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Hétéronymat, mutuelles de Guadeloupe et cri primal

Publié le 28 juin 2009 par H16
Je suis en bonne santé. Sans être un adepte fervent du mangibougisme idiot que nous impose l'état au détour d'une propagande niaise, j'ai su conserver une bonne forme globale et un cœur tonique. Constat réjouissant s'il n'était pas mis en danger par la lecture régulière des informations françaises. Lorsqu'en effet certaines révélations font jour, on ne peut s'empêcher de choper une extrasystole ou deux. Alternativement, on peut être pris d'une envie irréfrénable de pousser un hurlement long et puissant, cri primal de l'homme viril en butte aux crétineries toujours plus larges des pignoufs emperlousés de la République.
Pour la partie perlouses, on peut par exemple aller regarder du côté de NKM, la Géo Trouvetout du gouvernement passée récemment des éoliennes à pédale à l'Internet 0.2 sur Minitel. La Secrétaire d'État à la Régulation d'Internet a récemment organisé avec nos sous un petit pince-fesse républicain où différents intervenants ont pu s'exprimer sur les questions qui taraudent l'élite : comment s'assurer que les nouvelles technologies soient mises au service des politiques et non que ces derniers en deviennent les esclaves ?
On avait pu mesurer, avec l'affaire HADOPI, toute la puissance fumigène de l'impétrante en matière diplomatique ; ne voulant probablement pas griller ses vaisseaux auprès d'internautes particulièrement remontés devant l'ineptie de la loi Création & Internet, elle avait adopté une position pastelle très École des Fans où, tout le monde gagne à la fin, tant le gouvernement, les majors que les internautes, avec beaucoup de "je crois", "il semblerait" et plein de "heu... oui, enfin, hem". Et on se fait une bise et tout va bien.
Et depuis, ça mijote dur. Tellement dur que notre sénat s'est fendu d'un rapport. C'est le gentil Detraigne (Vous connaissiez ? Moi, non. La République fourmille de ces illustres inconnus, finalement !) qui nous inflige donc un magnifique rapport dans lequel, vibrant d'élan patriotico-républicain, on nous rappelle les enjeux poignants de la vie privée et les assauts des méchants du secteur privé à celle-ci, et la nécessité brûlante d'intervenir, miam miam, en pondant quelques lois adhoc.
Et là, c'est le drame : le petit farceur nous propose l'hétéronymat. Si vous avez un peu peur, vous avez raison. C'est aussi moche que ça en a l'air.
Il s’agit de pouvoir séparer son identité réelle de son identité numérique. Principalement dans le but de « préserver » l’identité publique d’un internaute d’informations qui pourraient, un jour, se retourner contre lui. Un droit à « être acteur d’Internet au travers d’un pseudo », a expliqué, hier, le sénateur. « Mais un pseudo qu’on s’attribuerait bien sûr pas librement comme ça, sans la moindre règle », a t-il précisé. Une autorité publique serait ainsi « l’interface, le gardien » de cette identité secrète.

C'est précisément ici qu'on se rend compte qu'on est gouverné par d'incommensurables imbéciles.
Parce qu'il faut en tenir une couche solide et épaisse pour sortir un truc pareil sans chercher à faire de l'humour. Tentons de maîtriser les spasmes de fou rire et de rage mélangés qui nous parcourent à la lecture d'une si consternante connerie cosmique et posons nous pour réfléchir deux secondes.
Ainsi donc, notre vaillant sénateur s'imagine que les internautes feraient confiance à l'état (qui perd régulièrement des informations sur ses administrés, ses contribuables, ses justiciables) pour conserver leur identité réelle en l'échange d'avatars référencés ? Il semble penser, avec une telle proposition, que jacky75 ou lordvoldemort35 vont faire les démarches nécessaire pour référencer leur magnifique blase internet auprès de l'autorité compétente ? Autorité qui sera certainement une Haute Commission machin-truc, phynancée en pure perte par nos impôts, et créée à l'occasion pour conserver dans ses petits registres la correspondance entre kevin93enforce de skyblog.fr et Kevin Martin, de Pantin.
C'est du plus haut comique ; ça, c'est pour la partie "spasmes de fou rire".
Hétéronymat, mutuelles de Guadeloupe et cri primal
Detraigne : un gagneur numérique
Pour la partie "convulsion de rage", il suffit de lire le rapport, qui dit notamment :
alors que dans le monde réel, l'anonymat est la règle et le traçage l'exception, sur Internet, tous les actes de la navigation sont, par nature, enregistrés et mémorisés. L'enjeu, pour les Etats, consiste donc à réguler l'usage d'Internet afin d'y garantir, dans des conditions similaires à celles prévalant dans le « monde réel », le respect du droit à la vie privée, en vertu du principe de neutralité technologique.

Il s'agit ni plus ni moins que d'un non-sequitur. En effet, le fait que les actes de navigation soient par nature enregistrés (ce qui est faux, d'ailleurs) ne constitue pas une raison, une cause ou une motivation pour les états de réguler l'usage d'internet. Force est de constater que l'Internet se débrouille fort bien sans. Et j'irai même plus loin : la phrase est parfaitement consternante de mauvaise foi. Puisque, par nature des actes de navigation, l'anonymat réel ne semble pas possible sur Internet, dixit Detraigne, je ne vois pas pourquoi l'Etat a besoin de proposer l'hétéronymat puisqu'à le lire, justement, l'anonymat n'existerait pas !
Bordel, mais c'est complètement incohérent, ça !
Non, à l'évidence, ce qui déclenche des prurits anaux à nos parlementaires est que, précisément, Internet permet à n'importe qui d'exprimer son avis et de rendre cet avis bien plus anonyme que ce que permet le monde réel, déjà entrelardé de petites lois chafouines destinées justement à pouvoir tomber à bras raccourcis sur qui exercera vraiment sa liberté d'expression. Pour rire, tentez de faire un journal ouvertement antisémite en France. Tentez de faire la publicité ouverte pour des systèmes d'assurance maladie totalement privés. Essayez, pour voir, de faire un livre ou deux sur les passés sulfureux de nos élites énarquiennes. Mieux : reprenez les textes de Desproges ou Le Luron d'il y a 20 ou 30 ans et collez-les dans la bouche d'un comique actuel. Il n'y a aucune chance que l'humoriste ne soit pas immédiatement cloué au pilori par la HALDE, par exemple.

Pour le sénateur Detraigne, «La liberté d’expression est une valeur importante, mais ça n’est pas pour autant qu’il faut pouvoir propager n’importe quoi. ». Notez la proximité des mots "sénateur" et "n'importe quoi". Ce n'est pas un hasard. En France, la liberté d'expression n'est plus que le plus petit dénominateur commun des thuriféraires du politiquement correct.
Et pourquoi diable veut-on si absolument savoir qui écrit quoi sur qui ? Pourquoi tant de petits mouvements en coulisse, depuis DADVSI en passant par HADOPI ou les idées de label-qualité pour les blogs qui fricoteraient avec le journalisme (oh !), et en terminant sur ces misérables coups de poker technophobes, pour museler l'internaute ?
Probablement parce qu'Internet permet aussi à certaines affaires de prendre de l'ampleur.
Ici même, j'ai déjà évoqué les problèmes des sous-marins pakistanais ; la création d'un site spécifique consacré au Karachigate et le buzz qui entoure ces malversations doit profondément enquiquiner l'Elysée.
Et alors que cette affaire est en passe de prendre un certain volume, le palais présidentiel aura fort à faire pour étouffer la gabegie guadeloupéenne qu'on apprend, là encore, au détour d'un site Internet.
Si en plus on se rend compte que ces foutus blogueurs transmettent méchamment des informations contre-productives pour le gouvernement, comme par exemple le fait que les Français sont majoritairement hostiles au vol pur et simple à l'emprunt nationaâaâal , on comprend la pulsion impérieuse qui s'empare des dirigeants pour museler tout cela.
On ne peut bien sûr que leur souhaiter le plus cuisant échec.

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