Consultant avant-vente stockage chez Bull, Frédéric Laura, dans le cadre du Mastère executive “Management des Systèmes d’Information et des Technologies” HEC/Mines, vient de soutenir une thèse professionnelle intitulée “Green Storage : Enjeux et Facteurs clés de succès - Optimisation et rationalisation de l’infrastructure de stockage pour un développement plus durable”.
Frédéric nous résume ci-dessous ses travaux de recherche en trois points clés.
Une croissance exponentielle
La croissance des données est extrêmement rapide : plus de 30% par an selon IDC, de 181 exa-octets en 2008 à 1800 (1,8 zetta-octets) d’ici 2011. Toute donnée qui occupe un espace de stockage a déjà une valeur : celle du coût matériel et surtout du coût énergétique récurrent pour la place qu’elle occupe. Les données dormantes, persistantes, redondantes sont donc de nouveaux déchets électroniques : des “e-déchets” saturant les espaces, développant constamment les besoins en ressources.
Trois points d’inflexion
Le green storage est un domaine à part entière du Green IT et qui va au delà de la problématique du rendement énergétique. Pas de remède miracle ou de “silver bullet” mais une combinaison d’actions, de choix technologiques, de fonctionnalités et d’architectures, associée à une réelle gouvernance des données. On peut distinguer trois domaines principaux :
- efficiences énergétiques et spatiales, technologies
- architectures et fonctionnalités
- gouvernance du stockage et des données
qui peuvent représenter en tout plus de 30 facteurs clés (page 113) contribuant à optimiser et rationaliser l’infrastructure de stockage et ses données, pour un développement plus durable.
La technologie verra ses effets positifs démultipliés si elle est accompagnée d’une réelle gouvernance des données
Une gouvernance des données s’impose pour canaliser en amont leur prolifération sinon tout effort d’optimisation et de rationalisation des ressources de stockage sera vain. Je crois que l’on a déjà comparé les données à la théorie de Parkinson : elles ont une tendance naturelle comme les gaz parfaits à remplir intégralement tout espace qu’elles occupent et par conséquent de nombreux espaces de stockage ont aussi tendance à devenir étroit.
Les dernières études réalisées par IDC et EMC soulignent la continuité de la croissance et notamment celle des données sensibles, il convient donc d’agir de façon stricte en amont car la DSI pourrait avoir tendance à sur-protéger les données dont elle a la charge pour “avoir bonne conscience et bien jouer son rôle protecteur et support”.
Soucieuse de rationaliser et de canaliser les anciens et nouveaux flux de données dans les S.I en mettant en place des règles, des procédures et une politique stricte sur les données, la gouvernance des données peut comprendre plusieurs facettes principales (page 94). Idéalement il s’agit d’une organisation transverse aux directions métiers et indépendante de la DSI.
Même si les concepts d’HSM, ILM ont quelques années d’existence, à mon sens, leurs fonctionnalités sont aujourd’hui indispensables et par exemple, dès que les effets de la déduplication s’estomperont (fonction qui pourrait être intégrée et répandue comme la compression mais la croissance des données continue), le besoin de ces outils reviendra en force, certainement avec une action plus forte et globale dans les espaces de stockage, et le management de leurs données (MetaData Management et Master DM).
Rationaliser les ressources de stockage
La Direction des Systèmes d’Information se transforme en une Direction des Services d’Information : la DSI évolue d’offreur de moyens et supports associés à une centrale de services à valeurs ajoutées et garanties (Service Level Agreement). Elle doit rationaliser les demandes de ressources de stockage de ses clients internes souvent abusifs en termes de moyens : volumétrie trop grande, disponibilité surestimée, performance sous utilisée, en amont de leur besoin en leur proposant un catalogue de service de stockage détaillé (page 96), compréhensible des réalités métiers et pouvant tenir compte des approches ITIL.
En période de crise, on attend en plus de la DSI qu’elle soit aussi contributrice de réduction de coûts en optimisant les processus ou l’organisation. Son défi est donc de comprendre fortement les activités métiers et de les accompagner intimement pour déterminer le service de stockage (ou de sauvegarde, d’archivage, etc.) le plus proche et rationnel de ses besoins réels, tout en étant financièrement le plus précisément justifié.
La thèse complète est disponible en PDF sur demande.