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Savoirs () : les enseignants chercheurs parlent

Publié le 15 juin 2009 par Scienceblog
C

omme je n’en ai pas encore parlé, c’est le moment de le faire. L’Université de Strasbourg s’est doté d’un journal trimestriel, nommé Savoir(s), à ma connaissance, le seul journal issu d’une université doté d’un numéro paritaire. Ca n’a l’air de rien comme ça, mais représente au moins un avantage : il doit être reconnu d’intérêt général quant à la diffusion de la pensée. Il est animé par une équipe de journalistes scientifiques couvrant l’ensemble des domaines du savoir et de ses à cotés pédagogique, administratif, politique, etc. Ainsi, les sujets proposés dans Savoir(s ) dépassent de loin le cadre purement universitaire Strasbourgeois.

Le numéro d’Avril 2009 (n°2 donc) est partiellement consacré à la réforme du statut des enseignants-chercheurs actuellement en cours. L’interview de 6 chercheurs montre que, derrière une résistance forte proclamée par les syndicats, les avis des enseignants chercheurs sont plus mitigés et variés. Du dossier émerge cependant quelques avis partagés :

  • L’évaluation des chercheurs est chose nécessaire. De toute façon, c’est déjà le cas, et c’est d’ailleurs un travail lourd pour les enseignants-chercheurs que de remplir dossiers d’évaluation, et ils y sont habitués. Par contre, les modalités concernant l’évaluation varient. Doit-on évaluer plutôt sur la recherche, ou sur l’enseignement ? Aujourd’hui, c’est de loin la recherche qui est évaluée, par le nombre de publications éditées par exemple. Mais évaluer l’enseignement, ce qui n’a jamais été fait à l’Université – ou rarement, reste un problème : évalue t’on l’enseignant ou l’enseignement (et la question qui sous-tend la précédente, qui évalue, les pairs ou les étudiants) ? J’ajouterai pour ma part : comment évaluer l’enseignement de personnes qui n’ont pas été formées à cette fonction ? Autant les enseignants chercheurs sont formés à la recherche, autant ils ne le sont pas à l’enseignement. D’autres pointent des engagements spécifiques de tel ou tel enseignant chercheur qui ne seront pas évalués, si le champ de l’évaluation n’est pas élargi. Pourtant, dans la loi, les modalités de cette évaluation restent floues.
  • Ce plan risque à conduire à plus d’enseignement pour les enseignants chercheurs, surtout pour ceux qui vont pratiquer dans de petites universités. Car, si le cadre évaluatif n’est pas structuré correctement, les petites universités ne pourront plus vraiment assurer de recherche (les Masters risquent ils aussi de déserter, et permettent d’alléger le travail de recherche, par le biais de stage d’écriture de rapports, etc. et que dire des doctorants). Et si ses personnels sont évalués sur ce critère essentiellement, que va t’il alors se passer ?

Dans un climat de manque de confiance envers les institutions, certains enseignants-chercheurs interviewés pointent que la réticence à être évalué par ses pairs à l’intérieur de l’Université est normale. Pourtant, le fait du Prince de la direction universitaire paraît difficile : un président d’Universitaire qui défendrait ses protégés et noterait mal ses « ennemis » serait extrêmement mal perçu par ses administrés. Quant on connaît l’Université et sa propension à faire courir les bruits en off les plus insensés parfois, au dépends d’une véritable discussion, il scierait la branche sur laquelle il serait assis. Ce manque de confiance dont le refus d’une évaluation locale est probablement un symptôme, provient d’une méconnaissance du tissus touffus que représente la nébuleuse universitaire. Dans une il y a besoin d’enseignants, de chercheurs, d’administration assurée par les enseignants chercheurs (gestion pédagogique et partiellement administrative des diplômes par exemple, mais aussi gestion des contrats de recherche) et aussi d’expression hors université. Les fameux quatre axes de l’Université, donc. Tout cela devrait pouvoir être évalué.

Cet état de défiance est le résultat d’une longue histoire, d’un long vécu que partagent beaucoup de personnel universitaire face à une administration conservatrice et qui freine tout des quatre fers. Cette défiance vient peut-être simplement du fait que l’application stricte, imbécile, tatillonne des adminsitrations universitaires les empêcherait tout bonnement de travailler, comme c’est lme cas très régulièrement. Et que personne ne peut faire quoi que ce soit, est désarmé face à cette structure tentaculaire, morne, tatillonne.


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