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Pérez, le bon élève?

Publié le 24 juin 2009 par Hilarion

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“Florentino mi amor” entonnent les socios du Real Madrid depuis le retour aux affaires de Florentino Pérez le 1er juin. Avec 250 millions d’euros sur la table, le PDG du n°3 européen du BTP (Actividades de construccion y servicio), a déjà séduit deux belles gazelles du football mondial pour la modique somme de 160,5 M€ : Kakà (67,5 M€) et Cristiano Ronaldo (93 M€). Un recrutement orgiesque qui n’attend plus que Xabi Alonso, probablement Franck Ribéry et David Villa, et éventuellement Ibrahimovic ou Forlàn pour se renforcer. Amis obsédés des Pro Évolution Soccer, ce Real 2009-2010 ne manquera pas de vous séduire. Mais investir de l’argent pour monter une grosse écurie, ça suffit?

Si la version una des Galactiques des années Pérez a prouvé son efficacité dans un premier temps (championnat d’Espagne 2000-2001 et 2002-2003, Ligue des Champions 2001-2002) et illuminé les amateurs du joga bonito de Canto, elle a aussi par la suite sombrer vers une production footballistique proche du néant à l’image de son palmarès entre 2004 et 2006. Pourquoi? Parce qu’après l’acquisition année après année de Luis Figo (2000, 61M€), Zinédine Zidane (2001, 76M€), Ronaldo (le vrai, 2002, 42M€), David Beckham (2003) et Michael Owen (2004), Florentino le bienheureux a négligé un vestiaire finalement scindé entre brésiliens (Ronaldo, Roberto Carlos, Julio Baptista, Robinho…) et espagnols (Raùl, Gùti, Salgado…) et entre supers salariés (6M€ nets par an pour les Figo, Zizou, Ronaldo et compagnie) contre une ou deux patates de moins pour les plus fidèles du club, Raùl en tête. Forcément, ça sentait le roussi.

Alors que dire de la nouvelle stratégique du transfert à tout va de Pérez? Si le président madridista était un inconditionnel du Real version Kopa, Puskàs et Di Stefano des années 50-60, n’a-t-il toujours pas compris que l’identité d’un club était vitale pour le bonheur de ses troupes? On dit souvent que l’avantage du football espagnol, c’est que l’élection d’un président soit sanctionné par le vote des socios. Certes, il n’y en a cette fois-ci pas eu, l’homme d’affaires étant le seul représentant logique de sa propre succession. Mais quand pensent les supporters du Real? N’y a-t-il pas un réel risque de voir un Cristiano Ronaldo ultra personnel comme à ses premiers amours avec Manchester? Kakà, en baisse depuis son ballon d’or 2007 trouvera-t-il son second souffle? Tout cela sent finalement le bis repetita. Gagner puis chuter.

Avec une telle somme d’individualités à aligner sur le pré, le vrai maître à jouer du Real sera à n’en pas douter el ingeniero, Manuel Pellegrini. Ultra respectée par la communauté espagnole pour son passage à Villareal (2004-2009), l’antithèse en somme du Real, Pellegrini aura d’entrée la pression. Normal, toute dépense vaut compensation. Mais Florentino le dépensier n’est pas fou. Envoyer le chilien au casse-pipe était sûrement l’une des meilleures choses à faire quant on sait la poigne que possède le bonhomme, capable de mettre au ban un Juan Romàn Riquelme pourtant au top de sa forme. Considérer par son boss comme “un professionnel intelligent, travailleur, équilibré, qui prend soin du ballon et qui propose toujours un football élégant et de bon goût”, Pelligrini aura-t-il les mains libres pour faire ses choix sur son 11 de départ? Figo, avait quitté les Galactiques avant leur naufrage en 2005 pour l’Inter de Milan, reprochant au président Pérez de trop s’immiscer dans les compositions d’équipes. Ce dernier sera-t-il trois années plus tard plus malin qu’il ne l’a été lors de son premier passage? Sinon il pourra toujours partir pour mieux revenir un troisième tour en réinjectant un paquet d’oseille pour constituer l’équipe de SES rêves. Une machine à gagner, le Real l’a aussi été de 2006 à 2008 (deux titres de champions d’Espagne, une supercoupe d’Espagne) en proposeant un jeu pâle et qui a envoyé le club le titré de l’histoire du football européen au rang d’anonyme sur son continent. Car c’est vrai, aujourd’hui, le Real ne fait plus peur. Si, hors d’un terrain.

Renaud Solacroup


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