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Démocratie spontanée

Publié le 16 juin 2009 par Alain Hubler

Pont ChauderonIl arrive parfois que les organes délibérants soient confrontés à des objets qui rencontrent une belle approbation en commission et qui, tout à coup, rencontrent des problèmes : des grains de sable se logent dans la mécanique pas si bien huilée que ça de la politique institutionnelle.

C’est le cas du préavis municipal joliment intitulé « Rassemblement de diverses unités du service social dans un même immeuble » et numéroté 2009/19. C’est beau le rassemblement, non ?

Ce préavis, proposition municipale au conseil communal, est censé répondre à deux problèmes : la dissémination des unités du service social et la nécessité probable d’embaucher des collaborateurs pour s’occuper des victimes de la crise économique.

Tout cela paraît tomber sous le – bon – sens et ne devrait pas poser le moindre problème. Sauf que, ce n’est pas si simple.

D’abord, s’il faut bien reconnaître que regroupement il y a, il y a aussi éloignement du pôle administratif de Chauderon et de Flon-Ville. D’un maximum de 500 mètres de la « maison-mère » de Chauderon 7 pour 8 collaborateurs, ce serait 70 collaborateurs qui se retrouveraient à plus d’1,5 kilomètres dans l’ancien centre de calcul de l’UBS.

Certains diront que tout cela n’est pas bien grave et que les assistants sociaux et les collaborateurs administratifs n’ont qu’à prendre le M1. Soit, mais tout de même, ce n’est pas faire grand cas d’eux et surtout est-il réellement opportun d’éloigner pour regrouper ? Je m’interroge.

Du point de vue des usagers, ce n’est pas mieux. On me dira, là aussi, que le M1 y pourvoira. Mais, mais … Quand on sait que les services d’assistance ont la fâcheuse tendance de convoquer les assistés à l’heure de pointe du matin pour éviter que ces abuseurs en puissance ne fassent la grâce matinée et que le M1 déborde d’étudiants à cette heure-là, on peut encore une fois s’interroger. D’autant que le quartier Chauderon est accessible par 13 lignes de transport public contre une pour l’avenue de Provence.

Par ailleurs, il se trouve que les services sociaux lausannois se sont lancés depuis début 2008 dans un projet visant une meilleure répartition des tâches et une coordination entre les assistants administratifs et sociaux pour une meilleure prise en charge des bénéficiaires. Cette démarche, qui a des conséquences non négligeables sur les activités des employés, est supposée être participative. Bien, très bien. Sauf que, dans le cas précis de ce déménagement qui touche un tiers des collaborateurs, il semble que les têtes pensantes aient oublié d’en parler avec le personnel concerné et les syndicats. Pas bien !

Malheureusement, tous ces problèmes n’ont été portés que tardivement à la connaissance du conseil communal. Il faut dire que l’affaire a été menée tambour battant : préavis daté du 8 avril 2008, commission réunie le 6 mai, rapport rendu le 19 pour une mise à l’ordre du jour dès le 9 juin avec demande d’urgence de la Municipalité. Un record dans le genre. Mais un record qui fleure bon la précipitation destinée à anesthésier les éventuels empêcheurs de déménager en rond.

L’affaire devait donc être dans le sac jusqu’à ce que, mi-mai, les syndicats écrivent à la direction de la Sécurité sociale et de l’environnement pour lui faire part de leurs objections. Des objections qui tardèrent à arriver aux partis politiques, mais des objections qui arrivèrent à tout début juin 09

Et c’est ainsi que, juste avant la séance du conseil communal du 9 juin qui, sans le retard dû à l’examen de la recapitalisation de la Caisse de pension de la commune de Lausanne, devait se prononcer sur cet objet, une chose bizarre survint.

Des employés, dont des cadres, des services sociaux remirent à tous les conseillers communaux une copie d’une pétition signée par 77 collaborateurs qui demandait que l’on accepte ce déménagement afin de leur permettre « d’être garants de la mission qui [leur] est confiée ». Le doute s’insinuait : qu’est-ce que cette pétition datée du 8 juin qui réunit un grand nombre d’employés des services sociaux en un ou deux jours ? Comment est-ce possible ? D’où vient-elle ? Qui l’a initiée ?

Renseignements pris, elle ne serait pas très spontanée. Des cadres auraient convoqué le personnel à une séance d’information de 8 juin au matin pour leur expliquer que l’heure était grave, que les syndicats avaient pris fait et cause contre ce déménagement et que tout pouvait être remis en question. A moins … à moins qu’ils ne signent cette pétition à remettre aux zélus. On imaginera bien la spontanéité des signatures récoltées dans un tel cadre.

Et surtout on relèvera la discrétion du sort réservé à ces 77 signatures dont les copies ont été largement distribuées à qui voulait bien les prendre. Tu parles d’une discrétion !

Cerise sur le gâteau, il semblerait que la Parti radical soit sur le coup et qu’il compte bien ne pas laisser passer cette pétition spontanée. L’ennui est que l’on ne sait pas si c’est pour faire en sorte que le point de vue des syndicats soit pris en compte ou si c’est pour taper à bras raccourcis sur le municipal en charge de la sécurité sociale.

En fait oui, on le sait et ce n’est pas ce qu’il y a de mieux à faire pour y voir plus clair …


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