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Contes de l'ordi sacré : La mobylette maudite 4

Publié le 13 juin 2009 par Porky

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EPISODE 4 : Où nos héros se décident finalement à ne rien faire avant le lever du jour et où Gudule, en pleine forme, rate un certain nombre d'incantations pourtant faciles à psalmodier.

Perdu dans ses pensées, le Masque de fer ne prit pas garde au groupe surexcité qui s'approchait de lui. Il fallait vraiment qu'il fût plus que perdu pour ne pas entendre les braillements de Myxomatose, poursuivi par une Princesse folle de colère parce que le Chevalier Masqué avait eu l'imprudence et l'impudence de continuer ses insinuations malveillantes concernant le QI d'une héroïne de conte de fée. Finalement, le tintamarre parvint aux oreilles du Masque de fer, entra dans le conduit auditif et fit résonner ses tympans de façon fort désagréable. Il réalisa alors que la cause de cette intempestive interruption de sa rêverie (si on peut employer ce mot quand ladite rêverie a pour objet une certaine Gudule) n'était autre que l'arrivée sur la plage de ses compagnons d'infortune. « C'est fini, ce raffut ? gronda-t-il. Je ne m'entends plus penser ! » « Oh, s'écria Multimédia en se remettant à tourner comme une toupie. C'est le Masque de fer ! Il est là ! » et elle accéléra sa rotation. « Ca fait deux heures qu'on te cherche, dit Marsupilania, trouvant dans l'atmosphère méridionale l'occasion d'exagérer un peu. Tu n'aurais pas pu prévenir de ton départ, non ? » « J'avais besoin d'être seul », répondit le Masque de fer, un peu pompeux. La Belle Monogramme, ayant estourbi Myxomatose qui gisait les bras en croix sur les galets, s'approcha afin de participer à la conversation. « Tout ce délire, c'est à cause de toi, ours trépané ! dit-elle, achevant de déverser son énervement sur la tête du Penseur Masqué. Et toi, arrête de tourner, cela ne fera pas évoluer la situation ! » lança-t-elle à l'adresse de Multimédia qui s'immobilisa immédiatement, jambe en l'air et tête à l'envers.

Le Masque de fer était fort courroucé. On avait piétiné sa solitude, on s'était introduit dans l'univers pourtant bien fermé à clef de ses pensées, et en plus, on le rendait responsable de l'incroyable gabegie qui régnait dans cette troupe. Et cette folle de Multimédia toujours coincée sur sa jambe droite ! Le Masque de fer n'était pas violent, mais il ne put résister à l'envie de flanquer son pied dans le derrière de l'immobile unijambiste qui, sous le choc, s'envola et atterrit quinze mètres plus loin, sur ses deux pieds. « Désolé, dit le Masque de fer, mais tu ressemblais trop à mon ordinateur quand il se coince et qu'il me dégomme tous mes dossiers. Je n'ai pas pu résister. Je m'excuse. »

Multimédia n'eut pas le temps de répondre. Le caribou magique, prenant enfin la situation en main, déclara qu'il était trop tard ou trop tôt pour tenter quoi que ce fût et qu'ils allaient donc finir la nuit sur la plage car un peu de repos ne ferait de mal à personne. On s'attendait à ce que Logarithme Prince Charmant trouvât mille et une raisons pour ne pas s'allonger sur le sol engaletté, mais il se contenta de faire la moue et de soupirer profondément. On s'installa donc commodément les uns contre les autres, et on s'endormit rapidement parce que les conneries, ça fatigue énormément.

Le caribou fou avait passé une excellente nuit, après avoir englouti une fougasse, un chapelet de saucisses et but une bouteille de pastis. Lorsqu'il se réveilla, il trouva Gudule assise sur une chaise, en train d'essayer de redonner à ses couettes une allure un peu moins miteuse. « J'ai eu une idée, dit-il en se redressant. Je sens la présence de mon frère à Marseille. Il n'a pas utilisé ses pouvoirs magiques, et pourtant, mes antennes me disent qu'il est là. Et s'il est là, les autres aussi. Ils vont vouloir récupérer l'Oeuvre et se débarrasser de nous. Nous allons leur tendre un nouveau piège et cette fois, il ne peut pas rater puisque nous allons demander l'aide des GPM. » « Oh ! s'écria Gudule, soudain terrifiée. Les GPM ! Mais tu m'as appris qu'il ne fallait jamais les contacter, sauf en cas d'extrême urgence. » « C'en est un, affirma le caribou fou. Visiblement, toi et moi, nous ne sommes pas à la hauteur dans cette situation. Bon, et bien mon cousin le Caribou Maudit, qui est très haut placé dans la hiérarchie des GPM, va nous donner un coup de main. Seulement, il va falloir que tu te débrouilles seule pour le contacter. Moi, je suis interdit de séjour chez les GPM. » « Je n'oserai jamais, ô mon Maître ! » dit Gudule, de plus en plus terrifiée et elle reçut une gifle destinée à lui redonner un peu de courage. « Mais il y a un autre obstacle : l'antre des GPM n'est pas accessible aux femmes non accompagnées d'un élément mâle. » « Ooooh, fit Gudule, sournoisement dépitée. Mais alors c'est raté ! Je ne peux pas y aller... Ou bien, il faudra que tu m'accompagnes malgré tout. »

« Ne te réjouis pas trop vite, ma sorcière mal aimée, répliqua le caribou fou. Je tiens mon arme secrète en réserve : qu'as-tu fait du Servile Séide ? » Gudule ouvrit de grands yeux et se mit à loucher. « Je ne sais pas, avoua-t-elle. Je crois qu'il est resté dans le laboratoire du château d'Onyx Noir. Enfin, il me semble. » « Parfait. Tu vas donc prononcer une petite incantation pour le faire venir ici et vous irez tous les deux dans le royaume des GPM. Comme représentant de l'espèce mâle, il y a mieux, mais je n'ai rien d'autre sous la main. » Gudule entreprit de démontrer à son Maître que cette idée n'était peut-être pas extrêmement bonne dans la mesure où le Servile Séide n'était pas... Une autre claque interrompit son réquisitoire. « Fais ce que je te dis ! ordonna le caribou fou. Je vais m'assurer que personne ne rôde aux alentours. Psalmodie, et vite ! »

Restée seule, Gudule essaya de se souvenir de ses formules magiques et psalmodia. La première rata ; au lieu de faire surgir devant elle le Servile Séide, elle se retrouva face à une pieuvre géante qu'elle eut bien du mal à renvoyer d'où elle venait. La seconde rata également dans la mesure où un tombereau de citrouilles pourries lui dégringola sur la figure et faillit l'enterrer vivante. La troisième fut un peu mieux réussie : elle eut l'ombre du Servile Séide, toujours recroquevillé dans un coin du laboratoire maudit. Gudule commençait à s'énerver. Bon sang de bois, laquelle de ces formules était la bonne ? La quatrième fut un bide total : elle se retrouva en train de léviter le long des murs du grenier. En plus, ce devait être une mini formule car le phénomène ne dura pas plus d'une minute, ne prévint pas lorsqu'il cessa, et elle se fracassa sur le carrelage. Enfin, le moment tant attendu arriva : au milieu d'un affreux nuage de poussière, le Servile Séide apparut, toujours servile et séide en diable. Gudule poussa un soupir de satisfaction. « Ohé, Séide, salut ! C'est moi ! Content de me revoir ? » et elle se précipita vers lui.

(Qui sont ces mystérieux « GPM » ? Le caribou fou arrivera-t-il à les contacter ? A-t-il raison de faire confiance à Gudule et au Séide ? Nos héros pourront-ils contrer ces nouveaux ennemis qui apparaissent ? Arrêt sur image.)


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