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De retour d'Armorique, éloge de la Bretagne

Publié le 26 juin 2009 par Abarguillet

De retour d'Armorique, éloge de la Bretagne

    -  Ce vendredi 26 juin 2009  -  La bonne humeur au retour des vacances  -

" Rien de plus émouvant pour l'esprit que cette farouche architecture, toujours croulante, toujours debout. Tout s'y entraide et s'y contrarie. C'est un combat de lignes d'où résulte un édifice. On y reconnaît la collaboration de deux querelles, l'océan et l'ouragan. Cette architecture a ses chefs-d'oeuvre terribles ".

   Victor Hugo  ( Les travailleurs de la mer )

En juin, je l'avoue, les salles obscures m'attirent moins que la nature, parée de tous ses attraits, et qui invite aux randonnées les épris de grands espaces que nous sommes mon mari et moi. Aussi suis-je davantage tentée de vous entretenir des images que déroule devant mes yeux le grand écran des paysages que par les pellicules de l'actualité cinématographique qui, à ma connaissance, n'annonce pas, pour les semaines à venir, de chef-d'oeuvre incontournable. Je me contenterai, je pense, pour les prochains articles de ma rubrique 7e Art, de vous parler des dvd que j'aurai l'occasion de revisionner ou des films que la télévision nous a concoctés pour son programme estival. Il faudrait vraiment que l'on me recommande un long métrage exceptionnel pour que je me décide à entrer dans une salle de projection, alors que les couchers de soleil sont si beaux, les promenades vespérales si odorantes et la douceur de la température propice aux flâneries sur la terrasse ou dans un jardin. Ce, jusqu'au Festival du film américain de Deauville en septembre, dont je ne manquerai pas de me faire la reporter attentive.

Mon absence d'une quinzaine de jours n'a donc eu d'autre cause qu'un retour au pays de mes ancêtres, cette Bretagne si chère, à laquelle tant de liens sentimentaux me rattachent, et principalement le Golfe du Morbihan, paradis des randonneurs, où nous avons eu la chance de séjourner dans la maison qu'un ami a eu l'extrême gentillesse de laisser à notre disposition. Un retour aux sources vécu dans un décor où l'oeil est sans cesse sollicité, ici par une anse semblable à une guipure frangée d'argent, là par un cap défiant l'embrun, plus loin par la courbe harmonieuse d'un étang, toujours par d'enivrants arômes, l'exubérance d'une palette végétale colorée ou l'éclat tamisé des lumières jouant avec le ciel et l'eau.

Afin de mieux connaître la terre d'Armorique, qui ne se livre que parcimonieusement, rien de plus judicieux que d'emprunter les sentiers côtiers ou de s'enfoncer dans les chemins creux pour apprécier l'or des landiers magnifique en juin, le charme discret des hameaux éparpillés au long des presqu'îles parmi les fougères géantes et les massifs d'hortensias, les maisons basses coiffées de chaume et égayées de pimpants volets bleus et les murets construits en pierres plates pleins d'embranchements et de détours et qui semblent distribuer les champs d'orge et d'épeautre. Tantôt la perspective s'agrandit jusqu'à la mer que l'on devine entre les pins, tantôt pris dans les mouvements d'un terrain houleux tout disparaît, et le clocher et le moulin, et le fort et le manoir, alors que les goélands glissent dans le lit du vent et que leur cri guttural parait rendre compte de l'inquiétude de cette terre océane.

Car l'âme armoricaine est complexe, parfois déroutante, avec son énorme passé, sa solitude propice aux songes, son vieux paganisme, son respect de la mort, son goût de l'aventure et du mystère. Orgueilleuse et ombrageuse, elle est vite blessée par tout semblant de dédain, autant fière de ses richesse que de ses pauvretés, goguenarde et néanmoins mystique en ses secrètes profondeurs. Ame pour qui le miracle reste possible et qui peut vivre dangereusement d'une chimère, proie facile pour la révolte et l'hérésie et - souligne la poétesse morbihannaise Claude Dervenn en 1960 : "  ayant besoin de croire en un dogme qu'il vienne de Rome ou de Moscou, apte à redresser les fils de ces vieux chevaliers qui, ruinés ou déchus, plantent encore à chaque aube leur épée au bout du sillon ".

Ainsi avons-nous buissonné durant 15 jours entre argoat et armor, renouant les fils d'un passé qui va du néolithique à nos jours et où, dans une harmonie provocante d'émailleur, l'eau s'incruste dans les falaises et les promontoires dans l'eau, où les rivières tendent leurs soieries d'argent entre collines bosselées et vallonnements rocheux, où le grand orchestre des vents joue une partition unique, prenant à témoin les landes arides dévorées de genêts et d'ajoncs.

Pour lire mon autre article consacré à la Bretagne, cliquer sur son titre :

Le Golfe du Morbihan

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