Magazine Voyages
Il y a des textes dont je ne me lasse pas et que je pourrais donc lire, et re-lire, sans que jamais leur puissance ne s’émousse. Ils sont rares. Il y a, bien sûr, le célébrissime monologue de Bloom, dans "Finnegans Wake", de James Joyce. Je ne résiste pas à l’envie d’en goûter cet extrait « …et les glorieux couchers de soleil et les figuiers dans les jardins de l'Alameda et toutes les ruelles bizarres et les maisons rosés et bleues et jaunes et les roseraies et les jasmins et les géraniums et les cactus et Gibraltar quand j'étais jeune fille et une Fleur de la montagne oui quand j'ai mis la rose dans mes cheveux comme les filles andalouses ou en mettrai-je une rouge oui et comme il m'a embrassée sous le mur mauresque je me suis dit après tout aussi bien lui qu'un autre et alors je lui ai demandé avec les yeux de demander encore oui et alors il m'a demandé si je voulais oui dire oui ma fleur de la montagne et d'abord je lui ai mis mes bras autour de lui oui et je l'ai attiré sur moi pour qu'il sente mes seins tout parfumés oui et son cœur battait comme fou et oui j'ai dit oui je veux bien Oui. » Et quant à parler de Joyce, un mot du projet de Ian Bogost et Ian McCarthy, deux artistes ayant entrepris, à titre de performance, - du moins c'est ce que disent (n°708/Juin 2009 - de retranscrire un chapitre d’Ulysse sur Twitter ! Voilà qui est extradordinaire. Car je me dit en effet que les romans de Joyce, dans leurforme résolument moderne (polyphonie, significations multiples, circularité des discours) anticipaient les avancées formelles que permet aujourd’hui le net en matière de littérature. Coïncidence ? Pas sûr.