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"La démocratie ne nous intéresse pas"

Publié le 20 juin 2009 par Melusine
"La démocratie ne nous intéresse pas." Ce n'est pas le mot d'un mollah iranien, mais une citation de feu le président du Gabon, Omar Bongo († juin 2009), grand ami et parrain des dirigeants français. Et, comme c'est bizarre, aucun d'eux jusqu'à N. Sarközy compris, ne s'est jamais indigné du caractère frauduleux de ses réélections successives depuis son accession au pouvoir en 1967.
Eléctions présidentielles au Gabon ces 40 dernières années :
1973, Omar Bongo, candidat unique, est élu avec 99,6% des voix. Excusez du peu.
1979, il est réélu avec un score meilleur encore : 99,8% des voix.
1986, score en progression : 99,97% des voix.
1993, après l'introduction du multipartisme, son score tombe officiellement à 51% des voix, en forçant un peu le destin (dixit Jacques Foccart lui-même).
1998, il fait 66% des voix, contre seulement 16,5% à son principal opposant, l'ingénieur Pierre Mamboundou (Union du Peuple Gabonais). Vous avez dit fraude ?
2005, 79,18% des voix. L'accusation de fraude massive, formulée par l'opposition gabonaise, n'a pourtant pas été reprise de façon très audible par la "Communauté internationale"...
Si l'on ajoute à cela que plusieurs des principaux opposants au régime gabonais sont morts assassinés (Germain Mba en 1970, le poète Dieudonné Ndouna-Depenaud en 1977...) et que Pierre Mamboundou en a encore réchappé de justesse en 2006, on mesure le caractère démocratiquement exemplaire du Gabon de Bongo ! Mais chut ! Silence médiatique.
C'est que le grand démocrate Bongo a aussi joué un grand rôle pour la démocratie en France en finançant les campagnes de Jacques Chirac et en "conseillant" Nicolas Sarközy lors de l'élection présidentielle de 2007... La démocratie française portée par les pauvres Gabonnais ! C'est qu'avec ses quelque 70 comptes en banque à l'étranger détournant les revenus du pétrole dont son pays est exportateur, Omar Bongo pouvait se le permettre.
"Le bonheur n'est qu'un rêve inachevé,
Un seul instant suffit pour tout confondre."
Dieudonné Ndouna-Depenaud, "Le mort n'est pas mort", extrait du recueil de poèmes Rêves de l'aube (Libreville, 1975)

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