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RuptuR KultuR et le ministre Mitterrand

Publié le 24 juin 2009 par H16

Les socialistes de gauche n'avaient pas osé se vautrer dans le népotisme en collant un neveu dans un ministère quelconque pendant que l'oncle régnait présidait. Les socialistes de droite s'empressent de rattraper le coup à la faveur d'un remaniement ministériel qui tient de la microchirurgie pour les parties droites et des ponts et chaussées pour les parties gauches. Alors que nos élites numérotent leurs abattis, il devient de plus en plus dur de saisir exactement où est la ligne de rupture entre les différents partis, les différentes tendances. Le mélange continue. La France tourne au mauve.

Voilà donc la nouvelle : Mitterrand sera ministre. Eh oui.
RuptuR KultuR et le ministre Mitterrand
Mitterradopi : ça va donner grave !
Sarkozy continue donc sa rupture tranquille, tranquille au point de faire passer une fracture franche du tibia pour un petit ajustement sporadique. Et le bougre présidentiel se lance donc dans une ouverture supplémentaire, mot pudique pour décrire la succion continue et forcenée des figures de gauche depuis le PS vers l'UMP, depuis le rose vers le bleu. A force, on ne voit plus guère qu'un magma mauve ou violet du plus bel effet.
RuptuR KultuR et le ministre Mitterrand
Il va falloir s'y habituer.
Au passage, on peut voir dans la nomination toute fraîche de cet (ex-)directeur de la Villa Médicis une revanche sur le passé sarkozien : on inverse les rôles entre un Mitterrand président et un Sarko ministre pour un autre Mitterrand ministre et un Sarko sinistre président. La vie est un éternel recommencement, et l'affaire serait presque primesautière si ces frasques ne finissaient par lasser le public qui s'enfonce, pendant ce temps, dans la mouise habituelle des crises économiques carabinées.
Notre animateur téloche aux accents Point de Vue Image du Monde a donc bondi sur l'occasion de vexer Jack Lang, habitué du poste qui n'avait pourtant pas ménagé ses léchouilles au distributeur de maroquins. Pour faire bonne mesure et afin de ménager les susceptibilités de ses nouveaux camarades de partouze politicienne, il a tout de même tenu à préciser que la sortante, Christine Anéfé Albanel, dont la fadeur à la Culture n'aura eu d'égale que sa bêtise hydraulique dans l'affaire Hadopi, avait bien servi la cause.

Je tiens à dire que je viens après quelqu'un qui n'a pas démérité. C'est un poste difficile et je mesure la difficulté de certains dossiers, tels que la loi sur le piratage, l'état de la presse, la télévision publique.

Effectivement, "difficile" est le mot.
A chaud, on s'imagine mal le chroniqueur des puissants se lancer dans une longue tirade pro-HADOPI. Les mots "firewall", "peer-to-peer" ou "spyware" vont prendre une tournure rocambolesque dans sa bouche habitué au feutre et à la soie des noms à particules, et on peut déjà parier sur de franches rigolades. S'il apparaît maintenant évident que le Ministère de la Culture est le dernier endroit où une loi aussi technique devait être promue, il semble encore plus manifeste qu'on continue avec le lénifiant Frédéric à tripoter l'incompétence de tous les côtés possibles.
Autant je lui accorderai quelques points lorsqu'il s'agit de disserter sur la vie des grands de ce monde, autant il apparaît furieusement déplacé au milieu des routeurs, switchs, cartes réseaux et autres logiciels open-source qu'une loi sur le piratage promet à celui qui veut s'en emparer. Et puis, sa petite peau tendre de fin lettré est bien trop sensible pour se frotter aux dures réalités abrasives d'un internet de sauvageons où n'importe qui décharge n'importe quoi n'importe comment. En clair : ça promet des débats tordants quand il s'agira pour lui de défendre l'indéfendable et pour parler d'un domaine qui lui est pour ainsi dire totalement exotique. A la limite, je le sentirai plus à l'aise à parler de l'impact de la Kryptonite sur Superman que dans les technologies webdeuzéro...
Il n'est donc pas impossible que, si les internautes sont krés krés méchants avec lui, il nous pousse une petite larme en hémicycle, hein. Ou pète un câble, ce qui serait au moins aussi comique.
J'aurai donc un message au futur ministre : "Frédéric, je t'en conjure : occupe-toi de culture, si tu veux. Mais ne te mêle pas d'internet, tu vas te faire mal."


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