En langage radio, lorsque l'on s'interroge sur "l'intelligibilité de ses signaux", 2 sur 5 correspond à un timide médiocre. De la même façon on ne saurait trop conseiller aux futurs candidats au bac à se contenter d'un tel ratio.
Quand à ceux qui envisagerait de ne déclarer aux impôts que 2/5° de leurs revenus, je les trouve joueurs...Mais il en va tout autrement de la politique qui sait faire mieux que s'en contenter. 2 sur 5, 4 sur 10, 40 sur 100, 40%... nous parlons bien de la même chose, le taux de participation des dernières élections européennes. Acquis et convenu d'avance, ce taux catastrophique n'a fait l'objet que d'un rapide consensus désolé pour mieux s'attaquer à de subtils, fastidieux, ridicules, étonnants (cochez la mention utile) commentaires sur la performance de chacun. Enfin, performance, cela doit se comprendre à l'échelle de référence du politique car Federer, par exemple, en ne gagnant que 2 points sur cinq serait encore assez éloigné d'un premier sacre Porte d'Auteuil...
A tout seigneur tout honneur saluons d'abord la cohérence de notre monarchie dont les humbles sujets respectent tant leur souverain qu'ils le placent en tête des suffrages. Le parti de la Majorité Présidentielle rassemble 27,8 % des suffrages exprimés. Vous me direz que 27,8% la majorité ce n'est pas cher payé, sûrement une conséquence inédite de la crise, même les voix se dévaluent. Crise peut être mais on n'en garde pas pour autant le moral, Roger Karoutchi pouvant exprimer un retentissant "Tout le monde dit 'I love you' à Nicolas Sarkozy" quand il évoque les 12% d'électeurs inscrits ayant soutenu son favori...
Le privilège des vainqueurs, car là est bien le point essentiel retenu et proclamé : l'UMP est la première force politique du pays. La première force plutôt isolée cependant et ne pouvant guère espérer rallier beaucoup d'autres voix lors d'élections qui appelleront un deuxième tour...
Voilà sûrement qui explique en partie l'empressement de notre Président à se clamer chantre de l'écologie et des énergies renouvelables. Ceci quelques mois seulement après s'être fait le garant de la relance de l'énergie nucléaire en France : "à tous les pays qui veulent lancer ou relancer l'atome civil, le chef de l'Etat signifiait en janvier dernier que la France faisait confiance à sa propre technologie. Et qu'elle entendait rester à la pointe de cette filière énergétique qui renaît lentement après vingt ans d'hibernation... rapportait Le Monde.
Mais on ne prête qu'aux riches et qu'aux vainqueurs alors que les vaincus n'ont que leurs yeux déjà rougis par d'autres défaites, pour pleurer. En looser magnifique, le PS se pose en candidat idéal, en champion de l'échec annoncé. Une sorte de nouveau PC, pas le parti, non, le Baron, Pierre de Coubertin. Le PS participe aux élections car il s'y voit exister enfin mais tout en s'assurant bien de respecter la célèbre maxime "L'important c'est de participer". Avec cette naiveté troublante qui les caractérise, les nombreux représentants socialistes reconnaissent volontiers à chaque fois qu'il leur faut un projet et qu'ils vont s'y mettre. Le millénaire nouveau est ainsi toujours en attente d'une idée, d'un programme... Cette faiblesse a été bien identifiée par le Modem qui a vu un espace politique entre la droite unie et le socialisme désuni. Seulement entre un omnipotent président qui dirige à l'opportunisme et un parti sans doctrine, l'espace est effectivement disponible mais il est tout également vide de sens. Et à l'heure de l'isoloir, c'est insuffisant pour convaincre surtout quand le leader s'emporte à défaut d'apporter.
Reste donc l'éclaircie de ce scrutin, la surprise relative aussi avec le retour fracassant de l'écologie politique. Retour car il faut tout de même se rappeler qu'en 1989 déjà, Antoine Waechter frôlait les 11%. La suite fut plus cahotique pour un mouvement qui supporte mal l'exercice du pouvoir et se perd régulièrement en de multiples courants. A quelques voix seulement du PS, le parti emmené par le charismatique mais déjà ancien Cohn-Bendit se voit offrir une nouvelle chance de surfer sur une vague porteuse. Pour quel usage ?
Le FN qui a porté Nicolas Sarkozy au pouvoir se fait désormais piller à l'approche de chaque élections. Un gros coup de projecteur sur l'insécurité, un brin d'immigration, une menace sur l'éducation et c'est autant de frontitstes qui rejoignent l'UMP. La fin de règne du leader historique n'arrangera rien.
Quant à l'extrême gauche, tant diabolisée par la droite, elle confirme son peu de goût pour la voie électorale. Ni le Front de gauche, sur les ruines du PC, ni le NPA, sur les fondations des conflits sociaux, ne percent vraiment. Mais ils s'installent dans le paysage. C'est bien le sentiment qui demeure à l'issue de ces élections : un minimum d'électeurs, un maximum d'acteurs, cherchez l'erreur ! ou trouvez le lien ? tant de professionnels défendant leur petit parti et leur pseudo légitimité, proposant de vieilles recettes et d'antiques alliances changeantes, cela donne t'il envie de voter ? Sur ce point, nos édiles ne disent mots trop accaparés à se construire déjà un destin, me modeste, qui leur garantira quelques années de pouvoir et d'existence publique.
Pas de quoi rassénérer un pays ancré dans une crise dont on parle désormais surtout pour arguer qu'elle est moins pire qu'ailleurs et qu'elle finira un jour. Il faudra sûrement un peu plus que cela pour rassurer, convaincre voire maitriser les 60% de non votants.
Eux ont été reçus 3 sur 5, soit une intelligibilité de leurs signaux... assez bonne.
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