Cela fait l'actualité. L'Iran se soulève sous nos yeux. Anecdote, Twitter rayonne de tout son poids et joue pleinement son rôle de flux d'actualité mondial. Des tweets portent les informations à une vitesse folle, carbonisant les médias traditionnels. Vidéos, photos, infos le flux ne s'arrête jamais.
Le monde s'enflamme donc. Les occidentaux rêvent, une révolution, cela émeut. Porté par la vague dite réformatrice, et par l'espérance, certes justifiée, de voir débarquer aux manettes de l'Iran un autre bonhomme que ce dangereux Armaninedjad, le monde a été converti, en l'espace de deux jours seulement, en supporter de Moussavi.
Sortez la tête de l'eau, fermez les yeux, savez-vous vraiment qui est Hossein Moussavi ?
Moussavi n'est d'abord pas un inconnu dans le paysage politique Iranien. Il fut en effet, premier ministre de l'Iran de 1981 à 1989. Dans cet article du Monde, antérieur aux élections Iraniennes, Moussavi est décrit comme un "réformateur attaché aux principes" de la révolution islamique. Réformateur, il l'est, en tout cas aujourd'hui, lorsqu'il s'exprime en faveur de la liberté des femmes ou lorsqu'il lisse quelque peu son discours en matière de politique étrangère. Mais en fouillant sur la toile, on trouve aussi quelques casseroles.
Après 1989, son parcours étonne. Publiquement retiré de la vie politique, il se mue en conseiller d'Akbar Hachémi Rafsandjani, personnage tout à fait charmant, décrit comme "conservateur", déclaré responsable par la justice argentine de l'attentat de l'AMIA. 2001 marquera un tournant dans la vie publique de ce joyeux personnage qui déclarera notamment qu'il n'est pas exclu que l'Iran "opère une frappe nucléaire sur Israël et déclare une troisième guerre mondiale" ou bien même des propos aussi apaisés que (a propos du port du voile en France) "Les autorités françaises ne réussiront pas à interdire le voile islamique dans les écoles et, si elles y parviennent, des millions de musulmans les maudiront!."
Certes, Moussavi n'était pas directement responsable de la politique et des propos de Hachémi Rafsandjani. Il était juste un conseiller pourra t-on dire, optimiste. En 1997, Moussavi change de camp, et devient conseiller de Mohamed Khatami, considéré, lui, comme réformiste. Outre son rôle de conseiller politique, Hossein Moussavi s'est distingué par quelques propos remarquables. Ne reconnaissant pas Israël, il déclare en 1981 dans les colonnes du New York Times, soutenir la prise d'otage de 1979 où 52 américains furent séquestrés durant 444 jours et ce au nom de la "révolution".
Alors, finalement, Moussavi ? Bien ou pas bien ? Difficile de le dire, pour le simple blogueur que je suis. Ce qui est sûr, c'est que le bonhomme a bien changé. Le blogueur Pierre Tristam, exprime dans une tribune reprise sur le site web de Middle East about, tout son scepticisme à l'égard de Moussavi. Un véritable portrait au vitriol... Qu'il faut impérativement prendre avec recul tant son point de vu est contesté en commentaires.
Moussavi est en conslusion un homme politique Iranien d'expérience, qui, après avoir été premier ministre, n'a cessé de parcourir les coulisses du pouvoir en tant que conseiller. Plutôt proche des conservateurs à ses débuts, Moussavi s'est profondément adouci après avoir passé 20 ans à l'écart de la vie politique (Travaillant dans l'Art). Véritables changements ou stratégie politique ? Difficile à dire, surtout vu de France. Ce qui est sûr en revanche, c'est que Moussavi déclarait il y a quelques mois au Financial Times, ne pas souhaiter arrêter le programme d'enrichissement d'uranium, précisant toutefois ne pas envisager de l'utiliser à des fins militaires...
La jeunesse Iranienne réclame aujourd'hui du changement. Profondément déconnectés de l'Iran souhaité par Armaninedjad, ces derniers ont porté Moussavi comme meilleur opposant, un symbôle d'ouverture et de réformes. Moussavi lui, talentueux caméléon ou nouveau réformateur converti, se laisse porter par ces millions de jeunes nés aprés 1981, après tout, ils n'étaient pas nés pour voir l'ancien Moussavi.
Il ne serait pas totalement stupide de fouiller encore et encore le net à la recherche de la vraie identité de Moussavi. Je reste à l'écoute de la moindre source intéressante. Merci.
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