Vérité

"Sur mes cahiers d'écolier
  Sur mon pupitre et les arbres
  Sur le sable de neige
  J'écris ton nom "

   Les lois sociales sont faites de telle manière que dire la vérité, exprimer son opinion, nous vaut de manière systématique des regards étonnés, des phrases assassines voire des condamnations abusives. L'étranger de Camus qui ne pleure pas à l'enterrement de sa propre mère est ainsi vu par beaucoup comme vivant en dehors de la société. Je serais au contraire tenté de le soutenir. Pourquoi pleurer quelqu'un qu'on appréciait pas ?

   Dans tout groupe humain il y a des non-dits. Mais quand le nombre de ceux-ci dépasse le vrai, peut on encore parler de groupe ? Ou même d'humains ? Des robots programmés pour ne jamais dire ce qu'il y'a au fond d'eux même voilà comment on pourrait qualifier la plupart des personnes que l'on côtoie.

Elle a du charme Vérité, nue...

   Pourtant c'est précisément cette nature que nous cherchons tous à dissimuler, moi y compris, qui rend les autres attirants et un intéressants. Ceci dit plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien comme disait un célèbre humoriste, Coluche peut-être. Nos actions ont des causes qui le plus souvent sont mauvaises. C'est la volonté d'obtenir quelque chose qui nous pousse à agir. Obtenir plus d'argent, plus de pouvoir, les bonnes grâces de quelqu'un. Et j'en passe.

   Depuis toujours sans doute, mais seulement depuis peu en en ayant conscience, je préfère faire entendre ce que je pense réellement. Ma vérité. Quand quelqu'un me gonfle il le sait vite. Quand j'apprécie quelqu'un aussi. Finalement ça simplifie pas mal de chose. Et c'est tellement bon de dire "mais tu vas fermer ta gueule" ou "jte méprise éternellement" à quelqu'un que quand on y a gouté on n'en démord plus.

"et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer" *


*citation de Liberté de Paul Eluard. (Poésie et vérité, 1942)