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MURTODO EST UNE IDEE par Mamoudou Dem

Publié le 15 juin 2009 par Bababe

MURTODO EST UNE IDEE par Mamoudou Dem"L'HOMME Murtodo me disait un jour : il ne faut jamais avoir peur de traverser le « désert »car les oasis n'existent que dans le désert. Parlait-il au propre ou au figuré, je me le demande aujourd'hui. "  écrit ,  Mamoudou Dem, avocat.

MURTODO EST UNE IDEE par Mamoudou Dem

 

MURTODO N'EST PLUS, PAIX A SON AME , MAIS UNE IDEE NE MEURT JAMAIS,  MURTODO EST UNE IDEE
Murtodo le militant infatigable, le lion n'est plus. Un homme qui a fait l'histoire. Un homme nait de vérité.
Murtodo était mort avant de mourir car il avait renoncé à tout pour se donner à son peuple. Le peuple Mauritanien dans sa diversité. Une très grande perte pour le pays. Mais une idée ne meurt jamais. Murtodo était et reste une idée : une Mauritanie plurielle et démocratique.
J'ai encore le souvenir de nos discussions sur cette Mauritanie plurielle. Une idée pour laquelle il avait tout sacrifié. Mourir avant de mourir. Murtodo s'était appliqué cette sentence, sinon comment expliquer sa distance, vis-à-vis de tout ce qui est vanité. D'ailleurs est- ce un hasard que notre frère soit plus connu sous le pseudo de « MURTODO » ?
Ce mot, dans la langue peulh, renvoi à une idée de rupture, d'exaltation, ou de béatitude.
Parce que j'ai eu le bonheur et l'honneur, pendant des années durant, de côtoyer, l'homme, le linguiste et le militant ; je préfère retenir le mot « Exalté ».
L'exalté, c'est à dire Murtodo, comme certains disciples soufis, s'est depuis longtemps éteint dans une idée. Certains diront qu'il s,est éteint dans un Esprit, l'homme Murtodo était aussi spirituel. D'ailleurs peut-on dépasser un certain ego sans une certaine spiritualité.
Je lui dois beaucoup et il m'a beaucoup appris. Il était celui qui vous sortait un argument historique, relevant, tres relevant, au cour d'une de vos conversations, pour vous amener à douter des certitudes que certains martèlent sur tel ou tel sujet. Il m'a permis et aidé démystifier la littérature marxiste sur la question nationale. Le drame des Balkans illustre combien cette littérature était loin des réalités.
Mais Murtodo était pluridisciplinaire, un universitaire hors pair et aussi une poète. On s'épuiserait à parler des différentes facettes de l'homme, du frère. Chacun de nous a surement un souvenir propre sur l'homme complexe qu'il était.
J'ai encore, à propos de la Mauritanie, le souvenir de ses explications sur la contradiction de certains de nos compatriotes (et pas seulement eux il suffit d'écouter le discours de certains « experts » de l'islam) qui volontairement ou non confondent islamité et arabité. Confusion éminemment politique et qui menait à ce paradoxe : négation d'une pluralité alors que sortit de cette réduction de l'islam à l'arabité on constate une autre situation de minorité à l'intérieur de l'islamité. Alors se pose la question : au nom de quoi la norme doit toujours être – et exclusivement- l'œuvre de la minorité ?
Sur ce sujet mon regretté ami et frère aurait été ravi de lire l'analyse très récente exposée par le Pr Mohamed TALBI dans un ouvrage impressionant: (Renovation de la pensee musulmane Edition Cartaginoiseries Tunisie 2009) ; Il me plait de citer ce passage : « L,Islam n'est pas une identitè. Il n'est pas une langue. Il n'est pas non plus une culture.» et l'auteur ajoute plus loin :' La langue ne fait rien a l'affaire. Elle ne fait pas le musulman.'.
C'est rare de lire cette idée clairement exprimée par un intellectuel arabe, qui fait autorité dans son milieu, tellement cette dichotomie dérange. Mais les faits sont têtus.
Mais que faire contre l'avancée des idées si l'histoire humaine nous montre que les goulags, les fausses communes, et les dictatures (encore moins celle du« colonel » Taya) ne peuvent éteindre une idée.
Murtodo - l'idée d'une Mauritanie juste- restera encore parmi nous et pour toujours.
Et pour cause Lat-Dior-Goné Latir Diop est encore parmi nous, Kemeh Burama est encore parmi nous, Al Bourry N'Diaye est encore parmi nous, et Samory Touré est toujours parmi nous.
Ils symbolisent-tous- le refus d'une certaine forme de médiocrité à un moment donné de notre histoire.
C'est cela qui fait de nous Homme : une capacitè a refuser au non d'une idée. C'est le propre et le monopole de l'espèce humaine.
Et C'est cela,sans être au pouvoir,notre pouvoir . Murtodo a laissé le pouvoir à ceux qui n'ont pas compris cette dualité.
L'HOMME Murtodo me disait un jour : il ne faut jamais avoir peur de traverser le « désert »car les oasis n'existent que dans le désert. Parlait-il au propre ou au figuré, je me le demande aujourd'hui.
Que le Seigneur, le Miséricordieux l'accueille.
M.DEME.


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