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Primaires socialistes

Publié le 15 juin 2009 par Jfa

C’est fait, les socialistes ont enfin trouvé la potion magique qui résoudra tous leurs problèmes: les “primaires ouvertes” pour désigner, selon les chapelles, le candidat socialiste ou celui de toute la gauche, aux prochaines présidentielles. Cela marquera le passage définitif d’un parti Socialiste à un parti Démocrate à l’américaine dans lequel l’homme (ou la femme) providentiels, oints par l’huile des primaires -ironie de l’histoire, les monarques français étaient oints à Reims-, proposeront leurs programmes aux “caucus”. Le parti n’étant alors plus qu’une machine a collecter les soutiens, et organiser les primaires. Comme aux USA, le candidat qui saura le mieux surfer sur les émotions provoquées par l’actualité emportera la mise, au détriment des valeurs et travaux collectifs.

Car si les Primaires US ont permis l’émergence d’un B. Obama (en réaction à 8 ans de GW Bush, ne l’oublions pas), elles ont aussi permis naguère la désignation de candidats infiniment moins honorables… En outre, chez nous, il y a fort à parier que si leur madonne n’est pas désignée, même par des primaires, les ségolénistes choisiront de voter, très significativement (à 25% aux dernières Européennes) pour F. Bayrou ou un Vert, ce qui nous ramènerait à notre point de départ.

P. Moscovici qui lors du dernier congrès de Reims avait contacté à peu près tous les courants avant de se rallier, au dernier moment à la motion Delanoé, vient de lancer son Appel/pétition: “Pour l’organisation de primaires ouvertes pour désigner le candidat du PS à la présidentielle”. Je ne vois personnellement pas, avec une organisation de ce type, ce qui empêcherait la Fédération des Bouches du Rhône (pour ne citer qu’elle) de se livrer aux mêmes “arrangements” que lors de tous les précédents congrès.

Pour d’autres, notamment la gauche du PS, ces primaires doivent désigner le candidat de toute la gauche… A la condition, hélas pas évidente, d’un accord avec les autres formations de gauche se méfiant, à juste raison, de l’expertise dans l’insincérité des votes d’un certain nombre de fédérations du PS et espérant profiter du rejet qui atteint les actuels dirigeants socialistes, comme le démontre le tout récent Conseil National des Verts (Le Monde).

Pour B. Delanoé, s’il les juge presque positivement, “les primaires ne résument pas à elles seules la rénovation indispensable de nos pratiques, par exemple, sur le cumul des mandats, y compris dans le temps”. Il rajoute, sur l’état actuel du PS: “Ce processus lourd rappelle les dérives de la SFIO : des phénomènes de clientélisme en interne, des votes pas forcément clairs, une paresse intellectuelle”.

En ce qui me concerne, j’aurai tendance à me rallier à l’opinion d’E. Plenel qui, dans sa “Lettre à ces socialistes qui nous désespèrent” disait: “Toutes générations confondues, vous êtes ainsi devenus un parti de professionnels, où l’individualisme carriériste l’emporte sur la fraternité militante. A tel point que, dans un paradoxe audacieux, les plus rénovateurs d’entre vous ne voient d’autre moyen de sortir de l’impasse que de trancher au plus vite cet enjeu présidentiel en contournant votre propre parti par des primaires ouvertes à toute la gauche”…

Je subodore dans cette quête d’un Graal d’apparatchik, un cautère d’apparence démocratique sur la jambe de bois du sauvetage de l’appareil. Un certain nombre d’éléphanteaux et barons  semblent se rallier sous une forme ou une autre -ce qui, en soi, pousse à s’interroger- à une piètre tentative d’escamoter une réfondation indispensable -et à mon avis presque impossible- qui retirerait le contrôle de ce parti à ceux qui en ont largement profité jusqu’à présent tout en ayant conduit le PS à ce triste état.

Mais, par extraordinaire (soyons modeste), supposons que je me trompe et que ce soit, malgré tout, une bonne solution. Je serais alors prêt à m’y rallier à la condition expresse que ces primaires soient autre chose que la marque exclusive d’une présidentialisation du PS. Il serait dès lors souhaitable qu’elles soient ouvertes à toute la gauche, et puisque “bonne solution”, ce qui est en haut étant comme ce qui est en bas, Hermes Trimegiste dixit, qu’elles deviennent le mode ordinaire d’investiture aux Présidentielles, mais aussi aux Régionales (très bientôt), aux Législatives et Sénatoriales, aux Cantonales et  Municipales… Et pourquoi pas aux Européennes quand on sait la manière dont, en ce qui nous concerne, la liste Sud-Est a été démocratiquement définie dans le bureau marseillais de M. Guérini. Je mets ma tête à couper que barons et autres petits féodaux ne feront alors pas preuve du même enthousiasme pour cette “bonne solution”.

Voir aussi l’article du Monde consacré aux “Primaires”.

- Je parlais sur ce blog, samedi dernier (13/6) de “La deuxième plus belle arnaque politique de l’année” au sujet des manif des producteurs de lait contre les grandes surfaces. M.E. Leclerc semble du même avis que moi, rajoutant: “cette démission des pouvoirs publics pose la question de l’ambiguïté des relations entre la FNSEA et le gouvernement”. Le Monde. Le seul problème est que M. Leclerc arrête sa critique à Michel Barnier, épargnant soigneusement  notre Président sans lequel rien de cela n’aurait été possible.

- Cirque médiatique du 22 juin. La Mouette.

- Bongo, Elf et la France. Rue 89.

- Le tricheur Mahmoud Ahmadinejad et l’impressionnante protestation du peuple iranien. Le Monde.

- ” L’extension du secret-défense (votée aujourd’hui au parlement) crée des zones de non-droit”. NouvelObs.

- Social-démocratie allemande: “Nous restons un parti du nouveau centre”. Le Monde. Le récent Manifesto européen qu’ils ont co-signé aussi ?


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