La politesse n’est pas indispensable pour caractériser la vertu. Un homme peut tout à la fois être honnête et malpoli. Et inversement, la malhonnêteté n’empêche pas la politesse. La politesse n’en est pas moins nécessaire en ce qui concerne l’éducation. L’homme naît en effet sans morale. Le nourrisson n’a aucune idée du bien et du mal et ne peut concevoir la portée de ses actes. L’éducation consiste à lui faire comprendre ce qu’il ne peut pas faire, et non ce qu’il ne doit pas faire. La politesse s’inscrit donc dans cet apprentissage qui consiste à orienter le jeune enfant dans ses agissements sur la base de ce qui est admis conventionnellement. Ainsi, la politesse enseignée consiste avant tout à produire une attitude mimétique communément permise. Elle n’en reste pas moins un point de passage obligée pour la construction d’une éthique personnelle. Comment en effet fonder ses propres règles de comportement concourant au respect de tous sans s’être essayé à agir convenablement selon les usages relationnels prescrits. La politesse est indispensable aux jeunes enfants pour se construire une voie d’intégration dans la société dont, une fois adulte, il ne doit pas uniquement s’en satisfaire car sinon elle serait réduite à n’être plus qu’un artifice.