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Rugby - Le ciel devient rouge

Publié le 17 mars 2008 par Rafousport

Ça y est! Le Tournoi des 6 Nations s'achève et on peut enfin peindre un portrait du rugby français et européen en période d'après coupe du monde!
Pas vraiment en fait. Ce tournoi a plus ressemblé à une année de transition pour la France et l'Angleterre, même si les deux grands rivaux de ces 10 dernières années concoctent des stratégies assez éloignées avec le même enjeu: devenir la meilleure nation du monde (rien que ça!).
Autre tendance lourde dont je parlais ici même il y a quelques semaines: le retour en grâce du Pays de Galles. Warren Gatland a redonné confiance au rugby Gallois, forcément déçu d'une coupe du monde ratée. Hier ils ont remporté leur 2ème Grand Chelem en 4 ans pour le plus grand plaisir du peuple de Cardiff.
Et emportés par la fougue:
Il est d'abord convenu de revenir sur le match d'hier, qui était décisif pour l'issue du tournoi et pour lequel le staff du XV de France avait choisi de rappeler des "anciens". Avec la charnière de la fin de l'ère Laporte Elissalde-Skrela, la France se rendait à Cardiff pour gagner, dans un premier temps, et ensuite espérer remporter le tournoi. On a eu cette drôle d'impression que les entraîneurs français ont mis entre parenthèses leur dépoussiérage et leur ambition de grand jeu pour tenter de finir sur un bilan positif qui les laisserait à l'abri des critiques.
Mais voilà l'équipe de France a été étouffée par l'étreinte Galloise. Symbole de cette pression subie sur le terrain et par le public, Skrela a eu du mal assurer ses coups de pied. Difficile alors de souffler et d'aller jouer chez les Rouges. Les Bleus maintiennent l'écart stable jusqu'à la mi-temps (9-6) et la vilaine faute d'Henson - qui lui vaut un carton jaune - redonne même l'espoir d'un essai rapide, en début de seconde mi-temps pour mettre le train en marche. Ce sont pourtant les français qui craquent après la pause et non le contraire. Shane Williams profite même d'une perte de balle entre Skrela et Jauzion pour aller marquer un essai assassin alors que le score était alors parfaitement neutre (9-9).
La France ne s'en remettra pas et encaisse même un essai de l'autre Williams, Martyn. Le 3ème ligne était lui aussi un des symboles du renouveau des Dragons, lors du Grand Chelem de 2005. C'est donc bel et bien le Pays de Galles qui remporte ce match avec près de 20 points d'écart (29-12)... ces 20 points de plus que devaient marquer les Bleus pour emporter le tournoi.
Néanmoins la défaite n'est pas du tout surprenante étant donné le comportement de l'équipe de France qui arrivait pour ce dernier match avec très peu de repères. Une victoire à l'envie face à l'Écosse et deux accrochées contre Irlandais et Italiens, sans oublier la leçon de réalisme donnée par l'Angleterre: cela fait peu pour espérer un succès final. Malgré les 11 essais marqués par les coéquipiers de Nallet au cours de la compétition, la France finit à une décevante 3ème place.
Si rien ne bouge...
Évaluer à ce jour le niveau de l'équipe de France est une tâche complexe, mais lorsque l'on voit le travail effectué par Gatland et le spectaculaire rétablissement Gallois, on ne peut que s'interroger sur celui du staff de Marc Lièvremont.
Il est intéressant de voir que chacun a sa chance en équipe de France et cela à chaque match. En revanche la non-valorisation des performances de certains joueurs (Rougerie, Heymans, Bonnaire) paraît plus discutable. De plus Médard, Saubade, voire Caballero ou Courrent semblent avoir été oubliés par les sélectionneurs. Tous ces joueurs auront pourtant moins de 30 ans lors de la prochaine coupe du monde, il est donc tout à fait envisageable de les voir performants à ce moment là.
Plus inquiétant que les choix des joueurs qui prêtent parfois à des polémiques vaines, il est difficile de parler du jeu français. Jeu au pied inexistant en début de tournoi, puis utilisé comme arme offensive contre l'Italie, colmatages pour consolider une mêlée défaillante pendant toute la durée du tournoi, les intentions des Bleus sont encore très brouillonnes. Les seules certitudes concernent la prépondérance du jeu des lignes arrières, l'envie d'avoir une troisième ligne allégée et un ouvreur au profil proche d'un centre.
Un peu comme Paul Le Guen le fait avec le PSG en football, le trio de sélectionneur du XV de France joue la carte du long terme pour se donner du temps. La stratégie a déjà l'intérêt de calmer le jeu: on est maintenant dans l'obligation d'attendre au moins un ou deux ans pour juger véritablement du projet mis en place. Le pari est donc osé et les nombreux croquis dessinés par "Lièvrement and Co." doivent absolument servir à bâtir une équipe et un fond de jeu dans les mois à venir. Après la très bonne période dans le tournoi des 6 Nations sous Bernard Laporte (4 tournois en 8 participations dont 2 Grands Chelems), pas sûr que les amateurs de rugby en France laissent l'Angleterre et le Pays de Galles se disputer le tournoi jusqu'en 2011...
Car le Pays de Galles peut très sérieusement espérer venir titiller les deux meilleures nations du Nord dans les prochaines années. Avec un réservoir de joueurs talentueux et complémentaires parmi lesquels Martyn Williams, Ryan Jones, Shane Williams, James Hook, Gavin Henson, Stephen Jones ou encore Mike Philipps et Tom Shanklin, le XV du poireau a de quoi se replacer comme une nation majeure du rugby mondiale.
Deplus le Pays de Galles a ce petit quelque chose qui rend son rugby savoureux: en 2005 ils remportaient le tournoi en écrasant la compétition avec un rugby champagne, offensif, créatif et ultra joueur; aujourd'hui ils sont à nouveau récompensés mais cette fois-ci pour leur ténacité et leur maîtrise. Toujours tourné vers l'avant et perce-muraille, leur jeu paraît cette année plus construit et prospère qu'il ne l'était en 2005. Avec (au moins) 2 excellents ouvreurs et buteurs que sont Hook et Stephen Jones, l'émulation dans le groupe semble aussi être une nouveauté payante depuis l'arrivée de Gatland. Il faut donc saluer la performance de cette équipe qui a mérité son titre comme elle le méritait il y a 3 ans.
Les choses sont beaucoup plus compliquées pour l'Irlande et l'Écosse. Les premiers étaient tout proches d'un succès de prestige face à la France mais pataugent, dans la lignée d'une coupe du monde complètement manquée. Le "trèfle" doit maintenant faire face à un renouvellement de génération qui semble douloureux et compliqué.
Le XV du "chardon" a bien mal fini ce tournoi avec une courte - mais amère - défaite en Italie (23-20) qui la place au même nombre de points que les "Azzuri". La victoire surprise face à l'ennemi anglais ne cache finalement pas les difficultés récurrentes de l'Ecosse ces dernières années.
Rendez-vous l'an prochain avec - on l'espère - une France toujours aussi joueuse mais plus tranchante et capable de se hisser au sommet de la hierarchie Européene. En attendant si rien ne bouge, le ciel devient rouge...
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