I(nnocence)-Télé
J’aime le journal d’i-télé, surtout parce que je connais un peu Laurent Bazin et que je le trouve très équilibré (quoiqu’un poil de droite). C’est donc un journal que je suis avidement tous les matins.
Hélas, i-télé m’a déçu. La chaîne a fait très fort récemment dans l‘à peu-près journalistique*.
Premier exemple : l’airbus tombé à la mer. Dans un premier temps, la chaîne s’est jetée (comme d’autres sans doutes) sur la non-info nimbée de mystère total. Nuit et brouillard. Elle a fait défiler dans la lucarne toute une série d’hypothèses qui se sont révélées infondées. On retiendra pour mémoire la foudre et le givre**. Et je passe sur les débris de bois triomphalement présentés comme des restes de l’avion englouti…
Et le flot con … tinue…
Deuxième exemple : la grippe A en France. Branle-bas le combat. Hier, la chaîne a bombardé l’opinion avec des bombes à pandémie et des armes de terreur massive (premier cas en France ! 7 collégiens touchés !) avant de s’apercevoir (il suffisait d’interroger les médecins) que nos 7 nains ont eu un peu de fièvre et se portent comme un charme.
Dernier exemple : Hortefeux, interrogé sur le plateau de cette même chaîne, a eu le malheur de répéter que, lorsque votre déficit social double en un an, vous n’avez guère d’options sur la table à part augmenter les cotisations, la durée de cotisation ou baisser les pensions. Le « scoop », remodelé, a été qu’Hortefeux annonçait le passage à la retraite à 67 ans… info démentie ensuite par l’intéressé. Pendant ce temps là, Nicolas Sarkozy a fait un discours incroyablement lucide à l’OIT… Et nul n’en a parlé !
L’été iranien et Joe Assassin
On se demande parfois si le story-telling n’a pas pris le pas sur le journalisme d’investigation. Sur l’Iran, je n’ai pas vu par exemple un défenseur de Mahmoud Ahmadinejad ni même l’ambassadeur d’Iran. Juste des journalistes en duplex expliquant (depuis Téhéran) qu’ils avaient vu passer un corps qui était peut-être mort.
Envoyés TRES spéciaux dites-donc !
Les cigales de la presse chantent donc l’été iranien. Elles ont envie de croire qu’elles vont commenter en direct la chute du régime islamiste en Iran, un nouveau mur de Berlin en prime, juste au poil entre Rolland Garros et le Tour de France. Je crains qu’au contraire, en excitant le peuple et ses folliculaires, on ne finisse par accélérer la répression brutale d’un régime désemparé.
Mais une tragédie, c’est pas mal non plus pour les médias (le printemps de Prague ça se « vend » aussi bien que la grève de Solidarnosc).
Courbe-toi, fier Sicambre !
La presse écrite n’est pas en reste. Je signale à ma fort modeste audience que depuis des semaines, votre serviteur n’a plus l’heur de plaire au maître du seul journal du web, Vendredi. On ne répond plus à mes mails***. D’ailleurs, je ne suis plus publié. Pourquoi ? Précisément, depuis un fameux billet (Vendredi, Abuzz de confiance) où je me suis permis de critiquer la main qui ne me nourrissait pas**** mais que j’alimentais.
Déception. Moi qui croyais participer à l’émergence d’un nouveau média, je découvre que Vendredi ne sélectionne pas le « meilleur de la blogosphère » mais se contente de reproduire ceux qui vont « dans le bon sens« . Ce que d’aucuns reprochent à Sarkozy, Vendredi – et les médias en général – le reproduisent à petite échelle.
Sarkozy a embauché Besson dans son équipe, mais ce n’est visiblement pas la politique de Robinson Crusoë.
Je remarque que mon collègue Sébastien, de Kiwis, n’existe aux yeux de Vendredi que lorsqu’il critique Sarkozy. C’est nier sa subtilité intellectuelle. Le journal entier est devenu progressivement un creuset d’anti-sarkozysme. Cela ne fait pas une ligne politique (ask to PS), et, sans surprise, cela ne saurait constituer une ligne éditoriale. Sur 85 votants à mon sondage dédié au journal, vous n’êtes d’ailleurs que 24 (28%) à le lire et l’apprécier.
Bref, vous l’aurez compris, je m’interroge sur la plus value de ma lucarne de télévision et sur l’indépendance de la presse écrite. Et maintenant, sans transition, une page de publicité…
* Et je ne parle même pas de la météo qui se trompe 1 fois sur 2 !
** Pour ma part, je m’en tiens à ma circonspection originelle et je pense que le plus logique serait que l’avion se soit disloqué en plein vol à cause d’une vitesse excessive, suite à un mauvais fonctionnement des sondes.
*** Je précise toutefois qu’on m’a invité le 4 juin pour fêter chez eux je-sais-plus-quoi. Vu leur attitude des derniers mois, j’ai estimé que cela ne valait pas de sortir du placard mon costume de torero et mon masque de Vendetta.
**** Tous mes revenus ont été reversés, via Sébastien de Ca Réagit, à des ONG.
Airbus A447Grippe AHortefeuxindépendanceIranMahmoud AhmadinejadOITqualité de l'informationSujets: Banderille, Toréador critique littéraire et médiatique | 8 Comments »