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La meilleure et la pire histoire de Nicolas Sarkozy

Publié le 28 juin 2009 par Dangelsteph

En deux ans, cet utilisateur conscient et décidé du storytelling (l’art de raconter des histoires, pas des bobards dans l’intention, mais des histoires) qu’est Nicolas Sarkozy en a usé et peut-être abusé.

Parmi toutes les histoires qu’il a pu raconter, retenons-en deux : la meilleure et la pire.

La meilleure histoire de Nicolas Sarkozy :

C’est… Carla. Bien-sûr.


On aime ou on n’aime pas sa façon de chanter, mais elle ne laisse pas indifférente. Les médias people en raffolent. Et c’est bien cet ancrage people, inédit en France pour la femme du chef de l’Etat, qui en fait une histoire attrayante pour les Français : car les histoires de people, cela intéresse les Français, et ce n’est pas un scoop. Et d’une. Et de l’autre : étant donné qu’il devient de plus en plus facile de devenir un « people », avec l’avènement des émissions de télé-réalité, qui transforme des inconnus en « nouvelles stars » du jour au lendemain, elle ressemble énormément aux people en devenir, ou people potentiels que nous sommes tous. Elle a aussi ce plus, qui fait d’elle une icône people : la durabilité, quête obstinée de tout people (et de plus en plus, au fur et à mesure de l’augmentation numérique du groupe social des people).


Il y a peut-être aussi une volonté de nous présenter Carla Bruni-Sarkozy comme un archétype : un modèle. On l’a déjà présentée comme chantre de l’optimisme et de la confiance en temps de crise. Or l’optimisme, c’est bien ce qu’essaient de restaurer les différents acteurs -gouvernements et autres- depuis 2008.


Les histoires que suscite Carla Bruni peuvent aussi servir à déporter l’attention de sujets fâcheux ou négatifs vers quelque chose de plus léger : sans manquer de respect, une histoire de Carla peut servir d’histoire-virus, ou, c’est peut-être plus élégant, d’antidote, voire uniquement de placébo (mais c’est déjà ça) dans les cas les plus extrêmes.

La pire histoire de Nicolas Sarkozy :

Gandrange. En Moselle, à 20 km de Metz, terre de tradition sidérurgique. En 1999, le site sidérurgique de Gandrange avait été vendu pour un franc symbolique au groupe d’origine indienne Mittal. En 2008, suite à l’annonce de la fermeture de l’aciérie et des installations de laminage du site, Nicolas Sarkozy se rend sur place au lendemain de son mariage avec Carla Bruni, et annonce que l’Etat ne laissera pas faire.

Un an plus tard, malgré les promesses, le site ferme ses portes. Depuis, devant le portail, trône le « cercueil des promesses de Nicolas Sarkozy ».


Ce n’est pas cela qui pose problème. Les promesses n’engagent souvent que ceux qui les écoutent. C’est l’histoire qui est racontée à travers cela qui importe. Nicolas Sarkozy était arrivé en disant qu’il venait « en lune de miel à Gandrange », qui n’a pourtant rien d’un lieu de villégiature. Il n’avait pas dit « ne nous inquiétez pas », mais « quelqu’un va s’occuper de vous ». Il n’a pas menti : c’est ce qui s’est passé.


Plus que de la légèreté, on peut y voir un vrai message de société. Nul ne sait si c’est réellement la société dont rêve Nicolas Sarkozy (il faudrait être dans sa tête pour cela), mais peu importe puisque l’effet, l’impression, le doute est là. C’est une société dans laquelle de manière assumée et acceptée par tous, la prise de décision individuelle est inutile car rendue inopérante, puisque de toute façon, les décisions sont prises ailleurs, en fonction d’intérêts qui dépassent les individus et dans lesquelles ils ne représentent même pas une variable.

C’est assez effrayant.


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