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Travailler jusqu'à 67 ans : le débat vicié

Publié le 15 juin 2009 par Juan
Brice Hortefeux a jeté sa "petite" bombe dimanche soir sur France Inter: répondant à une question relative au financement des retraites, le ministre du Travail a évoqué trois pistes "naturelles" : réduire les pensions, augmenter les cotisations, et ... allonger l'âge de départ à la retraite. Hortefeux a voulu rester prudent : "Il s'agit effectivement de pistes généralement présentées mais qui n'engagent en rien le gouvernement. Vous aurez en février 2010 un rapport du Conseil d'orientation des retraites qui donnera un certain nombre d'indications, d'orientations, de suggestions. Il faut attendre ce rapport mais le débat est permanent sur la question des retraites". Reste que cette polémique semble viciée.
Premier constat, l'allongement de la durée de cotisations provoque automatiquement un report du départ à la retraite, sauf à partir avec des pensions amputées. Fixée à 41 ans à partir de 2012 (versus 37 ans et demi, puis 40 ans) par les précédentes réformes (1994, 2003 puis 2007), cette durée revient aujourd'hui à établir le départ à la retraite vers 63 ou 65 ans, pour quelqu'un qui commencerait à travailler entre 23 et 25 ans. D'après l'INSEE, seuls 32% des moins de 25 ans travaillent. En d'autres termes, 68% des salariés devront attendre, avec les règles en vigueur, plus de 65 ans pour bénéficier a priori d'une retraite à taux plein.
Second constat, les salariés ayant commencé à travailler tôt (i.e. avant 25 ans) exercent le plus souvent les professions les plus pénibles. Or le Medef a refusé, jusqu'à présent, de prendre en compte la pénébilité du travail dans le calcul des modalités de retraites.
Troisième constat, ce n'est pas la première fois que le gouvernement masque la réalité en matière de retraite : lors de la "réforme" des régimes de retraites des cheminots à l'automne 2007, Xavier Bertrand s'était bien gardé de rappeler quelques évidences : compte tenu des décès de cheminots retraités , leur régime spécial sera bénéficiaire d'ici une petite dizaine d'années; et l'âge moyen de départ en retraite était déjà de 57 ans et demi (contre 55 ans autorisés). Nous écrivions en novembre 2007 que "la réforme des régimes spéciaux sert à .... tranformer 2 ans de retraite des cheminots (de 58 à 60 ans) en deux ans de chômage".
Quatrième constat, le gouvernement vise moins à financer le régime de retraites qu'à transférer les retraités d'hier vers le régime d'assurance chômage (avec "offre raisonnable d'emploi" à la clé): les pré-retraités de 57 à 60 ans vont devoir pointer prochainement au chômage : dès 2009, l'âge ouvrant droit à une dispense de recherche d'emploi a été relevé, de 57 ans et demi à 58 ans alors que les seniors sont souvent les premiers licenciés. Le gouvernement a simplement accepté de reporter d'un an (2010 au lieu de 2009) la suppression de l'Allocation équivalent retraite pour ceux qui ont cotisé suffisamment pour partir en retraite avant 60 ans (68 000 personnes concernées).
Ami sarkozyste, où es-tu ?&alt;=rss

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