Lectures liturgiques
Dieu a eu un projet pour la famille humaine, et selon la Genèse, le premier couple à ruiné ce projet en mangeant. Quand Adam et Eve, cédant à la tentation du démon, ont mangé du fruit défendu du bien et du mal, ils ont désobéi à Dieu. C’est le péché originel. En mangeant de ce fruit, ils ont manifesté leur désir d’agir selon leur volonté propre, et non pas selon la volonté de Dieu. Mais ce n’était pas une bonne idée, car « sans le Créateur, la créature s’évanouit ». Dieu est la source de tout ce qui est bon. Quand la famille humaine s’est révoltée contre lui, elle s’est de ce fait exclu du paradis et a été livrée au pouvoir du mal. Voilà pourquoi il y a tant de misère, de souffrances, de crimes en ce monde. Le fait de manger du fruit défendu a également introduit la mort dans la famille humaine. Le projet initial de Dieu pour l’humanité était de la préserver de la mort pour l’arbre de vie. Mais depuis le péché originel, la mort est devenue notre compagne quotidienne et notre fin inévitable.
Mais si le projet de Dieu a été tenu en échec par un repas, ce projet a été restauré également par un repas ! Puisque nous nous sommes exclus du paradis, si bien que nous n’avons plus accès à l’arbre de vie, Dieu est venu vers nous avec une alternative géniale : il est venu vers nous avec l’arbre de vie ! Voilà la mission de Jésus. Par sa mort sur la croix, il a réparé les dégâts causés par le péché originel, en prenant sur lui nos souffrances et en dénouant les nœuds de notre désobéissance. De cette manière, la croix de Jésus est devenue le nouvel arbre de vie. L’arbre de la croix est chargé d’un fruit surnaturel : l’Eucharistie, le corps et le sang de notre Seigneur.
Quand nous mangeons de ce fruit, nous exprimons notre repentir et notre désir de revenir de notre révolte, d’être uni au Christ. Ce fruit surnaturel est l’antidote du poison du fruit défendu. C’est un remède qui nous guérit progressivement de notre égoïsme et de tous nos péchés, et qui nous nourrit de la générosité, la sagesse, le courage et l’amour du Christ.
Voilà ce qui nous célébrons joyeusement et solennellement aujourd’hui. C’est vraiment la Bonne Nouvelle de la foi chrétienne : Jésus a inondé le monde de sa grâce, non pas d’une manière purement symbolique, mais très concrètement, en rendant présente cette grâce dans le monde par le grand mystère de l’Eucharistie.
Dans les pays germaniques (Allemagne, Suisse, Autriche), les catholiques célèbrent cette Bonne Nouvelle d’une manière très belle et pleine de sens. Lors de la Fête-Dieu, des processions solennelles sont organisées à beaucoup d’endroits, en ville ou à la campagne. Au cours de ces processions le Saint-Sacrement est porté sur le territoire de la paroisse. Tous les catholiques des environs se joignent à cette procession, habillés de leurs plus beaux habits, portant des fleurs et des présents, chantant et priant, accompagnés de plusieurs chorales et fanfares.
Le long du parcours il y a quatre arrêts. Des reposoirs magnifiquement décorés sont préparés à chacun de ces endroits. Au moment où la procession arrive, l’ostensoir avec l’Eucharistie est placé sur l’autel. L’on récite de prières, l’on chante des cantiques, la bénédiction est donnée. A certains endroits, même, les honneurs militaires sont rendus par des coups de fusil ou de canon à chaque reposoir.
Deux autres composantes de la procession expriment bien la rédemption du monde déchu, la guérison de l’humanité empoisonnée, opérée par le Très-Saint-Sacrement. Les quatre endroits où des reposoirs sont dressés sont choisis avec beaucoup de soin. Chacun est orienté dans une direction différente, selon les quatre points cardinaux : le nord, le sud, l’est et l’ouest. A chaque arrêt l’on proclame le commencement de l’un des quatre évangiles, symbolisant ainsi la présence universelle rédemptrice du Christ par son Eglise. La Croix du Christ est l’arbre de vie pour tous les peuples et pour tous les temps, et l’Eucharistie en est le fruit de vie éternelle.
La sainte Eucharistie est la rédemption en acte du monde par la présence réelle du Christ parmi nous et en nous. Voilà pourquoi l’Eglise réclame le plus grand respect dans les églises pour le Très-Saint-Sacrement. Ainsi, par exemple, nous devons toujours nous garder de recevoir la sainte Communion si nous avons commis un péché grave dont nous ne nous sommes pas encore confessé et pour lequel nous n’avons pas encore reçu l’absolution. Un péché mortel est une révolte consciente contre Dieu. Un catholique qui n’est pas fidèle à la messe dominicale (sauf cas de force majeure) est en état de péché mortel ! Un homme d’affaires qui détourne des sommes importantes de son entreprise commet une injustice grave. Au lieu de se servir de son intelligence pour faire le bien, il s’en sert pour faire le mal. Communier dans cet état est un sacrilège.
Le Seigneur nous a donné le sacrement de la réconciliation précisément parce qu’il sait que nous en avons besoin. Ce sacrement nous permet de vider nos âmes du vinaigre du péché, pour que le Seigneur puisse les remplir du vin doux de sa grâce, notamment par l’Eucharistie.
Les péchés véniels, c’est différent : par exemple quand on se fache sans raison (et sans amour) à la table du petit déjeuner parce qu’on a eu une semaine fatigante et que l’on n’a pu dormir suffisamment la nuit précédente. Cela ne devrait pas nous empêcher de communier.
En fait, la Sainte Communion est un des moyens dont Dieu se sert pour pardonner nos péchés véniels et nous en guérir. La communion fréquente est un excellent moyen prophylactique !
Poursuivons donc la célébration de cette eucharistie en renouvelant dans nos cœurs la gratitude et le respect pour ce don merveilleux du Corps et du Sang du Christ qui se donne en nourriture et qui s’offre à notre adoration, et promettons-lui de faire tout notre possible pour recevoir ce don aussi souvent que possible, avec humilité, respect et joie.