Magazine Journal intime

RELATION D'AIDE, mais encore ?

Par Alexandra

Bquilles_mtier_relation_daide_2 Anonyme :

"Qu'est-ce que c'est la Relation d'aide ?"

Moi :

"C'est une béquille qui écoute et qui parle."

Anonyme :

"Alors ce n'est que pour les boiteux ?"

Moi :

"Non, c'est pour les boiteux qui veulent marcher droit."

Anonyme :

"Je ne comprends pas la différence entre un boiteux qui boite et un boiteux qui veut marcher droit."

Moi :

"Tu as sûrement déjà vu un handicapé moteur dans une chaise roulante ?"

Anonyme :

"Oh oui. Et là, y'a pas de béquille qui puisse marcher, si je puis dire."

Moi :

"En effet. Et as-tu déjà vu ce même handicapé accroché à un déambulateur ? Tu sais, ce caddie à 4 roues et à 2 poignées?"

Anonyme :

"Je ne comprends pas où tu veux en venir."

Moi :

"Quand tu croises un individu qui boite, qui se déhanche aussi mécaniquement qu'étrangement quand il marche, tu ne peux pas savoir s'il a gagné sa mobilité à force d'exercices périlleux accroché à son déambulateur, ou si au contraire il a perdu de son ancienne mobilité."

Anonyme :

"Ok : celui qui regarde le boiteux va trouver qu'il boite. C'est un fait, uniquement un fait. Mais ce n'est pas une information sur ses besoins actuels."

Moi :

"C'est cela. Seul celui qui boite sait s'il boite moins ou plus qu'avant, s'il marche mieux et s'il est content, ou s'il marche moins bien et qu'il en est malheureux."

Anonyme :

"Es-tu en train de me dire que j'ai sûrement rencontré des gens qui, selon moi, boitaient, alors que pour eux, ils marchaient le plus droit et le plus debout possible, et qu'ils en étaient satisfaits ?"

Moi :

"C'est exactement cela. La relation d'aide est une béquille, elle n'est pas la jambe ni le cerveau. Et chacun a sa bonne raison de s'aider d'une béquille ou non, et pendant le temps qui lui est nécessaire."

Anonyme :

"Et quand on ne sait pas ce qu'on veut, quel genre de boiteux sommes-nous ?

Moi :

"Un boiteux qui s'ignore."

Anonyme :

"C'est grave ?"

Moi :

Lol.

"Non, ce n'est pas grave. C'est même courant. Et j'imagine que c'est bizarrement inconfortable. C'est un peu comme si, continuellement préoccupé par sa démarche boiteuse, on veillait à feindre de l'ignorer le plus possible en se répétant sans cesse que de toute façon l'on n'a pas envie de courir. Mais si on pouvait … quelle course nous ferions !"

Anonyme :

"Je te le confirme. Je me sens bancal."

Moi :

"Es-tu parfois obtus sur tes motivations, catégorique sur tes idées, et finalement misérable avec toi-même ?"

Anonyme :

"J'oscille comme un métronome, de droite à gauche. Il y a les moments où, pourtant boiteux, je ne crains pas de conseiller le marathonien. Et il y a les autres moments où, redevenu seul, je suis comme immobile de tristesse et d'ennui."

Moi :

"Puis-je te rassurer en te disant que dans ces deux moments très différents, tu veux, je dis bien tu veux, chaque fois ton bien ?".

Anonyme :

Silence …

Moi :

"Tu viens, le temps d'un instant, de reprendre contact avec toi. Reconnais ce moment, il t'indique le chemin de ce que tu veux."

Anonyme :

"J'ai peur. Je ne suis pas habitué. C'est comme me jeter dans le vide sans rien pour me tenir."

Moi :

"Besoin d'une béquille ?"

Anonyme :

"Oui, j'ai besoin d'une béquille, car je veux retrouver cet instant où j'ai senti quelque chose de fort en moi. Je veux voir, je veux entendre, je veux nommer, je veux connaître. Je veux savoir ce qui me pousse comme ce qui me guide. Je veux reprendre le contact avec moi."

Moi :

"Cela tombe bien. Je suis là pour ça."


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