Mozilla Linux, serait-ce envisageable ?

Pour une fois ce n’est pas un billet d’actualité, j’ai envie de faire partager une réflexion, sans savoir si on en parle ailleurs. Hier soir je discutais avec un ami à propos de Firefox, Mozilla et… Linux dont nous étions de fervents utilisateurs dans le passé. En véritables fans de Firefox, on ne peut s’empêcher d’évoquer la force d’une communauté comme celle qui gravite autour des projets de Mozilla. C’est bien une force pour Mozilla que d’avoir su créer un tel mouvement de masse, car en fin de compte c’est l’ensemble des utilisateurs qui font vivre un produit, indépendamment des millions de dollars qui peuvent être injectés dans le développement et la maintenance.

On s’est rendu compte que la communauté Firefox est plutôt chauvine. Même si le débat reste ouvert, même si un membre de cette communauté est toujours près à écouter et prendre les autres positions en considération… Firefox est, dans l’esprit, quasi indétrônable et trouver des qualités aux autres navigateurs est parfois fort difficile (à tort ou à raison selon les cas).

C’est en partant de cette constatation qu’on a dévié du sujet initial de discussion et qu’on s’est demandé, presque bêtement, si Mozilla pourrait supporter un projet encore plus vaste tel un système d’exploitation… Mozilla Linux ?

D’une part on resterait dans la distribution d’un logiciel, qui plus est Open Source. Un domaine bien connu par la fondation Mozilla. Est-ce que ça sort de son cadre habituel  de travail ? Hé oui, un peu. Il ne s’agit plus de développer un programme, mais bien un système d’exploitation qui fait tourner tout un ensemble de programmes. Les enjeux ne sont pas les mêmes.

D’autre part la concurrence est  fort différente. Premièrement parce qu’il existe une multitude de projets Linux différents qui vont dans le même sens : la promotion d’un système d’exploitation alternatif et gratuit (pour la plupart). Deuxièmement, il y a ceux qui ne vont pas dans le même sens, comme Microsoft par exemple. Là on ne concurrencerait plus un navigateur mais toute la base de ce genre de société (que serait Microsoft sans Windows ?).

Ensuite, la Fondation aurait-elle les moyens de lancer un tel projet ? Je ne suis pas dans les petits papiers de Mitchell Baker, difficile de dire exactement où Mozilla en est. Mais à première vue, et au vu des fonds qui peuvent de temps en temps être dégagés, il semble que ça ne poserait pas trop de problèmes. Bien évidemment, les coûts de développement d’un système d’exploitation sont plus élevés, mais faisons comme si l’argent n’était pas un problème.

Par ailleurs, quid du support ? Le gros avantage serait évidemment que Mozilla jouit déjà d’une communauté influente et mue par une synergie positivement complexe et forte à la fois.  Certains disent parfois que chez Mozilla on a le don de fédérer les esprits. Ce n’est pas tout à fait faux. Le support serait en grosse partie auto-géré par la communauté : on peut imaginer la multitude de sites, forums et blogs qui seraient créés sous initiative personnelle, comme c’est déjà le cas pour Firefox et les autres projets soutenus par Mozilla.

Mais quels seraient les dangers  alors ?

Le premier risque est que ce soit un flop : grosses pertes financières, de crédibilité et d’influence. On pourrait envisager que la fondation Mozilla en souffre gravement, que ça lui soit très préjudiciable voir qu’elle ne s’en relève pas.

En deuxième lieu, imaginons que ça ne rate pas, mais que la sauce ne prenne pas non plus comme on l’espère. Dans ce cas, on aurait un projet (d’envergure vaste !) qui errerait. Un projet dont on a entendu parler, mais dont on ne parlerait plus que très peu (ces cas là sont déjà nombreux).

Troisièmement, ça pourrait marcher du tonnerre. Oui, c’est possible évidemment. Non seulement le système d’exploitation prend plus de place, mais aide encore plus à la promotion de Firefox, Thunderbird et des autres logiciels soutenus par Mozilla. Un Thunderbird qui rencontre d’ailleurs actuellement quelques difficultés.

Enfin, ça pourrait à la fois bien marcher et faire de l’ombre au reste. Ce Thunderbird dont on vient de parler pourrait encore plus souffrir. Il ne serait plus seulement dans l’ombre du succès de Firefox mais aussi celle du système d’exploitation.

Et puis… la discussion s’est arrêtée là. Il était déjà fort tard et par ailleurs l’heure de rentrer. On a pas eu l’impression de faire le tour du sujet, loin de là, mais on s’est posé des questions.

Après réflexion, je me rends compte que la seule question qu’on se posait vraiment était de savoir si « la marque de fabrique Mozilla suffit-elle au succès d’un projet ? »

Partager cet article