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Godwin et ses amis : petit point sur les points

Publié le 29 juin 2009 par Francisbf

Le jargon des usagers d'internet est fleuri d'expressions exotiques et pittoresques, qui enchantent le linguiste de passage autant que l'orthographe utilisée le désole parfois.

Cependant, toutes ces expressions ne sont pas toujours comprises ni même connues des usagers occasionnels, et c'est à leur intention qu'est écrit cet article, consacré aujourd'hui aux « points ».

Car internet est d'abord le jouet des gamers, autrement dit un troupeau décérébré de neuneus pour lesquels la compétition fait loi, compétition qui seule apporte un intérêt à une discussion, quel qu'en soit le sujet.

Mais ils sont mignons quand même, hein.

Bref. Dans toute conversation internet, le but ( le plus souvent inconscient) est de marquer un maximum de points, et ce en jalonnant sa conversation d'allusions clichés, ou « points », de la manière la plus naturelle qui soit (généralement sans y penser, sinon c'est tricher).

Le point le plus connu des profanes est le Point Godwin, marqué quand, au cours d'une discussion sur un sujet qui n'a rien à voir, on parvient à citer Hitler, les nazis ou le fascisme (en règle générale, pour accuser l'adversaire interlocuteur d'être un gros facho qui n'a pas les mêmes idées que vous).

C'est loin d'être le seul point marquable dans une conversation internet.

Il y a également le point M (Mezcal ou Monty Pythons), marqué lorsque l'on démontre, preuve à l'appui, que le sujet de la discussion a déjà été traité par les Monty Pythons (d'ailleurs, les Monty Pythons ont tout inventé).

Le Point Caré a été marqué définitivement par Grigori Perelman, qui a démontré que V étant une variété compacte à 3 dimensions sans bord, il était possible que le groupe fondamental de V soit trivial bien que V ne soit pas homéomorphe à une sphère de dimension 3, ce qui est balèze, reconnaissons-le (un peu d'honnêteté intellectuelle, que diable). On ne le décerne plus aujourd'hui qu'au personnes citant de manière rigoureuse le neuvième président de la Troisième République Française.

Le Point exe est très mal vu, parce qu'il a tendance à propager des virus. On le boycotte.

Le Point Tillieux se marque en reprenant son interlocuteur sur une citation de Gil Jourdan, en précisant l'album, la page, la case, et la date de première publication de la citation, ainsi que la cotation actuelle de l'album au BDM.

Le Fulguro-point est marqué quand on lance un argument destructeur, qui clôt le débat de manière brutale et efficace. Souvent marqué à l'époque de VanVeen, on le voit de moins en moins sur parano, voire jamais (1).

le Point G est atteint quand la communion intellectuelle est totale entre les interlocuteurs, qui ressentent alors un sentiment de jouissance absolue. On ne le voit jamais non plus.

Le Point Sonnet des Lilas est obtenu assez rarement, vu qu'il nécessite d'improviser au cours de la conversation un petit poème en quatorze vers à la gloire de cet arbrisseau qui sent bon(2).

Le Point Poin Poin Poin est le plus facile à marquer : il suffit de faire une blague qui tombe complètement à plat et est ignorée par l'ensemble de la communauté. Il y a de grandes chances que cet article suffise à marquer ce point.

(1) Il me manque un super jeu de mot avec l'astéro-hasch, si vous avez.


(2) Par exemple :


J'ai un lilas dans mon jardin

Il ne sent pas le romarin

Il a une belle couleur lilas

Je le regarde, je n'm'en lasse pas.


J'ai un lilas dans mon jardin

Il embellit la niche du chien

Et couvre l'odeur de son caca

Décidément, que f'rais-je sans toi ?


Ô beau lilas, ne fane point !

Pour toi je donnerai un rein

Quand bien même ça n'rimerait à rien


Tu n'as pas de risque de diabète

Après tout tu n'es qu'une plante verte

Mais moi je t'aime, ça me rend bête.


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