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L’initiative contre les minarets. Une initiative contre-productive

Publié le 11 juin 2009 par Winston

Le corps électoral suisse votera finalement sur l’initiative dite des minarets et qui vise à interdire la construction de ces édifices sur le territoire helvétique. A la suite du Conseil national le Conseil des Etats a certes massivement rejeté cette initiative sans lui opposer de contre-projet mais a décidé tout ne même de la déclarer recevable et de la soumettre au verdict des urnes bien qu’elle ne soit guère compatible avec le droit international. Les sénateurs ont donc décidé de faire passer les droits constitutionnels suisses avant le droit international, c’est déjà une bonne chose vu l’illégitimité de ce dernier.
Cette initiative n’est pourtant guère satisfaisante. Lancée par un comité proche de l’UDC et de l’Union démocratique fédérale (UDF) elle veut lutter contre  une « islamisation rampante » du pays. On pourrait déjà trouver cette initiative bien timide car ce n’est pas à une « islamisation rampante » que la Suisse se trouve confrontée mais, comme tous les autres pays européens, à une véritable colonisation musulmane mais le pire est que, quelque soit le résultat de la votation populaire, c’est l’islam qui en sortira triomphant.
En effet, à moins que l’initiative soit massivement acceptée à un taux d’au moins 75%, c’est bien l’islam qui sera le vainqueur du scrutin. Une acceptation timide déclenchera un raz de marée islamophile dans un establishment qui se ruera à  la défense des musulmans en prenant la pose  de ceux qui résistent au retour « des heures les plus sombres de notre histoire ». On connaît le couplet, il nous sera déjà servi pendant la campagne des votations. A propos des minarets eux-mêmes on verra en cas d’acceptation de l’initiative des édiles communales proposer gracieusement aux frais du contribuable la construction de minarets et de mosquée tout confort aux musulmans de leurs communes, toujours au nom de la tolérance et du refus de toute discrimination. En cas de rejet de l’initiative, ce qui est l’hypothèse la plus probable, l’establishment n’en pourra plus de se féliciter de l’ouverture au monde  et de la tolérance des Suisses et y verra le triomphe définitif d’une Suisse multiculturelle.
En ce qui concerne les musulmans de Suisse eux-mêmes, une acceptation leur permettra de prendre la pose de victimes discriminées et leur vaudra le soutien total de l’establishment comme je l’ai dit ci-dessus alors qu’un rejet les confortera définitivement dans l’idée que l’islam a une place légitime en Suisse, une place appelée à devenir de plus en plus large. Un refus sera surtout interprété par les musulmans comme une preuve de plus de la faiblesse de l’occident.  Bref, refusée comme acceptée, cette initiative risque fort d’atteindre le but inverse que celui qu’elle se proposait en accélérant l’islamisation du pays. Dans ce sens, il aurait mieux fallu que le Parlement décide de la déclarer invalide.
Les débats au Conseil des Etats, et surtout les interventions des opposants à l’initiative reprennent pour l’essentiel les arguments qui ont été opposés à cette initiative dès son lancement. Relevons les plus intéressants en commençant par  celui qui voit dans cette initiative un « retour à l’époque où l’on stigmatisait les minorités religieuses ». Cet argument, particulièrement niais, met sur un même plan la colonisation actuelle du pays par l’islam avec les querelles internes au christianisme et à la Suisse du 19ème siècle - la question des clochers notamment, longtemps interdits sur les églises catholiques dans les cantons protestants – alors que l’islam nous est foncièrement étranger. L’islam n’est pas non plus une petite secte protestante de la Broye  vaudoise comptant 150 membres puisqu’il  y a près d’un demi-million de musulmans en Suisse aujourd’hui, un nombre appelé à croître de façon exponentielle, l’islam ne saurait donc être considéré comme une minorité religieuse. Il y a même fort à parier que l’islam sera bientôt la première religion pratiquée en Suisse, si ce n’est pas déjà le cas. Inutile de compter sur le temps et une éventuelle intégration non plus car plus une communauté est nombreuse et moins elle s’intègre ou s’assimile. L’immigration n’est pas  une question d’individus mais une question de démographie, de masse critique. Nous sommes dans un rapport de force avec l’islam, que nous le voulions ou non et que les musulmans de Suisse le veuillent ou non. Il s’agit de bien s’imprimer cela dans le crâne. C’est peut-être malheureux, mais c’est comme cela.
D’ailleurs, il est remarquable que nombre des arguments opposés à l’initiative des minarets montrent, sans que leurs auteurs le reconnaissent, la peur qu’inspire l’islam. Pour certains,  l’acceptation de cette initiative serait un boulevard ouvert aux islamistes, d’autres voient dans cette initiative un danger pour la sécurité du pays, un danger non seulement pour les Suisses ou les intérêts suisses dans les pays musulmans mais également un danger pour la sécurité intérieure du pays. L’islam est donc bel et bien considéré comme un danger pour le pays même au plus haut niveau du pouvoir politique. C’est là un espoir. Mais il ne faut pas oublier que si la peur a un aspect positif qui est celui d’activer les mécanismes de défense, de refus et de résistance, elle incite  le plus souvent à la soumission la plus servile devant le danger ou l’ennemi. Je crois qu’il est inutile de préciser comment réagissent et réagiront à l’avenir nos politiciens et notre establishment face à cet islam qui leur fait peur.


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