à partir de la 40e page. En effet les mots viennent quand les images ne suffisent plus.
Roman d’initiation car Hugo après la perte de son père doit faire la douloureuse expérience de s’assumer tout seul, et à 10 ans cela le met dans une position inconfortable, ainsi que dans une position de méfiance face à ceux qui lui manifeste de l’amitié.
Roman à énigme au suspens distillé, car cet automate qui ne livre son secret qu’au milieu du livre ouvre sur une nouvelle énigme. Le dessin étant la célèbre image de la Lune ayant un obus dans l’œil, tirée d’un film de Georges Méliès.
Et oui Georges, comme le vieux monsieur du magasin de jouet. D’où l’œuvre de réhabilitation pour l’un des premiers cinéastes. Un magicien fou d’images, qui demeura longtemps incompris et rejeté par ses pairs.
Ici il s’agit d’une ode à l’œuvre trop souvent oubliée de ce monument du cinéma de genre.
Et à la fin grâce aux images on plonge dans l’univers de Méliès avec un bonheur non dissimulé.
On doit dire après la lecture de l’invention de Hugo Cabret un grand merci à Brian Selznick de nous avoir fait rêver, frémir, frissonner, gamberger !
Un vrai petit bijou magnifiquement édité par les éditions Bayard Jeunesse.
Pour (re)découvrir Georges Méliès, suivez le lien.
Pour feuilleter le livre (même si rien ne vaut d'avoir sa masse sur les genoux, et tourner les feuilles avec délectation) Bayard en a mis en ligne ici/attention connexions sensibles s'abstenir!/
Il y a aussi le site très bien fichu du livre là/attention connexions sensibles s'abstenir!/
Et pour avoir d'autres avis enthousiastes allez chez les voisines : Clarabel, Gawou